Qui pleure Gaza ? !
Gaza n'est plus un simple titre de guerre éphémère, mais un miroir d'une tragédie humaine et politique prolongée, où se résument les significations de l'impuissance internationale et la contradiction entre le discours humanitaire et la réalité sur le terrain. Après que les bruits des bombes se sont calmés, la catastrophe n'a pas cessé. Ce qui reste n'est pas une "fin de guerre", mais le début d'une nouvelle phase de l'extermination lente, nourrie par la destruction, l'isolement, la famine et l'épuration de la mémoire.
Les chiffres ne sont pas de simples statistiques horrifiantes, mais des cartes d'absence. Environ 92 % des écoles à Gaza ont été complètement ou partiellement fermées selon les rapports de l'UNESCO et d'UNOSAT, ce qui signifie qu'une génération entière d'enfants a perdu son droit à l'éducation. Avec cela, les espaces de jeu, de rêve et d'espoir ont disparu. Quant à l'agriculture, qui était l'un des piliers de la vie dans la région, elle a été réduite à néant ; 97 % des arbres fruitiers et 82 % des cultures annuelles ont été détruits, selon les données du Programme des Nations Unies pour l'environnement. Il n'y a plus rien à cultiver sur cette terre, ni rien à récolter à l'horizon, à part des cendres.
En toile de fond de cette destruction, se dresse le chiffre le plus accablant : au moins 20 000 enfants ont été tués durant la guerre, et des milliers d'autres ont été blessés ou ont perdu des membres. Ils ne sont pas des chiffres éphémères dans les données des Nations Unies, mais des visages d'histoires racontées dans le sang, et de générations déracinées avant même de pouvoir germer. Ce n'est pas un "dommage collatéral" comme le décrivent certains médias occidentaux, mais une destruction systématique de l'avenir d'un peuple entier.
Quant à la "paix" que certains politiciens et journalistes promeuvent, c'est une paix formelle qui vise à fermer le chapitre de la tragédie sans responsabilité. La trêve annoncée n'a pas arrêté la mort ; les assassinats et les violations israéliennes se poursuivent, et le siège continue de serrer son emprise sur chaque artère de la vie. Même l'aide humanitaire qui entre dans la région est utilisée comme un outil de pression politique, répétant ce que des organisations internationales ont décrit comme "l'armement de la nourriture".
Parallèlement, la guerre des narrations s'élargit. Des centaines de millions de dollars sont aujourd'hui dépensés pour des campagnes publicitaires numériques visant à embellir l'image de l'occupation et à déformer le récit des victimes. De grandes entreprises de marketing numérique, financées directement par des institutions israéliennes et américaines, travaillent à la diffusion de contenus biaisés sur les réseaux sociaux pour justifier ou nier les crimes. En même temps, les voix palestiniennes ou solidaires sont réduites au silence sous des prétextes d'"incitation" ou d'"antisémitisme". C'est une guerre sur la conscience qui n'est pas moins féroce que la guerre sur le terrain.
Cette réalité révèle que ce qui se passe n'est pas une "fin de conflit", mais une reproduction d'un ancien projet de déplacement. Les déclarations officielles israéliennes parlent clairement de "l'impossibilité du retour des habitants de Gaza à leurs maisons" et de "l'encouragement de l'immigration volontaire" – des expressions qui se traduisent dans les faits par une politique d'expulsion collective et de dépeuplement démographique calculé. La paix, dans cette équation, n'est pas une réconciliation entre deux peuples, mais un faux sentiment de tranquillité pour une puissance occupante cherchant à consolider sa victoire morale sur les ruines des victimes.
La vérité est que toute opération de reconstruction qui ne repose pas sur la justice et la responsabilité se transformera en un vernis esthétique sur une plaie ouverte. La reconstruction n'est pas une question de ciment et de fer, mais un retour au droit à la vie, à la dignité, à l'éducation et à la mémoire. Et cela ne peut se réaliser tant que le siège, la discrimination et la punition collective persistent.
Aujourd'hui, Gaza met à l'épreuve la conscience humaine mondiale : peut-il y avoir une "paix" sans reconnaissance d'un crime continu ? Peut-on reconstruire une ville sans restaurer la dignité de ses habitants ?
Tant que le cercle de l'ignorance ne sera pas brisé, les décombres seront la seule langue restante. Et Gaza – malgré la destruction – restera un témoin vivant que le monde a vu, s'est tu, puis a prétendu ne pas avoir vu.
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