Remplacement des importations palestiniennes... Une étape vers le renforcement de la résilience économique
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Remplacement des importations palestiniennes... Une étape vers le renforcement de la résilience économique

Pour le septième mois consécutif, Israël continue de retenir tous les revenus des prélèvements, poursuivant des rétentions qui existent depuis 2019, ce qui a conduit à une perte de 68 % des revenus du budget public en Palestine. Cela a plongé les finances publiques palestiniennes dans une crise qui est la plus profonde depuis la création de l'Autorité nationale palestinienne. À la fin du mois de novembre dernier, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a mis en garde contre un effondrement économique complet frappant les territoires palestiniens occupés, qualifiant la crise économique actuelle "d'une des dix pires crises mondiales depuis 1960, et de la pire récession économique de tous les temps". À Gaza, la situation est exceptionnelle "où elle traverse l'effondrement économique le plus rapide, le plus sévère et le pire jamais enregistré". Il a été précisé que l'effondrement était si grave qu'il a anéanti sept décennies de développement humain dans la bande de Gaza, tandis que la Cisjordanie connaît une récession aiguë sans précédent, avec des répercussions sociales et environnementales globales qui affectent tout le monde. Le rapport a ajouté que le PIB par habitant en Palestine est revenu, à la fin de l'année dernière, à son niveau de 2003, ce qui signifie une perte de 22 ans de développement.

Dans le cadre de la grave crise que traverse l'économie palestinienne et les finances publiques, il est nécessaire de trouver des solutions qui renforcent la résilience de l'économie palestinienne et contribuent à atténuer l'impact de la dépendance vis-à-vis des revenus des prélèvements. Il est donc nécessaire de remplacer les importations locales palestiniennes sur le marché local. Le remplacement des importations palestiniennes signifie substituer les biens importés par des produits fabriqués localement afin de réduire la dépendance envers l'extérieur, notamment Israël, de soutenir l'économie locale, de développer les industries locales, de stimuler l'investissement et d'améliorer la qualité, ce qui contribue directement à renforcer l'indépendance économique, en réduisant la dépendance à l'importation et la soumission aux marchés étrangers, en particulier Israël qui représente une grande part des importations palestiniennes, en plus de créer des opportunités d'emploi en soutenant les industries locales, ce qui conduira nécessairement à une augmentation de la production et à l'emploi de la main-d'œuvre palestinienne.

Selon une étude réalisée par l'Institut de recherche sur les politiques économiques palestinien (MAS), il existe 36 biens susceptibles d'être substitués par des produits locaux, soit de manière partielle soit totale, dont 22 biens importés exclusivement d'Israël, et 14 biens importés à la fois d'Israël et d'autres pays. La valeur des biens importés d'Israël s'élève à environ 1,563 million de dollars, représentant 33 % des importations d'Israël, et la valeur des importations en provenance d'autres pays atteint 610 millions de dollars, représentant 14 % des importations d'origine extérieure. En tout, la valeur totale d'importation de ces biens s'élève à environ 2,173 millions de dollars, représentant environ 24 % de la valeur totale des importations palestiniennes. Si 50 % de ces biens sont substitués, cela pourrait injecter environ un milliard de dollars sur le marché palestinien, en plus de créer des milliers de nouvelles opportunités d'emploi, de réduire le déficit commercial, et de contribuer au développement économique et social.

En ce qui concerne les finances publiques, le remplacement des importations palestiniennes est une étape clé pour redéfinir la dynamique des revenus des prélèvements avec les revenus locaux, en faveur du renforcement des revenus locaux et d'une attenuation de la structure des revenus liés aux prélèvements. Cela contribuera, à moyen et long terme, à autant de désengagement économique que possible, et à une relative libération des contraintes des prélèvements, transférant ainsi une partie des revenus perçus via les prélèvements vers les revenus locaux. Cela contribuera à atténuer la crise financière et à fournir des revenus locaux "garantis" au trésor public, à l'écart de la piraterie israélienne, en plus des effets financiers indirects liés à la stimulation de l'économie locale.

En pratique, le gouvernement palestinien a formé une équipe nationale pour proposer des politiques visant à lutter contre la saturation du marché local par des biens de faible valeur et de qualité, et à renforcer le remplacement des produits nationaux, avec la participation de représentants des ministères concernés, du secteur privé et d'experts de la société civile. Le Conseil des ministres a également émis un règlement rendant obligatoire l'achat de produits nationaux dans tous les appels d'offres gouvernementaux, dans un effort visant à soutenir l'industrie locale, à stimuler la production nationale, à créer de nouvelles opportunités d'emploi et à orienter les dépenses publiques vers le marché local, tout en incitant les entreprises nationales à développer leurs produits et à soutenir les industries émergentes. Cependant, ces mesures ont également besoin d'être renforcées par trois axes principaux : le premier est lié à un ensemble d'incitations gouvernementales et de l'Autorité monétaire aux entreprises en Palestine, le second est lié au secteur privé et au capital national, et la nécessité d'investir en Palestine, à travers des industries prometteuses, concurrentielles et de haute qualité. Le troisième est lié aux citoyens et à la nécessité d'adopter une culture nationale qui encourage l'achat de produits nationaux, car chaque shekel dépensé pour l'achat de produits nationaux renforce les revenus locaux et contribue à créer des emplois en Palestine.

En conclusion, le remplacement des importations locales palestiniennes n'est pas simplement un objectif économique, mais constitue également un choix national stratégique qui renforce la résilience économique et contribue à notre libération économique et à la résistance du citoyen palestinien.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.