Les forces internationales à Gaza : entre protection de l'occupation et atteinte à la souveraineté palestinienne
Aujourd'hui, l'idée de déployer des forces internationales à Gaza est à nouveau évoquée, comme si le monde n'avait rien appris de son histoire. Après l'incapacité d'Israël à atteindre ses objectifs de guerre, de destruction, d’extermination et de déplacement, et après la chute de son image morale dans le monde face au spectacle de la ruine, cette proposition est présentée comme un "plan humanitaire" pour protéger les civils. Pourtant, son essence véritable est la réinvention du contrôle israélien par des moyens doux, sous le couvert de la légitimité internationale.
Depuis la création du système international moderne, aucune force multinationale n'a été connue pour intervenir sur un territoire occupé afin de protéger son peuple de l'occupation. Elles ont toujours protégé le statu quo et lui ont donné une apparence légale. L'expérience du Liban avec "UNIFIL" est une preuve claire : sa présence n'a pas empêché les violations israéliennes continues jusqu'à présent, mais a constitué un écran pour celles-ci. Aujourd'hui, on veut que Gaza entre dans le même scénario où la sécurité des Palestiniens est retirée de leurs mains et où leur sort est confié à des forces qui n'ont pas la liberté de décision, tandis que l'occupation reste libre de toute contrainte.
On promeut un projet dont l’objectif déclaré est la stabilité, mais quelle stabilité peut être établie alors que l'occupation est maintenue et le siège persiste ? Ce qui est visé est la stabilité de l'occupation, non celle du peuple palestinien, et la répression de la résistance palestinienne, non la protection des civils. De plus, l'intégration de troupes arabes ou turques dans cette formation n'est rien d'autre qu'une tentative d’embellir le régime de tutelle pour qu'il apparaisse sous des traits "amicaux", tandis que la décision reste entre les mains des capitales occidentales, détenue par Trump (Netanyahu) et Tony Blair.
Le plus grand danger est que la proposition se limite à Gaza sans la Cisjordanie et Jérusalem, ce qui n'est pas une coïncidence mais une base politique visant à séparer les composantes géographiques et politiques de la Palestine et à transformer la question en deux dossiers séparés : Gaza "internationale" et Cisjordanie "colonisée". Ainsi, la base de la reconnaissance internationale de la Palestine en tant qu'État unique aux frontières de 1967 serait ébranlée. Si cette séparation se réalisait, elle redéfinirait la Palestine comme une entité divisée, dépourvue de souveraineté, et accorderait à l'occupation le temps suffisant pour engloutir le territoire et poursuivre son projet colonial.
Ce qui se passe n'est pas une initiative de paix mais un processus de sauvetage de l'occupation après son échec militaire, et les États-Unis s'efforcent de transformer la défaite israélienne en succès politique sous couvert international. Ils gèlent le tir de roquettes et le meurtre d'enfants qui ont isolé Israël et l'ont rendu un État exilé, et ils fige l'idée de résistance, accorde à Israël un nouveau délai pour la colonisation et le déplacement des gens par le biais du non-approvisionnement de moyens de subsistance et du siège continu, tout cela sous le slogan de paix et sous la supervision des "forces internationales" dirigées par Trump. Ainsi, la victime se transforme en accusée et l'agresseur devient celui qui a besoin de protection.
La véritable décision qui doit être prise n'est pas d'envoyer des armées étrangères, mais de mettre fin à l'occupation, de lever le siège et de rendre des comptes aux responsables des crimes. La justice est le seul garant de la sécurité, tandis que la tutelle n'est rien d'autre qu'une continuation de la guerre par d'autres moyens.
Face à tout cela, les Palestiniens n'ont pas d'arme plus efficace que leur unité, et la division est la brèche par laquelle s’infiltre tout projet de déconstruction. L'unité est la seule condition pour toute dignité ou souveraineté. L'unité de la décision et de la position n'est pas un choix tactique, mais une question de survie : soit on reconstruit la direction sur une base nationale unifiée, soit on laisse le champ libre à toute tutelle étrangère pour décider à leur place.
Les forces internationales ne protégeront pas Gaza, car ceux qui ont besoin de protection sont les gens contre l'occupation, non l'occupation contre le peuple. Les habitants de Gaza, qui ont affronté la mort et sont sortis des décombres, n'ont pas besoin de gardes étrangers mais de liberté totale et de véritable justice. Lorsque la main de l'occupation se retire, le prétexte de l’arme et du siège s'effondre automatiquement.
Gaza ne sera pas gérée de l'extérieur et la Cisjordanie ne sera pas séparée d'elle. C'est une patrie unique et une direction palestinienne élue qui ne saurait être fragmentée ni acceptée sous tutelle. Tout projet qui ne commence pas par mettre fin à l'occupation est un projet pour la pérenniser, peu importe son nom ou son étendard.
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