
Cisjordanie : le piège du labyrinthe
Dans la Cisjordanie, la circulation palestinienne est devenue un test quotidien de patience et de volonté, une expérience de labyrinthe habilement conçue, où des barrages militaires et des portails en fer contrôlent chaque pas. Ce labyrinthe n'est pas un phénomène récent, mais le résultat d'une ingénierie à long terme préparée par l'occupation israélienne depuis des années, tirant parti de l'expérience des barrages durant la deuxième Intifada et après. Les villes et villages, les rues et routes, ont toutes été redessinées selon la logique d'une grande prison ; les Palestiniens comme des cellules, les colonies comme des tours de surveillance, et les barrages comme des portes qui décident du destin de chaque individu et de ses mouvements.
Mon expérience personnelle dimanche dernier, après mon retour de Tulkarem, était une illustration vivante de ce piège. À la croisée de Jit, à l'est de Qalqilya, la route a été soudainement fermée suite à l'annonce d'un accident de délit de fuite, et les portails en fer ont transformé l'endroit en un véritable piège. Des centaines de voitures retenues pendant des heures, sans aucun égard pour l'urgence ou le temps. J'ai alors ressenti que ces portails n'étaient pas des points de contrôle ordinaires, mais des outils pour redéfinir la géographie palestinienne par la force, transformant chaque mouvement en otage de la volonté de l'occupation.
Après le 7 octobre 2023, cette politique s'est intensifiée de manière évidente. Selon un rapport de l'Autorité de résistance au mur et à la colonisation de septembre 2025, le nombre de barrages militaires et de portails s'élevait à 910, dont 247 ont été établis après cette date. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a signalé la présence de 849 obstacles au contrôle de la circulation, comprenant 288 accès routiers, dont 172 se ferment de manière répétée. Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques, mais reflètent la capacité de l'occupation à transformer la Cisjordanie en un labyrinthe complet, où chaque pas palestinien est surveillé, et chaque mouvement est otage d'une décision militaire ou d'un signal électronique des soldats.
L'objectif est clair : isoler les villages des villes, regrouper les communautés palestiniennes dans des espaces limités, et redéfinir de force la géographie humaine. Un seul portail peut transformer un chemin habituel en un enfer, obligeant les citoyens à faire le tour par des chemins difficiles qui peuvent prendre des heures au lieu de minutes. En revanche, les colons et l'armée israélienne se déplacent dans ce labyrinthe sans être gênés par quoi que ce soit, tandis que l'ingénierie des barrages a été conçue pour faciliter leur mouvement, tandis que le Palestinien devient prisonnier du temps et de l'espace, contraint d'attendre et d'improviser pour éviter les fermetures et les obstacles répétés.
Ce piège quotidien n'est pas seulement une fatigue physique, mais une oppression psychologique constante. Chaque décision de quitter la maison devient otage d'un système intégré de portails, et chaque mouvement nécessite des calculs précis : quel chemin, quel barrage, et quelle heure de la journée. Cette souffrance est multipliée lorsque l'on pense au travail, à l'éducation, aux soins médicaux, ou à toute activité normale qui était possible il y a vingt ans. Même les transports en commun ne sont plus une solution idéale, car ils exigent une expertise dans le choix des barrages les moins encombrés, et la communication via des groupes WhatsApp et Facebook pour obtenir des informations en temps réel sur la route.
Ce qui distingue ce labyrinthe aujourd'hui, c'est la rapidité de son exécution : les portails en fer peuvent être fermés en quelques minutes, sans avoir besoin de pelleteuses ou d'obstacles traditionnels, transformant toute la Cisjordanie en un labyrinthe vivant, où chaque pas palestinien est surveillé, et chaque chemin est soumis aux déclarations militaires et aux politiques expansionnistes des colonisateurs. Cette ingénierie ne vise pas seulement la sécurité, mais vise à façonner un environnement oppressant qui pousse les Palestiniens à émigrer de Cisjordanie, comme l'ont déclaré certains ministres du gouvernement israélien, transformant les barrages en outils permanents de soumission et de contrôle.
L'expérience de la croisée de Jit n'est pas une exception, mais un modèle réduit de la réalité quotidienne vécue par le Palestinien. Chaque portail en fer, chaque barrage militaire, n'est pas seulement un outil de sécurité comme le prétend l'occupation, mais représente un piège habile, transformant la vie normale en un labyrinthe d'attentes, de peurs et d'épuisement. Dans ce contexte, chaque chemin, chaque rue, chaque ville palestinienne devient un chapitre dans le récit de la grande prison, où l'être humain palestinien est otage de l'ingénierie de l'occupation, et chaque pas sur la terre palestinienne est soumis à la volonté de la force, tandis que son corps est retenu entre les barrages, et son âme est persécutée dans un labyrinthe sans fin.

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