Conférence de New York : Entre nombreuses questions, grands titres et actions différées... un nouveau ressassement d'Oslo
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Conférence de New York : Entre nombreuses questions, grands titres et actions différées... un nouveau ressassement d'Oslo

Tandis que les enfants expirent de faim sous des tentes de déplacement dans la bande de Gaza, et alors que Gaza est assiégée par une famine planifiée et bombardée sans relâche, des ministres des affaires étrangères de certains pays se réunissent à New York pour tenir une conférence bruyante sur "la solution à deux États" comme s'ils découvraient soudainement la tragédie d’un peuple depuis 76 ans. La conférence de New York, parrainée par la France et l'Arabie Saoudite sous un prétexte humanitaire, soulève de nombreuses questions devant le public : est-ce un pas audacieux vers la reconnaissance d'un État palestinien, ou n'est-ce qu'une tentative chargée de mines politiques, destinée à contrôler le parcours de la question palestinienne conformément à "ce qui reste de l'ordre mondial" après que les masques sont tombés.

D'un point de vue formel, la conférence semble être une percée diplomatique rare dans une époque de la arrogance sioniste. La France annonce qu'elle reconnaîtra officiellement l'État de Palestine lors de la prochaine assemblée générale des Nations Unies et demande à la Grande-Bretagne, à l'Australie et à d'autres pays européens de la suivre. L'Union européenne insiste sur la nécessité d'activer la solution à deux États avant qu'elle ne soit totalement enterrée, et l'Arabie Saoudite lie la normalisation finale avec Israël à l'établissement de l'État palestinien sur les frontières du 4 juin avec Jérusalem-Est comme capitale. Même la Commission des Nations Unies évoque son soutien à la reconstruction de Gaza et à la création d'un gouvernement palestinien unifié. Ces titres semblent éclatants, prometteurs et bienveillants, mais ils sont plus proches d'un maquillage du cadavre de la politique internationale envers la Palestine que d'un souffle de vie dans une véritable entité souveraine palestinienne.

En profondeur, la conférence ne traite pas de l'essence du conflit, mais la contourne sciemment. Il n'y a pas de discussion sérieuse sur la cessation de l'agression israélienne, ni sur la levée du siège de Gaza, ni sur la responsabilité légale des massacres quotidiens. Pas de responsabilité, ni de comptes à rendre, seulement des appels à "réformer l'Autorité palestinienne", à tenir des élections, et à former une "direction palestinienne unifiée qui représente le peuple à l'intérieur et à l'extérieur", mais à condition que la résistance n’en fasse pas partie. Ce ne sont pas juste des remarques techniques, mais une préparation à l'effacement de tout projet de libération résistante de la scène, et à son remplacement par une autorité désarmées, politiquement apprivoisée, pouvant être intégrée dans les arrangements post-massacre.

La Conférence de New York ne peut être dissociée du lendemain du 7 octobre, mais est plutôt la continuation de la bataille pour la conscience et le contrôle qui a éclaté ce jour-là. Ce qui est demandé aujourd'hui n'est pas seulement un cessez-le-feu, mais le désarmement de la résistance, sa diabolisation, et la réhabilitation de l'Autorité d'Oslo afin qu'elle soit un partenaire docile dans "l'après-résistance".

Ainsi, la conférence arrive avec des termes similaires à ceux d'Oslo, mais dans un contexte plus effronté : pas de terres récupérées, pas de réfugiés qui reviennent, pas de souveraineté retirée, mais une entité fonctionnelle faible censée être déclarée comme "État" pour marchander le sang de Gaza et fournir une couverture morale à la normalisation avec Israël.

En fait, l'appel de certains pays majeurs à reconnaître l'État de Palestine en ce moment précis, alors que les plus grands déplacements et purges ethniques de la bande de Gaza sont en cours, est-ce un signe de soutien ou une tentative d'apaiser la colère mondiale et de panser les blessures de la nation, ou est-ce un recyclage d'Oslo de manière plus "humaine" de l'extérieur, mais plus dangereuse de l'intérieur ? Oslo a volé la terre sous le prétexte de l'État, et maintenant la Conférence de New York, cherche-t-elle à voler la volonté et la résistance sous la bannière de "l'État reconnu", et quelle est la différence entre les deux ? Étrangler la victime en public ou l'injecter d'un narcotique mortel dans le calme de la diplomatie ?

Et peut-on comprendre le timing de la conférence autre que dans le cadre d'une distribution des rôles entre Tel-Aviv et Washington d'une part, et les capitales européennes et arabes d'autre part ? Israël boycotte la conférence et la critique ostensiblement, pour laisser la place à ses alliés pour jouer le rôle de "médiateur sage" qui plaide pour une solution à deux États, tandis qu'il continue à tuer, détruire et affamer sur le terrain. Quant à Washington, elle rejette la conférence car "c'est de la propagande", mais la soutient implicitement car elle sait que ses résultats ne dépasseront pas le cadre permis par la sécurité d'Israël.

Toutes les conférences de paix ont échoué en l'absence d'un équilibre des forces, et Israël continue de croire que la paix se force par la puissance du feu, non par celle du droit. Ainsi, toute initiative internationale qui ne commence pas par un cessez-le-feu immédiat, une levée complète du siège, et des comptes à rendre pour les crimes d'occupation, ainsi que l'éradication des racines de la colonisation établie ne mènera pas à un État, mais à un "épicerie politique" qui vend des slogans et achète du temps.

Bien que certaines voix misent sur le fait que la reconnaissance internationale de l'État palestinien embarrassera Israël et l'isolera, cette reconnaissance restera lettre morte tant qu’elle ne sera pas soutenue par une Palestine indépendante, par une souveraineté sur la terre, et par un programme national résistant qui protège cette entité de se transformer en "répétition" de la fin de la question.

Ce qui se passe à New York n'est pas une solidarité avec Gaza, mais une tentative de cadrer la nouvelle Nakba dans une forme légale, qui légitime ce qui s’est passé et réduit le sang versé en déclarations de soutien, de reconstruction et de financement conditionnel. C'est une conférence dans le mirage, promettant un État sans frontières, et une paix sans justice, et une souveraineté sans arme. Une conférence qui cherche à tourner la page de Gaza, sans la sauver, et à mettre fin à la "résistance", sans mettre fin à l'occupation.

Malgré la multitude des déclarations appelant à la paix, la scène à Gaza reflète une réalité tragique : plus de 200 000 martyrs et blessés, des milliers de disparus, et une famine qui fauche des vies.

La grande majorité des peuples arabes, musulmans et palestiniens, en particulier à Gaza, considèrent que ces conférences internationales restent éloignées de provoquer un changement tangible, et doutent de leur capacité à arrêter les massacres ou à mettre fin à l'occupation, considérant que parier sur la volonté internationale n'est plus efficace face à la complicité avec l'agression et la continuation du siège.

De nombreux observateurs vont même au-delà, estimant que ces conférences ne sont qu'une partie des plans de complot et un moyen de jeter de la poussière dans les yeux, surtout que l'Arabie Saoudite est en tête des pays qui dirigent la roue de la normalisation avec l'entité, alors que d'autres pays participent à l'abattage des Palestiniens, à leur siège et à leur famine, ainsi que d'autres régimes qui ont complicité par le silence ou le soutien direct.

Ces derniers pensent que la dernière conférence à New York ne fait que tenter d'embellir l'image de l'occupation et de la présenter comme un partenaire en paix, tout en continuant à commettre des massacres à Gaza et en Cisjordanie, et en renforçant les politiques de déplacement, d'annexion et de colonisation.

Les observateurs affirment que parier sur ces conférences est un pari perdant, et que la vraie solution commence par le soutien à la résistance, l'arrêt de toutes les formes de normalisation, et la mise en compte de l'occupation pour ses crimes, et non par des tables de dialogue gérées selon des agendas occidentaux biaisés.

Le peuple palestinien n'a pas besoin de conférences qui reconnaissent son droit à un État fictif, mais d'une volonté internationale qui arrête les massacres, renverse le projet d'extermination, et redonne à la question sa véritable boussole : la libération, et non la négociation, la résistance, et non la coordination, le retour, et non la réinstallation, car l'État ne signifie rien s'il n'est pas sur les ruines de l'occupation.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.