
La position allemande commence à progresser mais elle entrave toujours la force morale de l'Union européenne!
L'annonce du chancelier allemand Friedrich Merz, selon laquelle son pays suspend jusqu'à nouvel ordre l'exportation d'équipements militaires - pouvant être utilisés dans la bande de Gaza - vers Israël, représente un tournant positif notable dans la position de l'État le plus influent et puissant de l'Union européenne. Pour certains, cette décision n'est pas ordinaire et aura des répercussions, parce qu'elle émane d'Allemagne, qui est le deuxième exportateur d'armes vers Israël après les États-Unis.
Pendant 22 mois, l'Allemagne a insisté pour soutenir le gouvernement de droite israélien, le soutenant en armes et en diplomatie, malgré les atrocités à Gaza et la réalité imposée en Cisjordanie. Elle a été une voix dissonante face au consensus européen sur ce qui se passe dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés. Même la démarche symbolique de la Grande-Bretagne, de la France et d'autres pays européens concernant l'intention de reconnaître l'État palestinien est considérée par l'Allemagne comme une "mesure unilatérale"!
Les doubles standards des majorité des pays occidentaux ont permis la poursuite du génocide, mais les positions aujourd'hui démontrent que les pays ayant un passé colonial dans notre région sont moralement supérieurs à l'Allemagne, qui a refusé de signer une déclaration émise par 25 pays occidentaux, dont la Grande-Bretagne, appelant Israël à lever immédiatement les restrictions sur le flux d'aide à Gaza, tout en insistant sur le refus de toute mesure visant à provoquer un changement démographique dans les territoires palestiniens occupés.
Le journaliste israélien courageux Gideon Levy avait raison lorsqu'il a écrit dans le quotidien "Haaretz" que "la reconnaissance de la Palestine est venue en remplacement de la véritable mesure qui doit être prise maintenant : des sanctions pour arrêter le génocide".
La tragédie à Gaza a été une révélation choquante de l'ampleur de la complicité dans la politique internationale, au point qu'il n'est plus nécessaire de comprendre ce qui se passe dans les coulisses, ni d'avoir une compréhension approfondie des labyrinthes de la politique pour découvrir les arrière-plans des déclarations et des décisions. Ainsi, la démarche de reconnaissance de l'État palestinien - bien qu'importante sur le plan symbolique - semble être une tentative des pays européens d'absorber d'abord la colère de leurs citoyens. La reconnaissance seule est une démarche incomplète et potentiellement dangereuse pour les Palestiniens, car l'extrême droite israélienne en fait un prétexte pour intensifier sa brutalité en tuant, affamant, déplaçant et détruisant les éléments essentiels de la vie dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est occupée. Le sens de la reconnaissance de l'État ne sera qu'une dissuasion pour Israël d'agir de manière à empêcher sa matérialisation sur le terrain, notamment en empêchant le déplacement des Palestiniens de leurs terres et en installant des colons à leur place.
En revenant à la position allemande, le ministre des Affaires étrangères Johan Fadibol a terminé sa récente visite en Israël par une déclaration dans laquelle il a dit : "Pour l'Allemagne, la reconnaissance de l'État palestinien devrait se faire à la fin du processus de négociation, mais ce processus doit commencer maintenant. L'Allemagne ne déviera pas de cet objectif et devra répondre aux mesures unilatérales." Il est probable que les mesures unilatérales auxquelles le ministre menace de répondre sont la reconnaissance de l'État, car les gouvernements israéliens successifs et leurs colons imposent des mesures unilatérales sur le terrain depuis des années. Depuis que le gouvernement israélien actuel a pris ses fonctions, la Cisjordanie connaît un nettoyage ethnique complet, et l'Allemagne n'a pas pris de position sérieuse.
D'autres déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères révèlent l'ampleur du décalage dans la politique extérieure d'un pays qui prétend être en rupture avec son passé, lorsqu'il déclare : "Israël est exposé à un risque d'isolement et l'Allemagne s'efforce d'empêcher cela". Ce qui préoccupe le ministre, censé incarner les valeurs de justice en tant qu'homme de loi, c'est d'éviter que Israël ne soit isolé. Quant à la commission de génocide contre un autre peuple, cela ne semble pas préoccupé le ministre des Affaires étrangères allemand !
Lors de sa visite au village de Taybeh - à l'est de Ramallah - pour constater les effets des attaques terroristes répétées contre son église et ses maisons par des colons ces dernières semaines, le ministre déclare : "Ces attaques ne sont pas des actes unilatéraux, ce sont des crimes contre les citoyens qui s'apparentent à du terrorisme, et doivent être suivis et arrêtés (...) Les rapports indiquent que certains éléments de l'armée ont assisté en spectateurs ou même ont soutenu ces actes, c'est un rapport effrayant". Ici, le ministre méprise l'intellect en essayant en vain de pointer du doigt des "éléments" de l'armée, et non le gouvernement israélien et l'institution militaire israélienne, en tant que responsables du terrorisme des colons. Ces "éléments" sont soumis au principe d'obéissance et exécutent les ordres de leurs responsables, et cette vérité ne peut être niée !
L'histoire sera dure avec ceux qui ont commis ou soutenu le génocide, et il est temps que l'Allemagne cesse de bloquer toutes les décisions visant à faire pression sur Israël dans les institutions de l'Union européenne, des décisions qui auraient contribué à mettre fin au génocide depuis longtemps, ou qui auraient au moins empêché l'utilisation de la famine des civils comme arme si elles avaient été mises en œuvre dans les délais. En effet, les institutions de l'Union européenne prennent des décisions par consensus des États membres, et les décisions passent généralement si elles sont basées sur un accord entre les pays centraux de l'Union, et aucune décision ne peut être prise sans l'accord de l'Allemagne, ce qui a paralysé les institutions européennes dans leur rôle actif concernant Israël.
L'Union européenne a investi dans sa force morale pour construire un récit auprès de l'opinion publique européenne et internationale pour refuser l'occupation des terres d'autrui en raison du conflit militaire en cours en Ukraine. Aujourd'hui, ce récit s'effondre complètement, et il ne sera pas possible de le restaurer dans un avenir prévisible, à moins que l'Europe, en particulier l'Allemagne, ne se conforme aux valeurs de la justice internationale dont elle s’est tant vantée, tout en protégeant ses intérêts et ceux des autres.

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