
La jurisprudence des négociations israéliennes : De la mythologie politique à l'extorsion sacrée
Dans l'histoire politique du conflit arabe-israélien, les négociations semblent plus faites partie d'une scène de tromperie répétée que d'un processus visant à parvenir à un règlement juste. Cela ne résulte peut-être pas seulement d'un déséquilibre des forces, mais aussi de différences dans les référentiels cognitifs, les cadres moraux et les systèmes symboliques qui régulent les négociations, notamment de la part de la partie israélienne qui a fait preuve d'une habileté innée à utiliser le texte religieux comme un "jurisprudence" orientée vers l'action diplomatique et comme une référence interprétative pour l'accomplissement politique.
Cela signifie que le négociateur arabe ne se contente pas de faire face à une délégation négociatrice représentant un État nouvellement constitué, mais il lutte contre un discours culturel et religieux profondément ancré dans la conscience collective juive. Un discours qui repose sur une vision religieuse du monde et des gens, qui ne se conforme pas à la loi de la politique, mais à une perception qui redéfinit la géographie et l'histoire selon des textes sacrés, projetant ainsi une imposition supérieure sur la table des négociations. Cela déplace le processus d'une négociation sur la terre, à une négociation sur les discours de la "promesse divine" et le mythe du "peuple élu".
La négociation à travers la conscience torahïque
Dans le livre de la Genèse, lorsque Abraham négocie avec le Seigneur le sort de Sodome et Gomorrhe, nous voyons l'une des premières images de la négociation dans l'imaginaire torahïque, où le nombre de "justes" nécessaires à la sauvegarde de la ville est réduit de cinquante à dix, indiquant que la négociation ne signifie pas concession, mais constitue une manoeuvre fondée sur un dicton talmudique qui prétend que "la sagesse consiste à savoir quand dire la vérité et quand feindre".
Cette vision confirme que la négociation, dans l'esprit talmudique, n'est pas une recherche de la vérité en tant que valeur fixe, mais un outil de manipulation selon l'intérêt, qui travaille à redéfinir la réalité plutôt qu'à la changer, dans le cadre de règles toujours liées à la sécurité d'Israël, à la pureté de l'identité juive et au "droit au retour" des juifs. Cela a créé une situation complexe où il n'existe pas de deux parties égales dans l'équation, mais une équation qui dit qu'il y a "ceux qui méritent la terre" et ceux qui peuvent négocier sur la manière de s'en sortir. Cela a été clairement illustré dans les parcours de négociation avec les Arabes, de Camp David à Oslo et entre les deux et après.
La méthodologie du doute et la tactique de l'achats de temps
L'un des principaux outils de cette mentalité négociatrice est ce que l'on peut appeler "le doute structurel" vis-à-vis de l'autre ; celui qui n'est pas utilisé comme un outil alternatif, mais comme un élément fondamental dans la structure de la négociation. L'Israélien se met toujours dans une position de "victime potentielle" et exige des garanties de sécurité qui transforment tout accord permanent en un accord provisoire susceptible d'être annulé, comme cela a été le cas à Oslo.
De plus, l'Israélien utilise ce qui est décrit comme "la tactique de l'achat de temps", où le temps n'est pas utilisé pour rapprocher les points de vue, mais pour épuiser l'autre partie, semer des doutes parmi ses rangs et alimenter ses divisions internes. Cela s'est manifesté clairement lorsque le processus pacifique s'est transformé d'un moyen de mettre fin au conflit à un moyen de le gérer et de le pérenniser.
Dans ce sens, et selon la perspective torahïque, la terre n'est pas perçue comme un espace géographique négociable, mais comme un théâtre de promesse divine. Ainsi, la négociation, de ce point de vue, n'a pas pour objectif de partager la terre, mais de "légitimer le contrôle" sur elle, utilisant le "temps" comme couverture temporaire jusqu'à ce que les conditions soient réunies pour davantage d'expansion, ce qui est clairement un reflet du discours récurrent de Netanyahu sur le "danger existentiel", qui vide toute exigence palestinienne de droits de son contenu politique.
La négociation comme un outil de négation
Le plus dangereux dans cette jurisprudence négociatrice est qu'elle ne considère pas la négociation comme une reconnaissance de l'autre, mais comme un moyen de le nier. Les négociations ne reposent pas sur des bases de droits équitables, mais sur un discours israélien qui considère que le Palestinien n'est rien d'autre qu'un "groupe temporaire", c'est-à-dire des "habitants locaux" qui doivent être domestiqués, réprimés ou contenus. Cela a été exprimé par Smotrich dans un autre langage avec le "plan de la résolution". Ainsi, généralement, l'Israélien transforme les négociations en un piège où l'on demande au Palestinien de reconnaître l'identité juive de l'État et son droit à l'existence et à la vie, sans aucune reconnaissance en retour de l'identité palestinienne, de sa catastrophe ou de son droit à la résistance, ce qui fait que la question des négociations n'est qu'une question qui ne cherche qu'une réponse d'acceptation des impositions des conditions, pas de négociation autour d'elles.
De ce fait, lorsque le discours répété sur l'approche vers un accord pour un cessez-le-feu, qui devrait par la suite mettre progressivement fin à la guerre, nous devons prêter attention à deux choses essentielles. Premièrement, que la situation de négociation sous cette forme constitue un outil de prolongation de la guerre, non pas de sa cessation. Et la deuxième, que malgré le besoin pressant de mettre fin à l'extermination, nous devons avancer le débat négociateur, afin qu'il soit un débat politique sur tous les droits palestiniens dans les territoires occupés en 1967, de sorte que nous ne solidifions pas la division géographique et politique, ce qui entraînerait une liquidation de la cause. Par conséquent, l'unification de la position palestinienne reste un besoin urgent.
Ainsi, comprendre la "jurisprudence des négociations israéliennes" n'est pas un luxe intellectuel, mais une nécessité stratégique, car sa compréhension redéfinit le rôle du langage, les limites du possible et la narration historique dans une bataille qui reste centrée sur le récit, avant d'être sur les cartes. Dans le cadre d'une telle jurisprudence, la politique israélienne ne peut être comprise que comme une forme d'extorsion sacrée, et la négociation que comme une reproduction de la tromperie, bien qu'elle apparaisse extérieurement comme une offre de paix.

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