Gouvernance des institutions et lutte contre la corruption en Palestine : entre devoir national et engagement international
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Gouvernance des institutions et lutte contre la corruption en Palestine : entre devoir national et engagement international

Article analytique sur la gouvernance et les défis de la réforme institutionnelle en Palestine

L'État palestinien, depuis sa création, fait face à de profonds défis liés à la construction d'institutions efficaces capables de gérer les ressources publiques et de réaliser la justice sociale.

Dans un contexte d'occupation continue, de division politique et de pressions économiques et internationales, la question de la gouvernance des institutions nationales et de la lutte contre la corruption est devenue un sujet central dans le discours de développement et politique palestinien.

Bien que le discours international associe souvent la gouvernance à des conditions de financement et d'aide, la réalité palestinienne révèle que l'amélioration institutionnelle et la transparence sont des exigences nationales authentiques pour assurer la résilience et l'indépendance politique et économique.

La bonne gouvernance est un pilier national, pas un terme importé

Parler de gouvernance ne signifie pas seulement lutter contre la corruption, mais va au-delà pour garantir une gestion saine des affaires publiques qui assure transparence, responsabilité et égalité des opportunités.

Elle est au cœur de l'État moderne, fondement de la confiance entre le citoyen et le responsable, et moyen de protéger le projet national contre l'érosion interne.

Dans le cas palestinien, où règnent l'occupation, la division et les pressions financières, la gouvernance devient une nécessité pour la survie, pas juste une option organisationnelle.

En effet, des institutions fortes et transparentes sont la première ligne de défense contre le chaos, et elles veillent à ce que le citoyen ait le droit à des services, à la justice et à la dignité.

Les défis de la gouvernance dans le contexte palestinien

Le système institutionnel palestinien fait face à un ensemble de défis structurels et politiques qui entravent l'application des principes de gouvernance efficace :

- La division politique et institutionnelle entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, qui a affaibli l'unité de la référence légale et administrative.

- La dépendance à l'égard des aides extérieures souvent assorties de conditions liées à la réforme et à la transparence.

- La faiblesse de la responsabilité interne et le chevauchement des pouvoirs entre les autorités exécutives et législatives.

- L'absence de rotation démocratique du pouvoir et le report des élections générales depuis de longues années.

Ces facteurs réunis ont fait de la gouvernance des institutions et de la lutte contre la corruption une question existentielle, non pas simplement une exigence réformatrice.

La corruption, un ennemi insidieux qui ronge le corps de l'État

Les expériences des dernières années ont prouvé que la corruption n'est pas moins dangereuse que l'occupation, car elle épuise les ressources, affaiblit la confiance des citoyens et ouvre la voie au clientélisme et au népotisme.
Les Palestiniens en ont pris conscience très tôt, c'est pourquoi une Autorité de lutte contre la corruption a été créée, et une stratégie nationale d'intégrité et de lutte contre la corruption a été adoptée, visant à la prévention, à la détection et à la responsabilité, tout en diffusant une culture de l'intégrité dans les écoles, les universités et les médias.

Mais le véritable défi ne réside pas dans l'existence de lois ou d'institutions, mais dans leur application pratique et l'activation de la surveillance populaire et communautaire, afin que la lutte contre la corruption devienne un comportement général et non de simples mesures officielles.

Entre exigence nationale et exigence internationale

On ne peut nier que les donateurs et les institutions internationales - comme la Banque mondiale et l'Union européenne - conditionnent la poursuite du soutien financier à la mise en œuvre de normes de gouvernance, telles que la transparence financière, l'indépendance de la justice et l'intégrité des recrutements publics.

Cependant, ces exigences ne sont pas en contradiction avec l'intérêt national, mais peuvent représenter un levier pour la réforme interne si elles sont utilisées avec intelligence nationale.

"Le danger ne réside pas dans l'existence de normes internationales, mais dans leur transformation en imposées à réaliser formellement sans conviction interne."

Ce qui est requis, c'est que la gouvernance soit une conviction nationale qui émane du système politique et de la société, non pas un simple "passeport" pour obtenir un nouveau financement.

Gouvernance et réforme comme chemin vers l'indépendance

Certains peuvent penser que parler de réforme administrative et financière sous occupation est secondaire, mais la vérité est que construire des institutions intègres et fortes fait partie du projet de libération lui-même.
Il est impossible de parler d'un État indépendant sans des institutions transparentes, sans souveraineté sans justice interne, et sans développement sans efficacité dans la gestion des finances publiques.

Lorsque nos institutions sont fortes, nous sommes plus en mesure de faire face à l'occupation, d'attirer le soutien international avec confiance, et, surtout, de servir le citoyen palestinien qui attend justice et égalité dans la fourniture des services.
 

La réforme commence de l'intérieur

Réaliser une gouvernance effective nécessite une volonté politique et une réforme administrative et culturelle intégrée.
Il est peut-être nécessaire de mettre en œuvre les étapes pratiques suivantes :

* Unifier le système juridique entre la Cisjordanie et Gaza pour mettre fin à la redondance institutionnelle.
* Renforcer l'indépendance de la justice et des organismes de contrôle financièrement et administrativement.
* Élargir la surveillance communautaire et médiatique sur les finances publiques et les projets gouvernementaux.
* Adopter la transformation numérique et la gestion électronique pour réduire la bureaucratie et la corruption.
* Ancrer une culture d'intégrité dans l'éducation et les médias publics.

Recommandation finale

Entre l'exigence nationale et l'exigence internationale, l'image se clarifie :

Les deux se rejoignent à un point - l'intérêt de la Palestine.

Mais la différence réside dans la direction :

Si la gouvernance nous est imposée, elle est un fardeau,
tandis que si elle émane de notre volonté nationale, elle devient l'emblème de l'État à venir.

La lutte contre la corruption n'est pas la mission d'une autorité ou d'un ministère, mais un projet national inclusif auquel tous participent, du citoyen aux niveaux les plus élevés de la décision.

Lorsque la transparence devient une culture et la responsabilité une pratique, la gouvernance se transforme d'un slogan administratif en pilier de la construction de l'État palestinien libre et juste.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.