Le royaume de Juda se relève : le pouvoir demande l'illusion et Israël impose sa souveraineté
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Le royaume de Juda se relève : le pouvoir demande l'illusion et Israël impose sa souveraineté

Depuis plus de deux ans, Israël avance à grands pas vers l'imposition d'une nouvelle réalité coloniale en Cisjordanie, une réalité qui ne laisse aucune place, même à l'illusion palestinienne dite « solution à deux États ». La bataille ne se joue plus seulement sur le terrain, mais sur le concept même : Israël ne discute plus de savoir si la Cisjordanie est « un territoire contesté » ou « un territoire occupé », mais la considère comme une partie intégrante de ce qu'elle appelle « la terre d'Israël », et commence à ancrer cette définition à travers des outils de démolition, de judaïsation, de construction de routes et d'imposition de souveraineté.

Les déclarations incendiaires de figures du sionisme religieux et du Likoud ne révèlent pas seulement des intentions, mais documentent un programme en cours d'exécution. Quand le membre de la Knesset Tzvi Sukkot déclare : « Nous travaillons partout, le prochain défi est la souveraineté », il n lance pas un slogan mais annonce la phase suivante après la construction de dizaines de colonies et l'expansion de celles existantes. En effet, le gouvernement de Netanyahu a, depuis le début de l'année 2023 jusqu'à la mi-2025, libéré la construction de 50 nouvelles colonies, portant le nombre total en Cisjordanie de 128 à 178, soit une augmentation de 40 % en moins de deux ans et demi.

Mais ce qui est plus dangereux que les chiffres, c'est la méthodologie : ce qui se passe n'est pas une série de mesures aléatoires, mais un plan organisé pour déchirer la Cisjordanie en cantons isolés qui ne peuvent servir de noyau à un quelconque entité politique palestinienne. La construction de routes coloniales stratégiques, l'établissement de postes agricoles et pastoraux, et la destruction de maisons et d'infrastructures palestiniennes ne sont que des outils pour un même objectif : saper la présence palestinienne et élargir le champ du contrôle juif pur.

Parallèlement à l'expansion coloniale, la violence systématique de la part des colons contre les villages palestiniens augmente, avec la couverture de l'armée d'occupation. Les villages sont devenus des terrains de raids, d'intimidation, d'incendie et d'agression, où les maisons sont attaquées, les cultures brûlées et les biens détruits, et des agressions physiques et des meurtres de sang-froid sont commis comme cela a été le cas à Turmus'Aya, Deir Dibwan, Hawara et ailleurs. Cette violence n'est pas aléatoire, mais un outil parallèle pour imposer le déplacement forcé et vider la terre de ses propriétaires d'origine, afin que la « souveraineté » reste au colon et au projet sioniste.

Dans le même temps, des sources israéliennes proches de Netanyahu parlent de son engagement à imposer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, alors qu'un député de la Knesset du Likoud déclare clairement que « l'image de la victoire doit inclure l'imposition de la souveraineté totale sur la Judée et la Samarie ». Ils ne manœuvrent pas, mais annoncent et présentent leurs étapes avec précision ; tandis que l'Autorité palestinienne se contente de publier des déclarations de condamnation ou de porter des plaintes à des organismes internationaux qui ont perdu toute influence réelle.

Aujourd'hui, il ne reste à l'Autorité que des morceaux éparpillés qui ne peuvent servir à établir un État, ni même une municipalité unifiée, mais elle continue néanmoins à répéter le même discours sur le « processus de paix » et la « solution à deux États » comme si la réalité n'avait pas changé. Quant à Israël, elle impose de nouvelles réalités sur le terrain, construisant le royaume de Juda et de Samarie tout en fermant le chapitre de la Cisjordanie, non pas en tant que région de conflit, mais comme un élément fondamental de son projet national.

Dans ce tableau inversé, l'Autorité palestinienne se transforme en « plateforme de plaintes » rien de plus, qui crie sans que personne ne l'entende, enregistre des objections sans effet, et rêve d'un État qui n'a plus aucune empreinte géographique ou légale sur le terrain. La question qui se pose aujourd'hui avec force est : que reste-t-il à l'Autorité pour négocier ? Quelle est la signification du maintien d'une entité politique qui ne possède rien des attributs d'un État, ni d'un projet de libération qui puisse mobiliser la rue ?
La Cisjordanie est judaïsée, la souveraineté est imposée, et l'avenir se dessine… et l'Autorité n'a qu'un stylo pour signer des déclarations de condamnation.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.