Le soutien international d'urgence à la trésorerie publique est bon, mais !
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Le soutien international d'urgence à la trésorerie publique est bon, mais !

Les finances publiques en Palestine traversent une crise financière qui est la plus profonde depuis la création de l’Autorité nationale palestinienne, Israël ayant œuvré à « annuler » toutes les recettes des taxes, qui constituent la principale composante des recettes publiques palestiniennes, représentant jusqu’à (68 %) du total des recettes. Cette mesure a été précédée par un vol continu des recettes fiscales, débuté en février 2019, dont l’intensité a augmenté en octobre 2023, atteignant son pic en mai 2025, avec le blocage total des recettes fiscales, ce qui a eu un impact sévère sur la capacité du gouvernement à exécuter le budget public de 2025, et à honorer ses engagements envers les employés, les fournisseurs et d'autres entités. Cela a également eu un effet négatif sur l'ensemble de la circulation économique, la crise des finances publiques se croisant avec plusieurs autres facteurs, tels que le licenciement des ouvriers travaillant à l'intérieur de la ligne verte sauf pour quelques-uns, la diminution de l'activité économique, le blocus et les contrôles en Cisjordanie, le génocide dans la bande de Gaza, l'augmentation du taux de chômage, la baisse du pouvoir d'achat, et de nouvelles crises telles que l'accumulation de la monnaie israélienne, ce qui a affecté l'économie palestinienne dans son ensemble, avec une baisse du produit intérieur brut de 29 %.

En pratique, les ressources restantes pour les finances publiques, après le blocage des recettes fiscales, sont les recettes locales, qui ont diminué de près de (400) millions de shekels par mois à environ (250) millions de shekels par mois, en raison de la contraction de l'activité économique, en plus d'un soutien extérieur limité, en particulier de l'Union européenne et de la Banque mondiale. Ainsi, les montants disponibles sur une base mensuelle ne couvrent pas le minimum des engagements financiers mensuels du gouvernement palestinien. Par conséquent, le gouvernement a appelé les donateurs à fournir un soutien d'urgence au budget public à hauteur de (200) millions de dollars par mois, et ce pour une durée de (6) mois. Lors d'une réunion des donateurs qui s'est tenue à New York à la fin du mois dernier, il a été annoncé le lancement d'une coalition internationale d'urgence pour soutenir le financement de l'Autorité palestinienne. Un groupe de pays, dirigé par l'Arabie saoudite et comprenant (5) pays européens : l'Espagne, l'Allemagne, la Norvège, le Danemark, la Slovénie, a annoncé un soutien financier, pour un total d'environ (198) millions de dollars. D'autres pays ont également exprimé leur intérêt à financer le fonds d'urgence, mais n'ont pas défini le montant de leurs contributions. À ce jour, les pays donateurs ayant précisé le montant de leurs contributions, n'ont pas défini de manière précise si ce soutien sera régulier ou ponctuel, ni quel sera le moment ou la forme de son arrivée auprès de l'Autorité.

Ce soutien est bon et fournira de la liquidité à la trésorerie publique, mais ne résoudra en aucun cas la crise financière que subit l’Autorité nationale palestinienne, ni n’apportera une véritable issue à la crise des salaires, mais allégera sa profondeur. En termes de chiffres, le ministère des Finances a besoin d'un minimum de 400 millions de dollars par mois pour couvrir "un pourcentage" des salaires et le minimum des dépenses de fonctionnement essentielles, ainsi que le service de la dette publique, qui a augmenté en raison de l’orientation des gouvernements successifs vers l’emprunt bancaire, y compris le prêt de fin 2023, en plus du soutien au carburant. Dès lors, si le soutien d'urgence parvient, et à condition qu'il soit régulier chaque mois, il ne couvrira que 50 % des besoins mensuels de base, et au minimum, ainsi qu’un pourcentage des salaires.

Il n'y aura donc pas de percée tangible dans la crise des finances publiques. Les recettes locales suffisent à peine à couvrir les dépenses de fonctionnement essentielles, parmi lesquelles des paiements limités aux fournisseurs de médicaments, et les recettes fiscales ont été annulées. Le soutien international d'urgence, dans les meilleures conditions, et s'il est régulier chaque mois (ce qui n'est pas garanti), ne suffira pas à combler le déficit financier existant. Sans recettes fiscales, il n'y aura pas de percée financière, ou au moins une percée apparente, puisque la crise financière perdure depuis plusieurs années, même avant que l’Israël ne retienne partiellement ou totalement les recettes fiscales. Il est à noter que la moyenne des recettes fiscales, même en période de conflit, avant les déductions israéliennes, atteignait 250 à 300 millions de dollars par mois, donc le soutien financier d'urgence dans les meilleures conditions ne viendra pas combler le déficit des recettes fiscales ou les besoins mensuels essentiels, laissant ainsi la crise ouverte; il fournira seulement une flexibilité financière limitée au gouvernement palestinien pour gérer la crise et éviter l'effondrement des services. Sans solution au problème des recettes fiscales, il n'y aura pas de percée financière ni de flux de financement stables, ou même d'attentes stables.

Il est donc indispensable de faire pression sur le plan international, diplomatique et juridique, pour libérer les recettes fiscales retenues, qui s'élèvent à (12) milliards de shekels, étant donné qu'elles sont le facteur clé des recettes publiques. Il est également nécessaire de construire le budget public 2026, en tant que budget d'urgence réaliste, basé sur les flux de trésorerie disponibles, et de prioriser ses dépenses selon des priorités nationales qui renforcent la résilience des citoyens et fournissent les services de base, notamment l'éducation, la santé, la protection sociale, tout en rationnant les autres dépenses, et en s'assurant d'un pourcentage des salaires pour les employés du secteur public, garantissant une justice dans la distribution, de plus, il est impératif de lancer un fonds de responsabilité sociale pour le secteur privé afin de contribuer à partager les charges entre toutes les composantes du spectre palestinien, et de continuer à rechercher le soutien externe pour le budget public.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.