
Alerte du marché !!
Chaque vendredi, mon ami, le poète et romancier Majid Abu Ghosh "le maire", et notre ami provocateur Iyad Shaheen, nous avions l'habitude de nous rendre ensemble au marché. Ce n'était pas seulement une course de shopping, mais une occasion d'écouter le pouls des gens, de lire sur leurs visages des histoires de patience et de labeur, et de voir dans l'agitation du marché un reflet d'une société qui, malgré la pauvreté, reste attachée à la vie.
Cependant, la scène de cette semaine était choquante. Le marché semblait vide, ne comportant que quelques étals, et des légumes reposant comme s'ils attendaient des clients égarés. Nous n'avons pas entendu les habituelles marchandages, ni les rires des enfants courant dans les ruelles. Le silence était maître des lieux.
Nous sommes restés pensifs, et Majid a dit d'un ton mélancolique d'un poète où se mêlent tristesse et ironie : "Le marché était la balance des pauvres... s'il est vide, cela signifie que la tragédie est devenue générale."
Iyad a répondu en regardant les vendeurs qui étaient figés derrière leurs marchandises :
"Comment les gens peuvent-ils venir alors qu'ils n'ont pas de salaires ? Le fonctionnaire, qui peinait à peine à joindre les deux bouts, n'a pas reçu de salaire depuis des mois. D'où pourrait-il remplir un panier de légumes ?"
Nous nous sommes approchés d'un des vendeurs, un homme dans la cinquantaine, au visage fatigué et aux mains gercées par le travail dans les champs. Nous lui avons demandé comment il allait, et il a répondu avec un long soupir:
"Nous avons amené la marchandise dès l'aube... nous avons à peine vendu quelque chose. Les gens passent par ici et se contentent de regarder. Ils n'ont même plus l'argent pour un kilo de tomates ou de concombres. Comment puis-je retourner chez moi après avoir perdu mon capital ?"
Ses mots étaient plus éloquents que n'importe quel rapport économique. La douleur était visible dans ses yeux plus que dans sa voix. Le marché, qui était autrefois un centre de vie sociale vibrant, était devenu une scène de déception. Aucun vendeur ne gagne, aucun client n'achète, et tous sont coincés dans un cycle d'incapacité sans issue.
Cette scène révèle une tragédie plus profonde : une crise politique et économique étouffante qui pousse la société au bord de l'effondrement. Les fonctionnaires publics n'ont pas de salaire, la classe moyenne se rétrécit jusqu'à devenir une partie des files d'attente des pauvres, et le petit commerçant s'effondre comme le paysan, tandis que le citoyen se retrouve impuissant devant les besoins les plus simples de son foyer.
Le marché n'était pas seulement un endroit pour acheter et vendre, mais un espace de solidarité populaire, de rencontres des passants, de respiration collective au milieu de la dureté de la vie. Et aujourd'hui, à cause du vide, il a perdu son âme. L'absence de gens n'est pas simplement une absence du marché, mais d'un espace humain entier qui était source de vie pour la ville.
Nous avons quitté le marché de Ramallah en portant une douleur silencieuse, réalisant que ce que nous avons vu est plus qu'un simple marché vide. La scène était une alarme qui retentissait violemment, annonçant que la société se rapproche d'un moment d'effondrement total : des employés sans salaire, des commerçants faisant face à des pertes, des familles sans avenir, et une ville perdant son âme.
Et si c'est cela le marché de Ramallah, la capitale de la politique, de l'économie et de l'administration, que dire des autres gouvernorats éloignés et marginalisés ? Que dire des marchés à Tulkarem, à Hébron, à Naplouse, ou dans les villages et camps de réfugiés vivant en marge ? Si le marché ici est presque vide, à quoi ressemble le marché là-bas ?
Ce qui se passe aujourd'hui n'est pas une question de prix ou d'une récession passagère, mais un témoignage accablant de l'incapacité des politiques et de la déconnexion des responsables avec la réalité de la rue. Et il faut dire la vérité clairement : les responsables doivent descendre de leurs bureaux climatisés vers les marchés, regarder dans les yeux des vendeurs et des citoyens, écouter la douleur de l'employé privé de salaire, et ressentir ce que ressentent les gens qui sont incapables d'acheter les besoins les plus élémentaires.
Le marché vide n'est pas simplement une image économique, mais un signal d'alarme politique et social, et si cela n'est pas bien entendu aujourd'hui, cela sera entendu demain avec une voix encore plus forte et plus dure....

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