Analyse du rapport de la Banque mondiale sur les dépenses publiques de l'Autorité palestinienne
Articles

Analyse du rapport de la Banque mondiale sur les dépenses publiques de l'Autorité palestinienne

La Banque mondiale a publié un rapport à la fin du mois de juin dernier sur les dépenses publiques de l'Autorité palestinienne et les priorités face à la crise financière qui s'aggrave. Le rapport a décrit la situation économique comme "catastrophique", à la suite de la guerre israélienne qui dure depuis 2023. Bien que les données ne prennent pas en compte l'aggravation de la crise financière au cours des derniers mois, elles sonnent l'alarme, peut-être la dernière, sur la crise des finances publiques en Palestine, et le collapse structurel qui se profile à l'horizon, à moins que des interventions d'urgence ne soient mises en œuvre, face à la détérioration de l'économie palestinienne due à l'effondrement complet de l'activité économique dans la bande de Gaza, et aux graves dommages causés à l'économie de la Cisjordanie, en raison des fermetures, ainsi que la destruction systématique des infrastructures dans les gouvernorats du nord de la Cisjordanie, la baisse du volume d'affaires, le ralentissement des taux de production, et l'augmentation du chômage à des niveaux sans précédent.

Le rapport de la Banque mondiale a ainsi intégré des données importantes sur l'état des finances publiques et de l'économie palestinienne, où le ratio de la dette publique palestinienne, incluant les obligations gouvernementales diverses, a atteint 85,7 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l'année 2024, avec des prévisions d'augmentation en 2025, des niveaux qui signalent un danger de tomber dans une crise d'endettement étouffante. Le rapport contenait des données alarmantes concernant les dettes de l'Autorité palestinienne, tant pour les employés publics, qui souffrent d'une crise relative à leurs salaires depuis novembre 2021, que pour les fournisseurs, ce qui menace la stabilité du secteur privé et limite sa capacité à croître, voire même à garantir la continuité de ses approvisionnements pour le secteur gouvernemental.

En ce qui concerne les aides extérieures, celles-ci ont fortement diminué, passant d'environ 27 % du PIB en 2008 à seulement 2 % du PIB en 2023. Dans le contexte de la crise financière aiguë et continue depuis des années, le rapport de la Banque mondiale a souligné que le gouvernement a eu recours à un financement interne excessif par le biais d'emprunts auprès des banques, ce qui a mis le secteur bancaire sous une forte pression. Quant à l'économie palestinienne, elle a enregistré sa pire contraction depuis des décennies, le PIB ayant diminué de 27 % au cours de l'année 2024. Le rapport a également abordé la situation du fonds de retraite et des pensions, qui fait face à une crise profonde, limitant la capacité de l'Autorité palestinienne à honorer ses engagements présents et futurs envers les retraités, et affectant de manière significative les droits à la retraite des générations actuelle et future.

Le rapport a mentionné que les causes de la crise financière ne se limitent pas à la guerre en cours, mais qu'il s'agit d'une crise cumulative résultant de multiples facteurs structurels, dont le contrôle israélien absolu sur les points de passage et les frontières, sur les zones classées (C) qui représentent environ 61 % de la superficie de la Cisjordanie, en plus de la division interne palestinienne, du blocus continu de la bande de Gaza depuis 2007, des retenues continues sur les recettes fiscales, et de la forte baisse du soutien extérieur à l'Autorité palestinienne. Le rapport a également détaillé les questions liées à la facture des salaires, au système de retraite, au système de santé et au système éducatif en Palestine. La Banque mondiale a formulé un certain nombre de recommandations urgentes pour sauver l'économie palestinienne et les finances publiques d'un effondrement structurel, appelant à la mise en place d'un plan de réponse financière durable en coordination avec la communauté internationale, et à la cessation des retenues israéliennes sur les recettes fiscales, garantissant un flux régulier, en plus de réaliser des réformes fondamentales dans la gestion des finances publiques en Palestine.

Pratiquement, le rapport souligne la profondeur de la crise financière actuelle, qui menace l'existence de l'Autorité nationale palestinienne, surtout que l'horizon de la crise financière reste ouvert, et que les mesures israéliennes sur le terrain aggravent cette crise, même au-delà de ce qui est mentionné dans le rapport, Israël retenant pour le deuxième mois consécutif l'intégralité des revenus fiscaux, et ayant, au cours des derniers mois, augmenté le montant des retenues à environ 70 % des revenus fiscaux, sans compter le renforcement de son blocus et la fermeture de la Cisjordanie par près de 900 portes et barrages, et la poursuite de l'interdiction pour les travailleurs de retourner à leurs emplois à l'intérieur de la ligne verte, excepté pour un nombre limité, ainsi que la menace de couper les relations bancaires, et la crise d'accumulation du shekel. Toutes ces questions nécessitent une action exceptionnelle, aux plus hauts niveaux politiques, car les solutions techniques, aussi importantes soient-elles, ne sera d'aucune utilité, et même la mise en œuvre de projets de réforme nécessite des ressources financières. Il est donc essentiel de lancer une campagne mondiale pour sauver les finances publiques et l'économie palestinienne et fournir l'aide urgente et nécessaire, avant qu'il ne soit trop tard pour éviter des effondrements structurels, qui pourraient se manifester sous la forme d'un "effet domino", sur plusieurs secteurs et niveaux. Il est aussi nécessaire d'activer le réseau de sécurité arabe et de continuer la pression internationale "sérieuse" sur Israël pour libérer les fonds palestiniens, en plus de compléter les programmes de réforme internes, et d'assurer la justice dans le partage des charges de la crise financière entre tous les secteurs. De plus, dépasser la crise actuelle nécessite une volonté politique forte et un plan d'action intégré, pas seulement des réactions à des crises ici et là, et une coopération entre tous les composants palestiniens, car si la situation financière demeure inchangée, cela conduira à un effondrement économique incontrôlable, et le coût de tout retard dans les mesures nécessaires à différents niveaux sera très élevé, avec des dommages irréversibles à l'avenir.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.