Souveraineté sans crocs : quand le prisonnier devient une "condition sociale" et la terre un "vestige archéologique"
Parfois, la souffrance d'un tout peuple se résume à deux scènes concomitantes : une pelleteuse qui retient des pierres romaines à Sebastia pour les transférer vers des musées qui réécrivent l'histoire, et une guillotine bureaucratique qui retient le droit d'un prisonnier libéré pour le transformer en "bon d'aide" qui redéfinit la dignité.
Les deux scènes semblent séparées ; l'une dans le domaine archéologique et l'autre dans les couloirs des institutions bancaires, mais le fil invisible qui les relie est le même : une machine coloniale qui œuvre à "déposséder de légitimité" à double face : la légitimité de la terre et celle de l'être humain. C'est un processus systématique qui ne se limite pas à la géographie du lieu, mais s'étend à toute l'ingénierie du récit palestinien.
À la fin de l'année 2025, le changement de dénomination n'est plus un simple jeu administratif, mais devient un outil de domestication politique. Lorsque l'institution "Taqeem" – sous la pression d'exigences internationales et de conditions financières conditionnelles – passe d'un symbole de reconnaissance nationale des prisonniers à un canal pour "l'aide conditionnelle", nous ne faisons pas face à une simple restructuration financière, mais à un "videment existentiel".
Le nouveau système a soumis plus de 7000 familles de prisonniers et de libérés à des critères de "sondage social" et de "listes de besoins", transformant l'allocation de lutte en "don humanitaire". Le prisonnier palestinien, dans l'imaginaire national, n'est pas un simple individu absent, mais un symbole de sacrifice et une partie intégrante de la souveraineté. Transformer son droit en "aide" est une tentative de le dépouiller de son caractère combatif, et de transformer une juste question politique en un "problème social" nécessitant une "gestion" plutôt qu'une "solution".
C'est une tentative d'obliger le combattant à échanger son identité contre une bouchée de pain décrite comme une aide, ce qui s'aligne parfaitement avec la vision qui veut transformer le peuple palestinien de titulaire de droits en "bénéficiaire d'aides" dont le comportement peut être contrôlé par des algorithmes d'interdiction et de don.
Tout comme le récit de l'homme est volé, le récit de la terre est également volé par le biais de l'effritement de ses couches d'identité historique. La récente annonce de la confiscation de 63 sites archéologiques en Cisjordanie, dont Sebastia et Beit Rima, n'est pas seulement un conflit de propriété foncière, mais une pratique de colonisation de la mémoire par excellence, soutenue par des budgets de colonisation colossaux dépassant les 150 millions de shekels cette année.
L'occupation ne fouille pas la pierre pour comprendre l'histoire, mais pour implanter un "histoire alternative" au service de son projet expansionniste. Lorsque la pierre cananéenne ou romaine est déplacée, avec elle est arraché le certificat de naissance véritable de la terre. Ce processus correspond parfaitement à la logique de "Taqeem" ; une terre sans son histoire documentée devient "un bien commun" pour la colonisation, et un peuple sans la dignité de ses prisonniers matériels et moraux devient un "entité flottante" sans racines militantes.
Les deux vols sont complémentaires : le vol de la pierre pour créer un récit colonial, et le vol de la qualité de "combattant" pour créer un récit sur une "société déshéritée" cherchant à survivre plutôt qu'à se libérer.
La bataille d'aujourd'hui n'est pas simplement une "crise de salaires" que nous attendons de résoudre par un clic bancaire, ni un "vol de pierres" que nous documentons dans des rapports d'organisations internationales. La bataille est une bataille de souveraineté sur la définition : qui sommes-nous ? Et que possédons-nous ?
Protéger les salaires des prisonniers en tant qu'élément de lutte n'est pas un acte charitable, mais la première ligne de défense de la légitimité de la résistance palestinienne dans son ensemble. La négligence dans la définition du prisonnier en tant que combattant est la lumière verte qui permet à l'occupation de définir Sebastia comme un héritage biblique. La souveraineté est indivisible ; elle commence par la préservation de la dignité humaine et se termine par la sacralité du vestige.
En fin de compte, la résistance face au vol de la pierre est la même que la résistance face à la "légalisation" de la famine des prisonniers. Les deux défendent l'existence palestinienne face à la machine du déni. Dans cette bataille pour la survie, défendree simultanément la pierre et l'homme est l'incarnation pratique de la résistance, et un moyen de préserver le récit qui précède l'existence de l'occupation et qui restera après elle.
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