Démilitarisation sans compromis : une recette ouverte pour la durabilité de la guerre à Gaza
Les indicateurs politiques et sécuritaires provenant de Doha, notamment la réunion tenue par le commandement central américain concernant la "force internationale" à Gaza, convergent vers une seule conclusion : pas de percée réelle, pas de réponses pratiques, pas de consensus international sur lequel bâtir. Selon les médias, la réunion n'a pas été décisive ni fructueuse par rapport aux attentes de l'administration américaine, et le refus de plusieurs pays de participer a constitué un signal clair sur la fragilité de l'idée elle-même et la profondeur de la division internationale à cet égard.
Du point de vue israélien, ces indicateurs apparaissent extrêmement négatifs. Israël insiste pour réduire le rôle de toute force internationale potentielle à une seule question : le désarmement de Gaza. Cependant, en même temps, elle ne cache pas sa méfiance à l'égard de ces forces, affirmant pratiquement qu'elle est la seule capable – ou habilitée – à mener cette mission, même si cela implique un retour à la guerre ou l'imposition d'un plan d'épuisement à long terme. La conséquence directe de cette orientation est la pérennisation de la situation existante à Gaza : pas d'arrêt effectif des hostilités, pas de reconstruction, pas d'horizon politique.
Dans ce contexte, il devient clair que le désarmement en dehors d'un cadre de règlement politique global, dont le "Hamas" serait une partie essentielle, n’est qu’un slogan creux. L'expérience, ainsi que les réalités sur le terrain, prouvent qu'une approche purement sécuritaire, détachée d'une solution politique réaliste, est vouée à l'échec. Si les positions d'Israël et de "Hamas" ne changent pas, et si les médiations ne parviennent pas à produire des solutions durables, la décision finale restera entre les mains de l'administration américaine, qui sera tôt ou tard contrainte de faire face à ce dilemme complexe, plutôt que de se contenter de le gérer.
Dans ce tableau, le gouvernement israélien continue de fuir en avant grâce à une politique d'assassinats. L'assassinat du dirigeant du "Hamas", Raed Saad, que Israël décrit comme l'un des planificateurs de l'attaque du 7 octobre et responsable de la réhabilitation de la branche militaire du mouvement, a été largement salué en Israël. Cependant, cette célébration cache en réalité les véritables intentions d'Israël : ne pas respecter l'accord et se soustraire à tout processus politique sérieux.
Même des analystes militaires israéliens reconnaissent que la mort de Saad ne constitue pas un coup décisif pour "Hamas". Le mouvement, malgré la perte d'une grande partie de sa direction supérieure et des pertes considérables, reste la seule partie capable de s'imposer à Gaza. Comme l'a écrit l'un d'eux : "Il n'y a personne à Gaza pour défier le Hamas, qui est rapidement revenu à être le maître sans concurrent", alors même que les États-Unis n'ont pas réussi à établir une force multinationale capable de prendre en charge la responsabilité sécuritaire ou d'imposer un processus de désarmement.
Selon des analystes israéliens, l'inquiétude monte en Israël avec l'émergence de l'alliance des "huit pays", qui comprend cinq pays arabes (Arabie saoudite, Égypte, Jordanie, Émirats, Qatar) et trois pays islamiques (Turquie, Pakistan, Indonésie). Cette alliance est considérée comme un phénomène nouveau dans les arrangements politiques régionaux, puisqu'elle relie des États qui ne sont pas géographiquement voisins, avec des orientations politiques et des intérêts variés.
Les racines de cette alliance remontent au sommet arabe-islamique à Riyad en novembre 2023, dans un geste exceptionnel visant à afficher une position unifiée concernant la guerre à Gaza, ce qui perturbe Israël et l'incite à s'employer activement à tenter de la démanteler.
Dans le même ordre d'idées, le différend s'approfondit entre Tel Aviv et Washington sur le rôle de la Turquie. Alors que des responsables américains estiment qu'Ankara devrait faire partie de la force de stabilisation, compte tenu de ses capacités militaires et de ses voies d'influence à Gaza, Israël considère cela comme une ligne rouge. De son point de vue, un acteur ayant des relations avec "Hamas" ne peut pas être classé comme une force de stabilisation, et son inclusion pourrait compromettre le cœur de l'objectif déclaré de la force internationale.
Ce différend reflète une crise plus large dans la vision : les États-Unis cherchent une gestion de la crise, tandis qu'Israël s'accroche à son entretien sous le prétexte de "sécurité".
Selon des analystes israéliens, il semble que la patience du président américain Donald Trump commence à s'épuiser. La visite prévue de Netanyahu s'inscrit dans un cadre politique de sablier visant à préparer le terrain pour une rencontre décisive entre eux. Washington souhaite s'assurer que Netanyahu est prêt à passer à la phase suivante du plan américain et quelles sont les limites de sa flexibilité concernant Gaza et la force internationale.
Du point de vue d'Israël, ce moment représente un test sur la manière de dire "oui" à un processus politique sans céder, même de manière formelle, sur les "lignes rouges" sécuritaires. Du point de vue des États-Unis, la question est plus simple et plus grave : Netanyahu est-il un partenaire fiable, ou un dirigeant qui préfère maintenir les fronts allumés ?
Il n'est plus possible de décrire ce qui se passe à Gaza comme un échec de la médiation ou une incapacité américaine à faire pression. Les données accumulées indiquent clairement que les États-Unis ne sont pas incapables de faire pression sur Israël, mais choisissent de ne pas l'exercer. Washington, qui dispose d'instruments de pression politiques, militaires et financiers sans précédent, continue d'accorder à Tel Aviv une marge de manœuvre ouverte pour saboter tout processus politique sérieux, sous des prétextes sécuritaires désormais évidents.
Israël, de son côté, s’efforce systématiquement de bloquer tout ce qui pourrait mettre fin à la guerre. Elle vide l'idée de la force internationale de son contenu, la réduit à la question du désarmement, puis remet en question son efficacité et exige de l'exécuter par la force, même si cela entraîne de nouveaux cycles de combats ou une guerre d'usure à long terme. Cela transforme chaque initiative politique en un outil de gestion de la guerre et non de sa cessation.
De plus, l'administration américaine fournit le couvert politique pour ce comportement, en continuant de parler de "planification calme" et de "paix durable", tout en permettant à Israël d'imposer de nouvelles conditions, de retarder le passage à la deuxième phase et de lier tout retrait à des critères ouverts dans le temps concernant le désarmement. Le plus inquiétant est que l'administration américaine est consciente que le désarmement de "Hamas" hors d'un règlement politique complet est une exigence peu réaliste, mais elle continue de le présenter comme un préalable, ce qui donne à Israël le prétexte parfait pour perpétuer l'occupation et la guerre.
Par conséquent, la prolongation de la guerre à Gaza n'est pas le résultat d'une mauvaise évaluation, mais le fruit d'un partenariat politique total : Israël refuse de mettre fin à la guerre, et les États-Unis s'abstiennent de l'y contraindre. Entre ce refus et cette abstention, Gaza est laissée entre les mains du meurtre, de la famine et de la destruction, tandis que le discours sur "la stabilité" est recyclé pour justifier la poursuite du crime.
Le gouvernement israélien n'est pas prêt à avancer dans un quelconque processus politique sérieux, ni à façonner le jour d'après ou à lancer un véritable processus de reconstruction de Gaza. Ce qui se passe n'est pas une quête de stabilité, mais une gestion consciente d'une guerre ouverte sous différentes formes et sans perspective, dont Israël et l'administration américaine portent la responsabilité directe.
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