Les initiatives humanitaires arabes suffiront-elles à sauver Gaza de la guerre d'extermination ?
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Les initiatives humanitaires arabes suffiront-elles à sauver Gaza de la guerre d'extermination ?

Alors que la tragédie humanitaire à Gaza s'aggrave, les initiatives arabes apparaissent comme l'une des formes les plus marquantes de mobilisation pour faire face à la catastrophe que vit Gaza, qui s'est transformée en ville de squelettes ravagée par la guerre d'extermination et la famine. Malgré l'élan apparent de certaines de ces initiatives, elles n'ont jusqu'à présent pas dépassé le cadre de l'assistance humanitaire temporaire, visant à atténuer la pression humanitaire sans s'attaquer aux racines de la catastrophe.

Parmi ces initiatives, l'initiative royale marocaine de l'envoi d'aides sur le terrain se distingue, ainsi que les efforts répétés de l'Égypte et du Qatar à travers des médiations cherchant à rétablir un cessez-le-feu et à fournir des corridors humanitaires, ainsi que des initiatives de parachutage auxquelles participent la Jordanie, l'Égypte et les Émirats. Ces démarches reflètent une prise de conscience arabe de l'ampleur de la catastrophe, mais en même temps elles manquent d'une vision politique claire et d'une position unifiée capable de créer une percée effective dans la structure du siège ou d'imposer un cessez-le-feu complet à la guerre d'extermination israélienne.

Les actions arabes jusqu'à présent se déroulent sous un plafond bas, se concentrant sur l'amélioration de la distribution des aides, et non sur la résolution des causes ayant conduit à cet effondrement humanitaire. Ce sont des actions qui s'harmonisent d'une manière ou d'une autre avec la position internationale qui se concentre sur la gestion des conséquences de la famine et de l'effondrement démographique, plutôt que de faire face sérieusement au crime de punition collective subi par les habitants de Gaza. Les déclarations du président américain Donald Trump concernant le soutien aux aides et la coopération avec certains pays arabes n'ont pas été accompagnées de réels engagements pour mettre fin à la guerre ou lever le siège, mais sont utilisées comme un moyen d'améliorer son image dans le contexte de l'exploitation du dossier humanitaire comme plateforme de communication pour réaliser des gains politiques et personnels, comme promouvoir sa candidature pour le prix Nobel.

L'approche arabe fondée sur une réponse d'urgence, aussi noble qu'elle puisse sembler en apparence, est susceptible de créer une réalité fragile qui ne traite pas les racines de la tragédie, mais maintient les populations en otages en attendant une aide ou l'ouverture d'un corridor sûr, sans garanties de continuité ou de stabilité. En l'absence d'outils de pression arabe sur la scène internationale, l'influence arabe reste en deçà du niveau nécessaire pour faire face aux politiques d'occupation, qui utilisent le siège et la famine comme instruments de guerre.

Ce dont Gaza a besoin aujourd'hui n'est pas seulement d'un afflux d'aides, mais d'un changement qualitatif dans la position arabe vers une politique basée sur l'action politique et non seulement sur l'assistance humanitaire. Une politique qui pousse en faveur de l'ouverture des voies sous supervision internationale, et qui fait pression dans les forums internationaux pour lever le siège et arrêter les opérations militaires, tout en liant les relations et les alliances régionales et internationales à des positions claires concernant l'occupation israélienne et ses politiques de brutalité dans la région.

La dépendance continue aux seules initiatives humanitaires, sans fournir de protection juridique internationale pour les habitants de Gaza, et sans cadre politique contraignant qui mette fin au siège et arrête les opérations militaires, n'aboutira qu'à approfondir la guerre d'extermination en cours. Il existe même un danger réel que Gaza entre dans une phase plus violente si Israël décide de mener une occupation totale, ce qui est une possibilité dans le contexte de l'escalade politique et militaire au sein du gouvernement israélien.

Il est devenu clair que la solution réelle nécessite un effort collectif arabe qui passe d'une logique de gestion de la catastrophe à une logique d'imposition de sa fin. Les États arabes doivent comprendre que toute initiative humanitaire, quelle que soit son ampleur, restera insuffisante si elle n'est pas accompagnée de véritables politiques de pression, qui contraignent Israël et le monde à traiter la catastrophe à Gaza comme une responsabilité politique et morale, et non comme une simple crise humanitaire gérée par des aides et des cessez-le-feu temporaires.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.