Décision onusienne sans dents
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Décision onusienne sans dents

Le vote de l'Assemblée générale des Nations Unies sur une résolution interdisant le déplacement et la famine des civils à Gaza n'a pas été un événement ponctuel dans l'historique des résolutions onusiennes, mais un moment révélateur d'un dysfonctionnement plus profond dans le système international lui-même. Quand 139 pays votent en faveur d'une résolution qui repose clairement sur les engagements du droit international humanitaire et sur des ordres émanant de la Cour internationale de justice, puis que la résolution demeure sans effet pratique sur le terrain, la question se déplace moins vers Israël et davantage vers la communauté internationale.

La résolution, telle qu'elle est formulée, exige que la puissance occupante facilite immédiatement l'entrée de l'aide humanitaire, ne fasse pas d'obstruction au travail des agences d'aide, et garantisse l'approvisionnement en nourriture, eau, médicaments et abri pour les habitants de la bande de Gaza, tout en réaffirmant le rôle essentiel de l'UNRWA.

Ceci n'est pas des exigences politiques, mais le minimum des engagements juridiques imposés à toute puissance occupante en vertu des conventions de Genève. Néanmoins, cela est toujours présenté comme des "appels moraux" sans règles contraignantes.

D'un point de vue formel, la résolution peut être considérée comme une victoire diplomatique palestinienne, un message clair indiquant que le récit israélien n'est plus capable de rallier le soutien international comme auparavant. Mais sur le fond, la résolution reproduit le même dilemme : une haute légitimité internationale, mais une capacité d'exécution quasi inexistante.

L'Assemblée générale, contrairement au Conseil de sécurité, ne dispose pas d'outils d'obligation et ses résolutions restent prisonnières de la "pression morale", pression qui a prouvé sa limite face à une machine militaire et politique qui ne reconnaît que les rapports de force. Le plus inquiétant dans cette situation n'est pas seulement l'ignorance de la résolution, mais la normalisation de cette ignorance. Quand des décisions visant à prévenir la famine et le déplacement deviennent des points de vote, et non des lignes rouges, le droit international lui-même se retrouve en état d'érosion.

Gaza, aujourd'hui, ne teste pas seulement les limites de la patience humaine, mais met à l'épreuve la crédibilité de l'ensemble du système international : est-il encore capable de protéger les civils ? Ou se contente-t-il de documenter son échec avec un langage juridique élégant ? Fait également remarqué, l'abstention et le vote contre la résolution – malgré la clarté de son contenu humanitaire – révèle que la question n'est plus un différend juridique, mais un choix politique délibéré.

Le refus d'une résolution interdisant la famine ne peut être compris que comme une acceptation implicite de son utilisation comme un instrument de guerre. Ici, le silence devient une complicité et la neutralité une position éthique non neutre.

D'un point de vue palestinien, l'importance de cette résolution ne peut être minimisée, mais elle ne doit pas être amplifiée non plus. Sa véritable valeur réside dans son accumulation : en tant que document de condamnation supplémentaire, et référence juridique pouvant être utilisée dans des parcours de responsabilité internationale, et non en tant que point de tournant immédiat. Quant au véritable enjeu, il reste de transformer ce consensus numérique en un coût politique et économique réel pour l'État occupant, ce qui n'est pas encore arrivé.

En fin de compte, la résolution de l'Assemblée générale n'est pas la fin de la bataille, mais une nouvelle indication de sa nature inégale : une lutte entre un droit sans pouvoir et une puissance sans droit. Entre les deux, un peuple est laissé à tester la signification de la justice internationale tout en étant assiégé par la faim et le feu.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.