Le gouvernement impose la "khaoua" aux Arabes
"Khaoua" est un mot turc signifiant taxation, dont le sens a évolué avec le temps pour désigner l'imposition d'une redevance ou d'une collecte par la force.
Le gouvernement de Netanyahu et Ben Gvir a décidé de faire payer aux Arabes une "khaoua" en prélevant environ 220 millions de shekels sur les budgets alloués à la communauté arabe dans le cadre du plan quinquennal lancé en 2016, et de les transférer à l'appareil de sécurité publique (Shabak), sous prétexte de renforcer ses capacités à lutter contre le crime organisé qui atteint des niveaux sans précédent dans les localités arabes, où environ 250 homicides ont été enregistrés depuis le début de l'année, tandis que le taux de résolution de ces crimes et de jugement de leurs auteurs est seulement de 14 % selon les données de 2024, soit une seule affaire résolue pour six crimes, les autres restant non résolus et sans punition !
En 2024, 220 homicides ont eu lieu dans la communauté arabe, contre 58 dans la communauté juive. Des actes d'accusation ont été déposés pour 65 % des crimes dans la communauté juive contre seulement 14 % des crimes dans la communauté arabe.
Ce transfert financier soulève des questions sur ses implications politiques, et si cela constitue un réel soutien aux efforts de sécurité, ou si cela redéfinit fondamentalement le plan de développement. Depuis le lancement du premier plan en 2016, cela a été considéré comme un pas vers la réduction des écarts historiques causés par des décennies de négligence et de discrimination dans les domaines de l'éducation, des infrastructures, de l'emploi et des services sociaux, l'un des objectifs étant de réduire ces écarts pour faire face aux causes de la violence et du crime.
Le transfert aujourd'hui des budgets de projets civils à un appareil sécuritaire représente un redressement des priorités, changeant le cours du plan de s'attaquer aux racines sociales et économiques de la violence à se contenter de faire face à ses conséquences sécuritaires. En d'autres termes, les outils civils mis en place pour combler les écarts sont désormais remplacés par des outils sécuritaires présumant implicitement que le problème concerne une communauté à surveiller, et non une réalité cumulative de négligence institutionnelle, alors qu'il y a eu des déclarations de dirigeants de police depuis 2021 indiquant qu'une partie des auteurs de crimes d'homicide sont des agents du Shabak, ce qui entrave la découverte des auteurs des crimes.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a defendu la décision en affirmant que la violence dans la communauté arabe est devenue "intolérable", et que les citoyens arabes "qui respectent la loi" ont le droit de se sentir en sécurité, considérant que le transfert d'argent est une étape logique à passer de ce qui est le moins important à ce qui est le plus important. Cependant, cette justification soulève la question de savoir pourquoi ne pas ajouter de nouveaux budgets pour lutter contre la criminalité au lieu de retirer les ressources déjà allouées pour combler les écarts structurels. La véritable raison de cette coupe est le racisme d'abord, car c'est une partie d'un plan de financement de la guerre d'extermination à Gaza qui a coûté des dizaines de milliards.
Cette décision est comparable, dans son contenu, à des mesures gouvernementales antérieures où les ressources économiques ont été utilisées comme un outil de pression politique, similaire à la coupe d'une partie des fonds de compensation destinés à l'autorité palestinienne à Ramallah, sous prétexte que ces fonds sont versés aux familles de martyrs et de prisonniers.
Faire face à la criminalité organisée ne peut pas être accompli par des moyens sécuritaires seulement, mais nécessite une approche plus profonde des sources du phénomène, allant de la pauvreté à l'absence de cadres jeunesse en passant par la faiblesse des autorités locales et le manque de perspectives économiques, et la politique de resserrement systématique dans le domaine de la construction et de l'élargissement des surfaces.
Dans ce sens, ce transfert diminue le parcours de développement au profit d'un parcours sécuritaire pour lequel les garanties de succès à long terme ne sont pas disponibles. Cela suscite également des craintes que les coupes dans les budgets du plan quinquennal, qui a représenté une pierre pour combler le large fossé, deviennent moins stables et plus susceptibles d'être réduites ou reportées sous prétextes sécuritaires ou politiques.
Il n'existe aucune donnée indiquant que cette décision entraînera une baisse de la criminalité, tandis qu'elle entraînera une érosion de la structure de développement de la communauté arabe, à un moment où celle-ci a besoin de davantage d'investissements dans les services, les infrastructures et les opportunités, et non de leur réduction, et cela entre dans le cadre de la politique de resserrement sur les Arabes dans son essence.
Ainsi, la coupe financière actuelle dépasse le simple fait d'être une étape technique, c'est-à-dire le transfert d'un budget d'un but à un autre, mais révèle un changement plus profond dans la politique hostile envers la communauté arabe, passant de la reconnaissance de la nécessité de combler les écarts structurels à la reproduction d'une approche sécuritaire qui domine sur la dimension civile et de développement, dans un contexte où la confiance publique dans la capacité de l'État à protéger ses citoyens et à respecter ses engagements diminue. En réalité, le gouvernement se comporte comme un gang de racketteurs : "Payez pour votre protection ou nous laisserons les gangs criminels continuer à s'en prendre à vous".
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