La Palestine entre le projet de séparation israélien et les exigences de restauration de la décision nationale
La guerre à Gaza n'est plus un événement militaire ponctuel, ni un chapitre supplémentaire dans le long registre des agressions israéliennes, mais elle est devenue un outil politique israélien pour ancrer un projet stratégique ancien - renouvelé, dont le cœur est de séparer la bande de Gaza de la Cisjordanie, et de décomposer la question palestinienne d'une lutte pour la liberté nationale en enjeux humanitaires et sécuritaires gérés. Ce projet n'a pas commencé avec la guerre, mais il y a trouvé sa chance la plus sanglante et claire pour accélérer sa mise en œuvre.
Ce qui est proposé aujourd'hui sous les titres de "l'après-jour" ou "reconstruction" selon la théorie de la reconfiguration de la société gazéenne et de déconstruire son tissu national, et d'annuler son rôle historique en tant que levier du nationalisme palestinien, ou ce qui est appelé "prévenir le retour à la violence", ne reflète pas une recherche sérieuse de solution, mais une tentative de reproduire une réalité permanente basée sur le démantèlement et la fragmentation ; la bande de Gaza est gérée en dehors du contexte national, la Cisjordanie s'érode chaque jour sous l'effet des colonies et de l'annexion rampante, et le peuple palestinien est invité à s'adapter à cette réalité comme un destin inéluctable et inaltérable.
Le projet de séparation : la porte de la liquidation
Le vrai danger ne réside pas dans les détails des propositions circulant autour de Gaza, mais dans leur logique politique. Traiter la bande de Gaza comme une question séparée de la Cisjordanie, peu importe comment elle est masquée sous un langage humanitaire ou sécuritaire, s'harmonise parfaitement avec la vision israélienne qui considère la séparation comme une condition pour liquider l'idée d'un État palestinien. Dans ce contexte, la guerre n'est pas seulement un moyen de dissuasion, mais un outil pour restructurer la réalité politique et géographique.
Toute formule de gestion de Gaza, ou de sa reconstruction, ou de sa "stabilité", en dehors du cadre de l'unité de la terre et de l'entité palestiniennes, ouvre la porte à l'ancrage de la séparation comme un fait accompli, et transforme l'occupation d'un enjeu juridique - politique en une question administrative réutilisable.
L'unité nationale : une condition politique et non un slogan moral
Échouer ce projet ne peut se faire sans reconstruire une nouvelle unité nationale palestinienne, qui ne repose pas sur un partage d'une autorité impuissante, ni sur une reproduction de la division sous des formes plus souples, mais sur une formule transitoire consensuelle aux contours clairs. Une unité qui ne se résume pas à la réconciliation entre deux factions, mais se construit sur un programme politique englobant qui remet en question l'idée d'un peuple uni et d'une terre unique, et d'une représentation nationale unifiée par le consensus et ensuite par les urnes.
Cette formule doit se fonder sur trois éléments essentiels : l'unité de Gaza et de la Cisjordanie sur les plans politique et juridique, un programme national spécifique qui place l'État palestinien pleinement souverain, avec comme capitale Jérusalem aux frontières de 1967 comme objectif temporaire réaliste, et la réactivation de l'Organisation de libération de la Palestine comme cadre représentatif englobant capable d'être réformé et renouvelé sur des bases nationales démocratiques.
La poursuite de la division, ou l'acceptation de sa gestion, ne signifie pas la neutralité, mais signifie pratiquement ouvrir la porte à des solutions imposées de l'extérieur, qui réduisent la question palestinienne à un dossier d'aide humanitaire à Gaza, et à un dossier sécurisé en Cisjordanie.
Aucune illusion sur l'intérieur israélien
La guerre a montré, sans laisser de place au doute, que la société israélienne ne s'est pas orientée vers une révision morale ou politique, mais vers plus d'extrémisme et de déni. Même les courants israéliens qui parlent encore de la solution à deux États sont devenus marginaux, de faible impact, et entravés par leur peur de faire face au courant général.
Parier sur un "réveil" israélien proche n'est pas réaliste. Les transformations, si elles se produisent, ne seront pas le résultat d'un discours convaincant ou d'appels moraux, mais d'une pression extérieure cumulative qui modifie les calculs des coûts et des bénéfices, et redéfinit les limites de ce qui est acceptable politiquement.
La communauté internationale face à un test de crédibilité
Les États-Unis et l'Europe se trouvent aujourd'hui devant un test politique et moral réel. Traiter Gaza comme une crise humanitaire séparée, et la Cisjordanie comme un dossier de sécurité gérable, n'a pas apporté de stabilité dans le passé, et n'en apportera pas à l'avenir. La sécurité ne se construit pas sur le déni des droits nationaux, ni sur la gestion du conflit au lieu de le résoudre.
Ce qui est requis au niveau international, ce ne sont pas des déclarations équilibrées, mais des positions claires : rejeter toute formule qui sépare Gaza de la Cisjordanie, lier la reconstruction à un véritable processus politique qui met fin à l'occupation, et non à la décomposition de la société gazéenne, et soutenir l'unité de la représentation palestinienne au lieu de s'y soustraire, ou de poursuivre sa réingénierie selon la vision israélienne, et activer les mécanismes de responsabilité conformément au droit international, et non uniquement en fonction des rapports de force.
Quant aux pays du BRICS, qui se posent comme une puissance internationale émergente, la Palestine constitue également un test pour la crédibilité de leur discours sur un monde multipolaire basé sur la justice et le droit, et non sur le double standard.
La solidarité internationale : de la sympathie à l'influence
Le monde a vu pendant la guerre une transformation remarquable dans l'opinion publique, en particulier en Occident, où l'hégémonie du récit israélien s'est brisée, et un nouveau discours juridique et éthique a émergé, parlant de génocide et de colonisation. Cependant, cette transformation, quelle que soit son importance, restera d'effet limité si elle n'est pas exploitée dans le cadre d'une vision politique palestinienne claire.
Les mouvements populaires ne changent pas les politiques par eux-mêmes, mais ils peuvent augmenter le coût de la perpétuation de l'injustice, quand ils se traduisent par une pression institutionnelle dans les parlements, les universités, les syndicats, les marchés et les tribunaux. La solidarité devient une véritable force seulement lorsqu'elle est liée à un objectif politique clair.
Une feuille de route possible
Ce dont les Palestiniens ont besoin aujourd'hui n'est pas un miracle, mais un plan politique réaliste basé sur : le rejet total et constant de la séparation du secteur et de la Cisjordanie, une unité nationale transitoire avec un programme spécifique et des mécanismes consensuels validés au niveau de l’organisation et du gouvernement de l’autorité, l’internationalisation de la question légalement et non seulement humanitairement, un partenariat stratégique avec les mouvements populaires mondiaux, et la redéfinition de la résistance comme un processus national inclusif, politique, juridique et populaire, de longue haleine, et que sa force réside dans le consensus national sur ses formes, et le degré d'implication des larges forces populaires en elle.
Quand les élites échouent, le droit ne disparait pas. Et quand la politique est assiégée, la volonté n'est pas annulée.
Échouer dans le projet de séparation n'est pas la tâche d'une faction ou d'une direction particulière, mais une responsabilité nationale collective. La Palestine ne se réduit pas seulement à Gaza, ni seulement à la Cisjordanie, mais à l'unité de la terre et du peuple, et à un droit inaliénable à l'autodétermination. Ce n'est pas un appel à l'affrontement, mais un appel à la raison politique, en Palestine et dans le monde : pas de stabilité sans justice, pas de paix sans fin à l'occupation, pas de futur sans unité de la décision nationale.
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