Salutations à toi, Maire
Majid Hikmat Dhayyib Abu Ghosh, connu parmi ses amis sous le nom de "Maire", n'était pas qu'un poète, un romancier ou un écrivain pour enfants, mais il était aussi une mémoire vivante de la scène culturelle palestinienne et un membre actif de l'Union générale des écrivains et des poètes palestiniens. Fils du village d'Amwas, déporté dans le district de Jérusalem, il a vécu la tragédie de l'exil depuis son enfance après que l'occupation a détruit son village et déplacé ses habitants.
Cette expérience a laissé une empreinte profonde dans son âme et dans ses œuvres littéraires, transformant l'écriture et la poésie en un espace de liberté, d'amour et d'espoir. Il a vécu à Ramallah, contribuant activement à la vie culturelle, en tant qu'éditeur, cuisinier, et créateur d'histoires, ami de tous ceux qui l'ont connu et porte-voix de la mémoire de la patrie dans son cœur.
Dans les matins paisibles de Ramallah, nous commençons notre voyage habituel d'abord au café Ramallah, chez Abu Elyas, où le café est servi avec douceur, et la fumée s'élève comme pour porter la conversation vers le ciel. Là, à la même table, nous ouvrons des discussions sans fin : sur la politique, la poésie, les villes qu'il aimait, et même sur la vie simple que nous rêvons parfois.
La musique était toujours avec nous, écho des jours lourds : Ziad Rahbani pour rire de la douleur de la réalité, Sheikh Imam pour retrouver la vieille colère, et Fairouz pour alléger le poids des jours, comme si elle nous offrait une petite fenêtre à travers laquelle nous pouvions nous consoler de l'existence. Dans ces moments-là, Majid donnait un sentiment de paix et de chaleur, comme si toute la ville s'arrêtait en hommage à lui.
Après le café, nous sortons vers le marché de Ramallah, ce marché que tout le monde connaît. Entre les cris des vendeurs et l'odeur des légumes frais et du poisson, nous marchons lentement, rions et choisissons la pêche avec soin. Il me disait avec un sourire calme : "Le poisson est comme un poème... il faut voir au-delà de la peau pour atteindre l'âme". Sa main touchait le poisson avec soin, comme si chaque geste portait un sens, comme si chaque poisson contenait une histoire ou un texte complet. Il distribuait sa pêche aux voisins et aux pauvres, tout comme un poète distribue ses écrits à ses amis, sans attendre de louanges ou de remerciements, car l'amour et le don n'ont pas besoin de certificats, ils sont la langue de l'âme seule.
Et à son retour dans sa petite cuisine, tout se transformait en texte vivant. Le poisson frit était cuit lentement, chaque pincée de sel était un mot dans un poème, et chaque mouvement de la main une phrase en prose. Il cuisinait non seulement pour nourrir le corps, mais aussi pour rassasier l'âme. La cuisine pour lui ressemblait à l'écriture : patience, passion, et foi que tout peut être réparé avec un peu de sel et beaucoup de cœur. Dans ces moments-là, je sentais que le monde entier pouvait être plus beau, tant qu'il y avait quelqu'un pour écrire, cuisiner et donner avec cette âme.
La nuit était longue et magique avec nous, des soirées où nous parlons de tout, chantons et rions, nous divergions et nous réconciliions, cherchant dans la vie comme nous cherchons dans les livres. Tulkarem était présente dans chaque conversation, la ville qu'il aimait depuis son enfance, la ville qui a témoin de sa chasse durant la première Intifada, la ville qui a porté sa mémoire et son émotion. Il me parlait de ses rues, de ses vergers et de ses maisons, de l'odeur de la mer qui ne peut être oubliée, de l'absence imposée par l'occupation, et du désir qui n'a jamais fait que croître. Chaque fois qu'il parlait de Tulkarem, je sentais le poids de la perte de la patrie peser sur ma poitrine, mais il n'a jamais laissé le désespoir s'installer dans son cœur.
Majid me prêtait des livres comme on prête une partie de son âme. Il choisissait le livre avec soin, enlevait la poussière de sa main et le posait lentement entre mes mains : "Lis-le... et prends ton temps". Chaque livre était un message, et chaque prêt était une confiance silencieuse qui disait : tu sais aimer et préserver les belles choses. J'ai appris de lui que la lecture n'est pas que des mots, mais une nouvelle vie qui s'infiltre dans ton âme, et que chaque texte lu avec le cœur devient une partie de toi.
Aujourd'hui, lorsque j'essaie d'écrire sur lui, je me remémore tous les petits détails qui ont fait de lui ce qu'il était : son salutation matinale, le café au café d'Abu Elyas, le marché du vendredi, les longues soirées, la musique qui nous créait des moments purs, les livres qu'il m'a donnés, et le poisson qui portait la mer avec toute son âme. Ces moments créaient une vie entière, authentique et inspirante, une vie connue de ceux qui l'ont vécue à ses côtés.
Salutations à toi, Maire...
Salutations aux villes que tu as parcourues, aux ruelles qui ont accueilli tes pas, et aux rituels qui ont rendu la vie plus lourde, plus belle et plus claire.
Salutations aux soirées, à la musique, aux livres, et au poisson qui portait l'esprit de la mer tout comme il portait ton âme entre nos mains.
Salutations à toi parce que tu étais un ami ressemblant à une petite patrie... et une patrie inoubliable.
Salutations à toi, Maire
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