Habermas et son renversement de sa philosophie des Lumières
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Habermas et son renversement de sa philosophie des Lumières

La guerre contre la bande de Gaza a constitué un véritable défi pour le système colonial occidental, en raison des positions politiques de soutien à la cause palestinienne qu'elle a révélées et continue de révéler. Cependant, en suivant les orientations du philosophe allemand Jürgen Habermas, on remarque une double norme évidente. Bien que sa pensée romantique soit fondée sur la valorisation de la liberté, des droits de l'homme, du dialogue rationnel, de l'espace public et de la formation du consensus, ainsi que d'autres idées importantes, ses positions politiques se sont alignées sur la propagande sioniste qui cherche à justifier l'agression israélienne contre Gaza, et il a nié l'existence d'un génocide, tout en accusant ceux qui soutiennent le récit palestinien et les manifestations populaires en Allemagne d'antisémitisme.
Habermas, qui a nié l'existence d'un génocide à Gaza et a exprimé sa sympathie pour l'entité sioniste, en signant une déclaration à laquelle ont appelé certains penseurs et influenceurs il y a plus d'un an, soutenant que ce qui se passe à Gaza n'est pas un génocide. Malgré sa profonde proposition intellectuelle et philosophique, qui lui a permis de devenir l'un des principaux théoriciens de l'État allemand moderne, et bien que certains estiment qu'il est en accord avec la pensée sioniste, sa proposition de philosophie de la communication lui a permis d'appeler à la liberté et à la libération de l'homme de l'oppression. De plus, son analyse de la nécessité de protéger l'espace public a provoqué un certain désarroi chez les philosophes et les penseurs contemporains, face à la contradiction entre ses idées politiques et ses idées philosophiques.
C'est un véritable dilemme, d'autant plus qu'il a refusé des prix culturels prestigieux de la part de pays qui voulaient l'honorer pour son héritage intellectuel précieux et important, en exprimant que si la force s'oppose à la raison, alors c'est la force qui l'emporte temporairement, tout en affirmant croire en la victoire du pouvoir éclairé de la parole critique sur le long terme, ce qui montre clairement son rejet de la pensée de contrôle et de la totalité. Étant considéré comme un théoricien de l'École de Francfort critique, il est impératif de comprendre le cours de la modernité telle qu'elle existe aujourd'hui, et la nécessité de comprendre la réalité actuelle, qui nécessite de localiser des outils cognitifs et conceptuels qui exigent une référence à cette école dans le but de bénéficier de ses outils pour dialoguer avec ses penseurs et créer un dialogue philosophique profond afin de combler le fossé entre la revendication et la pratique, ce qui mène à un manque de crédibilité et de fiabilité non seulement en politique, mais qui s'est également étendu à la pensée et à la philosophie.
Il est nécessaire de revenir à la pensée de l'école et à ses pratiques, et de créer des canaux de dialogue profonds avec des dimensions cognitives, non pas comme une fin en soi, et non pas comme un hommage à l'école, mais pour prendre et bénéficier de ses outils en touchant et en comprenant la réalité, et en recherchant des solutions concernant les positions de Habermas sur la guerre contre la bande. Les outils que l'école a fournis et ont été exploités pour comprendre la situation actuelle, notamment celle de Gaza, ont permis une analyse philosophique - en plus de l'analyse politique et sociale pour comprendre la réalité et discuter de ses problèmes et de ses solutions - qui doit être pratiquée, surtout en ce qui concerne l'idée de contrôle, et la nécessité de mettre l'accent sur la pensée de la libération humaine et de l'émancipation des griffes de l'occupation.
L'idée de contrôle est l'antithèse de l'espace public, cette domination dont parlent les philosophes de l'école se manifeste actuellement de toutes ses façons, en Gaza, de la part de l'entité sioniste, produit des États coloniaux, qui "réifie" les gens, tuant des enfants et des femmes comme s'ils n'étaient pas des êtres humains mais des objets selon sa perspective substitutionnelle pour justifier toutes les pratiques répressives de toutes formes, sans ressentir de culpabilité ni de péché. Le péché est plus grand et plus profond qu'une simple erreur, les erreurs résultent d'une action sans connaissance préalable, mais le péché survient lorsqu'on commet un acte dont on sait avec certitude qu'il est en contradiction avec la vérité et la réalité et qu'on le pratique délibérément sans ressentir de culpabilité.
En réalité, Habermas s'est contredit lui-même, et a renversé sa philosophie, justifiant son intervention dans l'espace public par l'exercice d'une culture d'expertise, afin de donner une rationalité à sa position idéologique, tout en démentant la motivation des citoyens allemands - dont il se plaint d'un manque de motivation allemande - qui manifestent contre l'entité sioniste et réclament l'arrêt du génocide, considérant que ce qu'ils accomplissent est une déformation ou une déviation de l'objectif, provoquant ainsi une crise menaçant l'intégration socio-culturelle de la société allemande.
Cela conduit à un hybride de la rationalité du système politique, c'est-à-dire la capacité de l'État à concilier les intérêts opposés des citoyens qu'il régit, et ainsi la perte de sa légitimité entraînant une crise menaçant l'intégration socio-culturelle et la cohésion du système, ce qui entraîne une crise économique qui érode l'intégration du système "système économique", d'une manière qui attise le conflit entre le travail et le capital, soit l'effondrement de l'État ou sa transformation en État failli. Il conclut finalement que le comportement empathique envers le peuple palestinien est un comportement non civilisé et affecte négativement la motivation allemande qu'il considère comme allant dans la direction opposée au mouvement de l'histoire.
En réalité, la politique étrangère allemande a précédé la pensée et la philosophie de Habermas, prenant des positions politiques historiques, se traduisant par sa structure de reconnaissance de l'État de Palestine, sous une pression populaire allemande considérable, et des pratiques de soutien aux droits du peuple palestinien et à son droit d'incarner son État qui existe déjà sur le terrain mais qui est sous occupation, ébranlant les fondements de la pensée éclairée occidentale, et frappant au cœur de l'idée qu'Israël est le modèle civilisé au milieu d'une agitation régressive intellectuellement et culturellement.

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