
Marwan a renversé la magie sur le magicien
Le ministre de la Sécurité nationale israélien Itamar Ben Gvir ne s'attendait pas à ce que son geste provocateur en s'introduisant dans la cellule du prisonnier palestinien Marwan Barghouti se transforme en une arme médiatique contre lui, et que la scène qu'il souhaitait utiliser pour renforcer son image auprès de son public d'extrême droite se retourne pour devenir un témoignage visuel sur la cruauté de l'occupation, et une fenêtre qui a remis sur le devant de la scène la question de l'un des chefs les plus éminents du mouvement de la lutte des prisonniers palestiniens.
Dans la vidéo diffusée par la septième chaîne hébraïque, Marwan Barghouti apparaît avec un corps frêle et des traits marqués par une longue détention, dans une image choquante pour sa famille et pour tous ceux qui l'ont connu. La scène n'était pas simplement une visite ordinaire d'un responsable israélien, mais un exercice de force accompagné de menaces directes, où Ben Gvir a déclaré à Barghouti : "Quiconque tue nos enfants ou nos femmes sera effacé, vous ne sortirez pas vainqueurs contre nous". Des mots choisis avec soin par le ministre d'extrême droite, mais qui ont révélé plus qu'ils n'ont dissimulé, et ont mis en évidence l'incapacité à briser la volonté du prisonnier qui purge cinq peines de réclusion à perpétuité et quarante années supplémentaires depuis 2002.
Ben Gvir, qui a construit une partie de sa popularité sur un discours de haine et de provocation contre les Palestiniens, cherchait à transmettre un double message : à son public israélien qu'il "renforce son emprise" sur les prisonniers, et aux prisonniers eux-mêmes que l'époque des facilités est révolue. Cependant, ce qui s'est réellement produit, c'est que la scène a échappé à son contrôle, se répandant largement parmi les Palestiniens et les Arabes, voire dans les cercles internationaux, pour se transformer en un élément mémoriel d'un symbole national ayant une place dans la conscience collective palestinienne.
La scène que Ben Gvir a tenté de créer, sans le réaliser, est comparable à ce qui se passait avec Nelson Mandela dans les prisons du régime d'apartheid en Afrique du Sud. À l'époque, les autorités essayaient de le présenter comme un prisonnier vaincu, isolé de son peuple, ne réalisant que plus tard qu'elles lui offraient involontairement l'image d'une légende vivante qui transcendait les murs de la prison.
Marwan Barghouti, pour beaucoup de Palestiniens, est le "Mandela de la Palestine", et un symbole de la lutte pour la liberté et la dignité face à un système colonial qui tente d'écraser l'esprit avant le corps. Ben Gvir, avec son discours chargé de menaces et de haine, a répétée l'erreur des régimes répressifs à travers l'histoire : croire que la répression publique établit l'autorité, alors qu'en réalité, elle révèle la peur du pouvoir face à un homme désarmé.
Il a échoué parce qu'il n'a pas compris que lorsque le symbole politique est visé de cette manière, il se transforme d'une personnalité politique en une icône historique, et que les images d'un corps frêle et d'un visage pâle peuvent être plus puissantes que n'importe quel discours incendiaire, car elles mettent la vérité devant les peuples sans artifice : ici se tient l'occupation, et ici se tient celui qui l'affronte, et la différence entre eux est celle entre la force de l'arme et la force de la volonté.
L'image dans laquelle Barghouti est apparu – malgré les signes de souffrance physique qu'elle véhicule – a ravivé son image de lutte, et a rappelé une longue histoire de confrontations à l'intérieur et à l'extérieur des prisons. L'homme qui a été arrêté en avril 2002, et que l'Israël accuse d'être responsable d'attaques menées par des groupes armés affiliés au mouvement Fatah, est resté ferme dans ses positions, refusant tout compromis sur les droits nationaux palestiniens.
Ironiquement, la vidéo que Ben Gvir voulait utiliser pour montrer sa victoire s'est transformée en une vitrine exposant les souffrances des prisonniers palestiniens. Les traits pâles et le poids faible de Barghouti n'ont pas été interprétés comme un signe de faiblesse, mais comme une preuve de force et de résilience, malgré la politique de famine dont le ministre lui-même s'est vanté en juillet dernier devant la Cour suprême israélienne. Ici réside la plus grande erreur médiatique : au lieu de réduire à néant le prisonnier ou de briser son image, Ben Gvir a contribué à approfondir la sympathie envers lui, même parmi ceux qui ne suivaient pas de près son affaire.
De plus, la scène a ouvert un nouveau débat sur les conditions des prisonniers dans les prisons israéliennes, où des organisations de défense des droits signalent un déclin sans précédent des conditions de détention depuis que Ben Gvir a pris ses fonctions à la fin de l'année 2022, allant de la réduction des visites à la diminution des rations alimentaires, jusqu'aux restrictions sur les droits humains les plus élémentaires. Ainsi, la vidéo n'était pas simplement une scène personnelle entre un ministre et un prisonnier, mais un document de dénonciation d'une politique entière.
En fin de compte, ce que Ben Gvir a fait n'était pas un triomphe, mais un rappel douloureux que l'occupation, aussi dure soit-elle, ne peut effacer les symboles de la mémoire des peuples. Au contraire, elle peut leur offrir une nouvelle opportunité d'émerger, comme cela a été le cas avec Marwan Barghouti, qui est sorti de sa cellule exiguë vers les écrans de millions, non seulement comme une victime, mais comme un leader dont la résistance continue trouble ses adversaires. Ben Gvir voulait tourner la page de Marwan, mais à la place, il a écrit un nouveau chapitre dans son histoire, dont le titre le plus frappant est : lorsque la magie se retourne contre le magicien.

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