L'économie à venir...
Il n'est plus possible d'aborder la réalité économique palestinienne avec l'esprit du quotidien ou avec la logique des analgésiques qui prolongent la crise sans y mettre fin. La scène économique, tout comme la scène sociale et politique, se trouve aujourd'hui à un tournant historique aigu : une guerre continue, un siège étouffant, une destruction des infrastructures, un changement radical sur le marché du travail, et une expansion sans précédent des cercles de pauvreté et de chômage, en particulier à Gaza qui fait face à une catastrophe humaine et économique complexe.
Cependant, malgré la gravité du moment, la reconstruction de l'économie palestinienne n'est pas un luxe ni un discours émotionnel, mais une nécessité existentielle qui dépasse le langage des slogans pour passer à une planification sérieuse, une imagination audacieuse, et à l'élaboration d'une vision nationale cohérente qui redéfinit le rôle de l'économie dans la protection de la société et la construction de son avenir.
La première étape dans le parcours de relèvement est de passer d'une politique de gestion des crises à celle de la conception de stratégies. Il est impossible de bâtir une économie forte sans une définition claire du rôle que nous voulons que la Palestine joue dans la région, ni sans une feuille de route détaillée qui détermine les secteurs prioritaires, met en place des politiques de mise en œuvre mesurables et suivies, et fournit les outils nécessaires pour leur réalisation. Parler d'investissement pour attirer les investisseurs n'est pas suffisant ; l'investissement arrive lorsque le monde voit une vision claire, une stabilité institutionnelle, une capacité exécutive, et la possibilité de transformer des ressources limitées en opportunités.
La question fondamentale se pose ici : quel type d'économie voulons-nous ?
Voulons-nous une économie qui se reproduit au sein des cercles de stagnation, ou une nouvelle économie basée sur la technologie numérique, l'intelligence artificielle, la programmation, les énergies renouvelables et des infrastructures intelligentes ?
Voulons-nous une industrie traditionnelle qui consomme ce qui reste de notre capacité, ou une industrie moderne basée sur l'innovation, la fabrication précise et les produits de haute valeur ?
Quelle est la place de l'agriculture palestinienne dans un monde où la technologie agricole est devenue une condition de résistance et non un luxe ? Notre secteur agricole peut-il continuer avec des méthodes datant de cinquante ans, tandis que de petits pays comme ceux du nord de l'Europe ont fait de l'agriculture avancée un axe d'exportation de la connaissance et des produits ensemble ?
Il en va de même pour les services, l'économie créative, les médias et la production de contenu, l'ingénierie et le design, tous des secteurs qui peuvent constituer un véritable levier s'ils sont intégrés dans une vision économique globale. La question n'est pas : que possédons-nous aujourd'hui ? mais : que pouvons-nous produire si nous concevons un nouveau modèle économique qui libère les énergies palestiniennes à l'intérieur et dans la diaspora ?
Au cœur de cette équation se pose la question de la gouvernance. Qui se charge de la planification ? Comment garantir l'exécution ? Comment empêcher la répétition des expériences qui sont restées limitées à des rapports, des conférences et des relations publiques sans se traduire en politiques ? La relance économique ne repose pas sur des initiatives individuelles, mais sur une institution nationale qui pense, planifie et surveille, et sur un gouvernement qui devient réellement un conseil d'administration de l'économie nationale, définissant des objectifs, surveillant les performances, tenant des comptes, et impliquant tous les acteurs dans la prise de décision économique.
La vision doit également s'élargir pour englober toute la Palestine, des grandes villes aux villages et aux camps, du cœur de Ramallah à Rafah, afin que les municipalités deviennent des incubateurs de développement local agissant dans l'esprit des start-ups plutôt que dans celui de l'administration traditionnelle. Chaque municipalité doit devenir un projet économique qui innove, concurrence, fournit des services efficacement, et s'intègre à la vision nationale globale.
Quant au secteur privé, il ne peut rester spectateur ou prisonnier des circonstances. Son rôle est central dans la construction de la nouvelle économie, en particulier à travers des partenariats productifs qui ne se limitent pas au financement, mais s'étendent à la technologie, la gestion, les chaînes d'approvisionnement et le développement des marchés. Il est également nécessaire d'élaborer des politiques qui rétablissent la confiance des investisseurs palestiniens à l'étranger et transforment les transferts des expatriés en investissements durables et en projets productifs.
Passer d'une économie fragile à une économie capable de résister et d'innover n'est pas un rêve. C'est un parcours qui nécessite une vision claire, une volonté unifiée, de briser les anciens schémas de pensée, et de se diriger vers un nouveau modèle économique palestinien basé sur le capital humain, l'intelligence, l'innovation, et la planification à long terme. Ce n'est qu'alors que l'investissement deviendra un choix naturel et que la Palestine se transformera d'un terrain de crise en un terrain d'opportunité.
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