Pourquoi Israël n'arrive-t-il pas à imposer une direction aux Palestiniens ?
Depuis les premiers jours de la guerre d'extermination contre Gaza, il était clair que la production et l'ingénierie du chaos étaient un objectif principal de la machine israélienne. Pour Israël, le chaos n'est pas un résultat secondaire, mais un outil politique et sécuritaire utilisé pour redéfinir l'environnement palestinien et déconstruire sa structure sociétale. Au cœur de cette ingénierie est apparue une tentative de fabriquer des façades palestiniennes "prêtes à l'emploi", dont les propriétaires sont présentés comme des alternatives de leadership ou des voix modérées parlant au nom de l'occupation.
Cependant, quels que soient les efforts pour les polir, ces visages s'effondrent, car Israël ne peut pas redéfinir le Palestinien à sa guise. Un peuple ne se construit pas dans les laboratoires de l'occupation, l'identité ne se reformule pas de l'extérieur, et la réalité est plus forte que toutes les opérations d'ingénierie politique.
Il n'est donc pas étrange qu'Israël s'efforce depuis des années de produire un modèle de Palestinien "traitable", une personnalité présentée comme une alternative de leadership capable de garantir le calme et de servir la vision de l'occupation pour le lendemain. Ces personnalités ne sont pas le résultat d'un besoin palestinien, mais un projet israélien visant à dépasser la représentation véritable du peuple et à fragmenter la société.
L'assassinat de Yasser Abu Shabab a été un signal de perturbation de ce projet. Il était l'un des visages les plus en vue de la collaboration avec l'occupation à Rafah, dépeint dans le discours israélien comme un candidat potentiel pour gérer le sud, ou comme une personne capable de combler un vide politique après la guerre. Mais le moment de l'annonce de son assassinat a révélé la fragilité de cette construction, car ce qui était considéré comme un "partenaire" ne possédait ni légitimité ni base locale réelle, ni protection dans un environnement qui comprend bien la signification de l'alignement avec l'occupation.
Depuis la diffusion de la nouvelle de son assassinat, une vague de récits contradictoires a éclaté : familiaux, tribaux, criminels, internes, chaque partie essayant de façonner l'événement en fonction de ses intérêts. Malgré la pluralité des récits, ils partagent un objectif commun : éloigner la responsabilité de l'occupation et nier la capacité de la résistance à exécuter l'opération derrière les lignes de contrôle israéliennes.
Le récit qui sert Israël plus que tout autre est simple : l'homme a été tué dans un "conflit interne", il n'y avait pas d'opération organisée, pas d'infiltration dans Gaza assiégée, pas d'échec dans la "zone tampon".
Cependant, ignorer le rôle de la résistance ou le minimiser ne change pas le fait que beaucoup à Gaza n'ont pas été surpris par son assassinat. Il était recherché par différentes entités : des familles affectées par les actions de son groupe, des éléments qui le voyaient comme une menace locale, et même au sein de sa tribu, certains ont exprimé leur honte face à son rôle longtemps. Tout cela reflète une réalité claire :
Aucune force n'est capable de protéger ceux qui choisissent de travailler sous l'égide de l'occupation.
Depuis des années, Israël essaie de créer des personnalités locales qui inspirent un pouvoir et une domination, et qui semblent adaptées à parler dans son langage politique et sécuritaire. Abu Shabab s'inscrivait dans ce contexte : armé, anti-Hamas, en dehors du cadre de l'autorité, présenté comme celui qui pouvait "maintenir la sécurité". Mais derrière cette description, la réalité était plus nue : son influence était un reflet direct de la présence de l'occupation dans des zones spécifiques, et tout ce qui se trouvait en dehors de celles-ci était un terrain inaccessibile, qu'il ne connaissait pas et dans lequel il n'avait aucune légitimité.
L'assassinat d'Abu Shabab ne met pas fin à la collaboration, mais il révèle la limitation du projet de l'occupation à imposer un leadership d'en haut. Le leadership palestinien ne peut pas être imposé par les militaires, ni produit dans des salles de sécurité, ni implanté dans une communauté vivante possédant sa propre expérience, conscience, et en grande partie, une forme de résistance. Peu importe à quel point le "remplaçant" semble fort en apparence, il reste le maillon le plus faible dans un environnement dont l'histoire sociale et politique est trop profonde pour être réduite à une décision israélienne.
Et Gaza, avec son histoire et sa mémoire collective, n'est pas un terrain où l'on peut imposer un leader prêt et attendre l'applaudissement des gens. Israël, malgré tous ses outils, répète la même erreur : essayer de fabriquer un leadership, au lieu de reconnaître un peuple qui lutte pour la liberté et le droit à l'autodétermination.
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