
Vers une vision nationale qui transforme le "cessez-le-feu" en fin de l'occupation
L'accord de cessation des hostilités, parrainé par l'administration Trump, n'est plus la fin de la tragédie à Gaza, mais le début d'une phase plus complexe et délicate, où se croisent les intérêts des puissances régionales et internationales, tandis qu'Israël tente de consolider de nouveaux faits politiques et sécuritaires garantissant le maintien de son contrôle sans en assumer les conséquences de l'occupation. Au cœur de cette scène se pose la question centrale : que peuvent faire les Palestiniens et selon quelle vision pour freiner les plans coloniaux et agressifs israéliens, ainsi que tenter de percer le mur de la position internationale, surtout pour protéger l'unité de l'entité nationale et empêcher Tel-Aviv de la fragmenter ?
Israël : Renforcement de la domination sécuritaire et consécration de la division
Le gouvernement israélien en guerre traite la cessation des combats comme une occasion de consolider ce qu'il n'a pas pu réaliser militairement en imposant l'équation "calme contre sécurité d'Israël", s'efforçant de transformer Gaza en une entité isolée de l'entité nationale, otage de la domination sécuritaire, et soumise à son agenda d'assistance, d'hébergement, de reconstruction et de destin national. Parallèlement, il continue de contraindre l'Autorité palestinienne à un rôle administratif marginal en Cisjordanie, approfondissant la division géographique et politique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. L'objectif déclaré et réel d'Israël est d'imposer une tutelle sécuritaire permanente, sous le couvert international ou régional, avec la poursuite de la colonisation et de la politique d'annexion, garantissant ainsi l'enterrement de l'idée d'un État palestinien indépendant et du droit au retour selon la résolution 194 et l'initiative de paix arabe.
Au moment où Hamas accepte de sortir du pouvoir, il s'efforce d'empêcher l'élimination de son rôle, consciente des limites de cela après la guerre. Elle est prête à accepter des arrangements qui lui permettraient de se retirer du pouvoir public tout en conservant un rôle indirect dans la gestion de la bande. Elle pourrait chercher à maintenir son arsenal comme symbole de dignité et de statut national. Cette approche ne peut se poursuivre sans un accord national large qui redéfinisse la fonction sécuritaire et politique de l'armement. Hamas a bien agi en renvoyant les questions de nature nationale à la nécessité d'élaborer une position nationale large à leur sujet, mais est-ce qu'une simple formulation d'une telle position, sans accord sur un cadre national exécutif plaçant la décision nationale dans un cadre institutionnel unifié, peut transformer le camp palestinien en un acteur influent capable de défendre cette vision et de suivre son application ? Et une simple commission d'experts à rôle et pouvoirs limités peut-elle y parvenir ? Sans oublier les exigences d'empêcher l'isolement, l'accaparement et l'exclusion. Il est devenu nécessaire de libérer la société des calculs factionnels étroits qui font obstacle à l'avenir de la cause, tout en reconnaissant les sacrifices de tous dans le parcours de la lutte nationale, et le lourd prix payé par le peuple palestinien dans cette lutte.
Le retour de l'Autorité à Gaza nécessite un consensus
L'Autorité palestinienne fait face à un test existentiel ; elle ne peut pas retrouver son rôle dans la bande de Gaza sans un consensus national complet et des mécanismes de gouvernance institutionnelle capables de gérer la prochaine étape et d'échouer les plans israéliens. Il est nécessaire de formuler un projet national unifié basé sur l'unité de décision et d'institutions, comme stipulé dans la Déclaration de consensus national à Pékin, et d'ouvrir la voie à la restauration de la confiance tant intérieure qu'internationale, en préparation d'élections générales et complètes dans un cadre temporel convenu, et de rassembler le soutien international pour elle comme une entrée pour exercer le droit à l'autodétermination.
Les intermédiaires : des rôles limités sans consensus palestinien
Les intermédiaires s'activent pour garantir le respect de la déclaration de fin de guerre, mais leur capacité à assurer l'exécution est limitée sans un cadre international et un mécanisme de surveillance contraignant, et surtout sans une position nationale unifiée supervisée par un gouvernement d'accord qui récupère le contrôle sur les questions de sécurité, d'armement et de reconstruction selon une vision centrée sur la réalisation de l'indépendance nationale et non la séparation de la bande de l'entité unitaire.
Washington : Un parti pris constant et une faille possible
L'administration américaine, sous la direction de Trump, ne cache pas son parti pris en faveur d'Israël et traite le dossier palestinien comme une question sécuritaire. Cependant, elle est consciente que la poursuite du conflit menace la stabilité régionale et ses intérêts. La faille palestinienne réside dans le discours de l'intérêt et non de l'oppression : élaborer une proposition pratique qui relie la stabilité régionale à une solution politique globale. Il est nécessaire d'unifier le discours national et de l'intégrer dans les équations de l'opinion publique américaine à travers le Congrès, les centres de décision et les médias.
Europe : Un champ d'action vivant propice au partenariat
L'Europe est considérée comme le champ d'action le plus vivant pour le mouvement palestinien. L'empathie populaire n'est plus seulement une question d'éthique, mais commence à se transformer en des positions politiques de la part de certains gouvernements et parlements. Le défi est de transformer le financement et la reconstruction en outils de pression politique, et de relier le soutien européen à la fin de l'occupation, à l'arrêt de la colonisation et à la reconnaissance de l'État de Palestine. Le discours droitier et légal est la clé de la diplomatie palestinienne sur les scènes officielle et populaire, incluant également l'activation de la pression européenne sur Washington dans le contexte des intérêts changeants entre eux.
La position arabe et l'avenir de la normalisation
La guerre a révélé l'inapplicabilité du concept de "normalisation contre la stabilité". Tout parcours arabe vers Israël qui ne repose pas sur un engagement clair envers l'initiative de paix arabe et sur la centralité de la fin de l'occupation ne fera que renforcer la domination israélienne et compromettre les chances de paix. Il est donc nécessaire d'adopter une position arabe collective qui redéfinisse l'initiative comme un outil de pression, conditionnant tout progrès dans les relations à un retrait clair et à un calendrier pour mettre fin à l'occupation, et à l'activation d'un mécanisme arabo-européen pour surveiller tout accord ultérieur.
Que faut-il au niveau national ?
Tout d'abord : reconstruire le système politique palestinien sur la base d'un consensus national complet selon la Déclaration de Pékin, et hâter la formation d'un gouvernement d'unité nationale suivant la vision d'unité de la patrie et des institutions du peuple palestinien, et d'un Conseil national consensuel qui détermine la référence politique et sécuritaire et redéfinit les fonctions de la résistance dans le cadre de la décision collective.
Deuxièmement : activer le chemin de la responsabilité internationale par le biais de la Cour pénale et de la Cour internationale de justice, avec une campagne de droits de l'homme et médiatique organisée liant les crimes de guerre à Gaza à la nécessité de mettre fin à l'occupation en Cisjordanie.
Troisièmement : renforcer le partenariat avec les forces de solidarité internationale pour transformer l'empathie populaire en une pression politique et institutionnelle durable sur les gouvernements occidentaux.
Garanties pour éviter le retour de l'agression
La priorité devrait être d'offrir des garanties pratiques incluant : une surveillance internationale permanente sur le cessez-le-feu et les violations par des rapports publics contraignants ; créer une force de protection civile multilatérale sous l'égide de l'ONU ou d'un partenariat arabo-européen ; et lier toute coopération internationale avec Israël à son engagement envers le droit international et l'arrêt des pratiques d'occupation.
Transformer la solidarité en volonté internationale
La guerre a prouvé que les Palestiniens, malgré la destruction, détiennent l'initiative morale. Il est nécessaire de transformer cette légitimité en une vision politique qui s'adresse à Washington dans le langage de l'intérêt, à Bruxelles dans le langage du droit et de la justice, aux Arabes dans le langage de l'engagement collectif, et au peuple dans le langage du partenariat et de la dignité. Ce n'est que lorsque l'action nationale est unie et que la politique est gérée dans l'esprit des intérêts supérieurs que l'on pourra transformer la déclaration de Charm el-Cheikh de cessation des combats en une voie ouvrant la route vers la liberté et l'État, et non en une pause avant un autre round de sang.

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