Faim, torture des prisonniers et meurtres : une politique et un objectif de la guerre d'extermination
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Faim, torture des prisonniers et meurtres : une politique et un objectif de la guerre d'extermination

Dès les premiers jours de la guerre sur la bande de Gaza, il est apparu qu'Israël ne traite pas la famine des Palestiniens et leur torture dans les prisons comme des conséquences du chaos sur le terrain ou des répercussions spatiales de ce qu'elle appelle "nécessités sécuritaires", mais bien comme faisant partie intégrante de sa doctrine coloniale, laquelle s'étend depuis la Nakba : affaiblir le Palestinien, le dépouiller de son humanité, et transformer le corps en un champ de répression dont le but est de briser la volonté, d'enseigner la conscience et d'imposer un état de contrôle et de soumission. Cette politique, dont les racines se trouvent dans les premières années de l'occupation, se renforce aujourd'hui avec une brutalité sans précédent dans les prisons, où des milliers de prisonniers sont soumis à des opérations de famine systématique, de torture continue et à une lente extermination, tout cela s'inscrit dans la logique de l'extermination qui régit la guerre à Gaza et autour.

Les prisons israéliennes n'ont jamais été des institutions pénales traditionnelles, mais un outil central dans l'ingénierie du contrôle sur les Palestiniens, utilisées pour réguler la société et la soumettre, établissant une équation basée sur la dissuasion et la peur, de sorte que l'arrestation elle-même se transforme en un processus d'effacement de l'identité et d'expulsion de l'appartenance nationale. Il n'est donc pas surprenant que les prisonniers soient devenus depuis le 7 octobre un objectif direct de la vengeance, avec une politique alimentaire de famine délibérée à leur encontre, les laissant dans des cellules insalubres, et forçant des centaines d'entre eux à dormir sur le sol dans un système qui ne voit dans le Palestinien qu'un chiffre qu'il faut briser pour qu'il cesse de rêver.

Le dernier rapport publié par la Commission de la Défense publique israélienne, partie intégrante du système judiciaire, a révélé des conditions choquantes pour les prisonniers : famine aiguë et perte de poids importante, conditions de détention "inappropriées à la vie", surpopulation extrême à tel point que l'espace alloué à un prisonnier sécuritaire est de moins de trois mètres carrés, des milliers de nuits passées sans lit, un quasi-comblement des possessions personnelles, des restrictions sur l'eau, l'absence de lumière et de ventilation, et 23 heures d'enfermement quotidien dans des cellules closes. Le rapport a également documenté une violence systématique de la part des gardiens lors des fouilles et des transports, et la détention de centaines de détenus dans les postes de police dans des conditions menaçant leur vie, ce qui souligne que ce qui se passe à l'intérieur des prisons n'est pas de simples abus sécuritaires, mais une politique intégrée de famine, de torture, de privation et d'extermination lente.

Au fond, ces pratiques révèlent la relation historique de l'occupation avec la prison, considérée comme un laboratoire pour des politiques de répression et comme une extension organique de la logique coloniale qui ne sépare pas la terre du corps : celui qui contrôle le corps contrôle l'esprit, et celui qui brise le prisonnier pense qu'il brise le peuple. Ainsi, la famine des prisonniers s'étend à la famine de Gaza, et les priver de lumière fait partie de l'obscurité plus large qui est imposée au Palestinien dans sa vie quotidienne.

Dans une analyse finale, la politique d'arrestation israélienne, indépendamment de tout cadre légal ou narration sécuritaire, est partie intégrante d'une structure stratégique visant à reproduire le Palestinien en tant que "corps contrôlable", redéfinissant la société sous la pression de la peur et de la lente mort. La famine, la torture et les meurtres des prisonniers à l'intérieur des prisons ne sont pas de simples violations des droits humains, mais une extension directe du concept d'extermination qui est aujourd'hui dirigé contre Gaza, et qui ne se mesure pas seulement au nombre de victimes, mais à l'intensité de l'attaque contre les conditions même de la vie. L'État qui légitime le fait de priver un prisonnier de nourriture, qui le fait dormir sur le sol, et qui le laisse proie de la maladie, de l'obscurité et de la violence, annonce clairement que son projet va au-delà du contrôle jusqu'à l'effacement de l'existence palestinienne en tant qu'existence politique et humaine. Et malgré tout ce que le dernier rapport a révélé, Israël se retrouve à nouveau confronté à la vérité qui la poursuit depuis des décennies : malgré la famine et le meurtre, elle n'a pas réussi à briser le Palestinien, ni à transformer la prison en une tombe de la conscience. Au contraire, plus les outils de répression se renforcent, plus la capacité du Palestinien à exposer la structure criminelle qui régit sa réalité croît, et affirme que l'extermination dans la rue ou à l'intérieur des cellules ne deviendra pas une "politique naturelle" peu importe la durée ou l'intensification du silence international.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.