L'olivier abattu à Mughayer : un témoignage de la résistance de la terre et de l'homme
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L'olivier abattu à Mughayer : un témoignage de la résistance de la terre et de l'homme

Au nord-est de Ramallah, le village de Mughayer se dresse sur des collines de patience, de sang et d'oliviers. Un petit village par sa taille, mais grande par sa plaie, qui subit depuis des années une agression continue et un siège par des colons armés, qui ne se sont pas contentés de voler la terre, mais ont étendu leurs mains à quelque chose de plus profond que les limites de la géographie : aux racines des oliviers, mémoire de la terre et son âme.

Environ dix mille oliviers ont été arrachés et volés des terres de Mughayer. Dix mille êtres vivants qui veillaient sur la terre et témoignaient à ses propriétaires à travers les âges. L'olivier n'est pas qu'un arbre ; c'est l'enfant de la terre, la fille de Canaan, qui a été témoin pendant des milliers d'années des saisons de récolte et de joie, des larmes qui ont coulé sur ses racines, et du sang qui a coulé près d'elle. Et aujourd'hui, cet arbre a subi un massacre silencieux, n'étant pas moins horrible que les massacres humains dans la bande de Gaza. Tout comme l'homme est exterminé là-bas par des bombes, l'arbre est détruit ici par des haches et des bulldozers. C'est l'image d'un seul projet, un projet colonial, qui ne fait pas de distinction entre hommes et pierres, entre humains et arbres, dont le but est d'effacer la question palestinienne, et d'arracher la mémoire tout comme ils essaient d'arracher les racines.

Mais les habitants de Mughayer, comme tous les habitants de la Palestine, se sont dressés contre cette agression. Ils ont défendu leurs maisons, leurs terres et leurs oliviers avec leurs corps nus et leur volonté inébranlable. L'occupation n'a pas pu les soumettre, tout comme elle n'a pas pu soumettre notre peuple depuis plus de sept décennies. Ainsi, la tentative infructueuse à Mughayer fait partie d'une série de tentatives infructueuses de soumettre le Palestinien qui, chaque fois qu'il est assiégé, devient plus obstiné, et chaque fois que son arbre est arraché, il replante un nouvel arbre à sa place.

Aussitôt que les arbres ont été arrachés, les habitants de Mughayer sont sortis avec de nouveaux oliviers, qu'ils plantent dans la même terre, dans un acte de résistance symbolique et pratique, affirmant que le Palestinien ne laisse pas de vide derrière lui, et que ses racines sont plus profondes qu'on ne peut les arracher. Chaque jeune planté aujourd'hui à Mughayer est un message au monde : nous sommes ici, et nous resterons ici.

Ce qui s'est passé à Mughayer doit être un signal d'alarme pour le système international silencieux, pour la justice humaine absente, qui voit l'injustice historique continue envers les Palestiniens et détourne son regard. Cependant, le Palestinien continue de incarner la vérité de l'humanité dans ses figures les plus nobles : l'être humain opprimé qui n'a pas perdu sa foi en la vie, qui n'a pas abandonné son droit à la liberté et à la dignité, et qui transforme chaque blessure en une nouvelle fenêtre d'espoir.

Aujourd'hui, Mughayer n'est pas qu'un village attaqué, et n'est pas qu'un arbre abattu ; c'est une miniature de toute la Palestine, de la bataille de l'homme contre la machine d'occupation, de la terre qui pleure ses arbres tout comme elle pleure ses enfants, et d'une volonté indomptable, qui germe sous les décombres, et qui rejaillit plus forte chaque fois qu'ils essaient de l'arracher.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.