Yasser Arafat… l'homme qui a enflammé le rêve et est parti en marchant
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Yasser Arafat… l'homme qui a enflammé le rêve et est parti en marchant

Le 11 novembre, la mémoire ne meurt pas, elle nous ramène l’image du leader emblématique Yasser Arafat, portant sa keffieh devenue un drapeau pour les opprimés, et son sourire cachant la douleur d’une nation entière. En ce jour, nous redessinons les traits de l’homme qui a porté la Palestine dans ses mains et l’a emmenée au monde, demandant sa liberté, son indépendance, sa reconnaissance, sa dignité et une place sous un soleil libre.

En ce jour de son départ, un séisme a frappé notre peuple, secouant les cœurs, les maisons et les camps de réfugiés, laissant un vide que personne ne peut remplir. Les Palestiniens ont ressenti que la terre était à la fois plus légère et plus lourde, comme si la nation tout entière avait perdu une partie de son âme. Mais son héritage et sa lutte demeurent vifs dans les yeux des générations, dans la voix des enfants, et dans l’écho de la keffieh qui flotte encore partout.

Yasser Arafat, "Abou Amar", était plus qu’un leader ; il était une idée marchant sur terre, une voix émergeant des cendres de la Nakba pour annoncer la naissance de la révolution à partir de la lutte armée dans les ruelles des camps et parmi les pauvres, jusqu’à l’éclatement de la révolution palestinienne moderne en 1965. Le leader emblématique savait que le chemin vers Jérusalem était long, mais il croyait que le premier pas commençait avec le fusil, et qu’une balle ne vaut rien si elle ne pave pas la voie à l’indépendance, à la libération, à la science et à la vie. En résumé, le Fatah qu’il a dirigé était le premier des balles, le premier des pierres, et le premier de l’Etat.

À Beyrouth en 1982, les combattants de première ligne se souviennent encore de lui : portant son fusil entre ses mains, il se rendait sur les lignes de front, combattant avec eux, participant à l’attaque, à la planification, à la peur, au sang, à la nourriture, à la faim, à la soif, et chaque enfant qu’il rencontrait était en train d’embrasser sa main. Aujourd’hui, en grandissant, il dit avec fierté : "J’ai embrassé la main du leader de la plus grande révolution de l’histoire contemporaine."

Et quand nous parlons de lutte armée, des opérations d’Aylaboun, de la côte, de l’hôtel Savoy, de la distance zéro, et de l’explosion des tanks à Al-Karama, ainsi que des enfants à RPG durant la bataille de 1982, puis des deux Intifadas, tout cela fait partie de l’histoire d’une révolution qui n’a jamais connu le recul, dirigée avec compétence, sagacité, et tactique.

Et quand nous parlons d’Arafat, nous nous rappelons la décision palestinienne indépendante qui ne s’est jamais pliée ni à l’arabe ni à l’étranger, l’indépendance de la Palestine en politique, en identité et en dignité.

Et quand nous nous rappelons de la paix, nous nous souvenons qu’il croyait en la paix des braves, selon la réalité palestinienne de son époque, lorsque chaque choix nécessitait une bravoure dépassant les considérations traditionnelles.

Et lorsque nous nous rappelons des pieds et du courage sur le terrain, nous nous rappelons qu’il est arrivé en Palestine au début de la révolution et a dirigé l’action fidaï au sein de Jérusalem, des montagnes d'Hébron, du mont de feu, de Qabatiya, et des plaines de Marj Ibn Amer.
Et lorsque nous nous souvenons de son soutien aux révolutions dans le monde, nous nous rappelons qu’il se tenait aux côtés de Nelson Mandela et de l’Afrique du Sud, qui lui est restée fidèle et à sa cause palestinienne, et qui était l’un des rares pays ayant porté des affaires contre des criminels de guerre, y compris Netanyahu, pour avoir perpétré un génocide à Gaza. Abou Amar a toujours cru que la Palestine n’est pas seulement une cause locale, mais une partie de la lutte mondiale contre l’injustice et l’occupation, car il croyait à la déclaration des révolutionnaires : "Où qu’il y ait de l’injustice, là est ma patrie," se tenant aux côtés de tous les mouvements de libération dans le monde, entraînant leurs révolutionnaires et les soutenant.

En Algérie, au Yémen, en Tunisie, à Beyrouth, et à Ramallah, Abou Amar est resté le visage de la révolution face aux tempêtes, assiégé après assiégé, bombardé après bombardé, il a souffert, a enduré, et a perdu les plus grands leaders, mais il ne s’est jamais incliné ; il était habité par une patrie plus grande que son corps, et une promesse plus vaste que la géographie. Lorsqu’il était assiégé à la Muqata’a, il savait que la mort approchait, mais il continuait à distribuer l’espoir aux soldats et à planter dans leurs yeux la certitude de la victoire.
On lui a dit : "Méfie-toi."
Il a répondu : "Je reste, car le peuple se protège par moi et je me protège par lui."

Aujourd'hui, après son départ, la keffieh qu'il portait est drapée sur la Palestine, et elle est portée par les opprimés dans le monde entier, portant avec elle le drapeau de la Palestine, le drapeau des révolutionnaires. Dans certains pays, lorsque nous mentionnons la Palestine, certains ne la connaissent pas, disant : "Pakistan ?" Et lorsque nous mentionnons Abou Amar, le monde entier connaît la Palestine grâce à son nom, le rêve étant lié au nom et au symbole.

Le 11 novembre 2004, son âme est montée au ciel à Paris, mais elle est sortie des murs de la Muqata’a, enveloppée dans sa keffieh, se dirigeant vers le ciel de Jérusalem qu’il n’a jamais foulé, mais qui a toujours habité son cœur.

Abou Amar n’est pas mort, il s’est infiltré dans la terre natale, dans les yeux des enfants, dans l’huile d’olive, et dans les noms des martyrs qui sont venus après lui, à Gaza et en Cisjordanie, qui aujourd'hui subissent un génocide perpétré par la machine d’occupation ; son endurance demeure une leçon vivante pour tout le peuple et un symbole inoubliable de la résistance, du droit, et de la liberté, et les factions ont dit de lui : "Nous divergeons avec lui, mais nous ne divergeons pas de lui."

Comme si tous les enfants qui l’ont rencontré dans leur jeunesse, tous ceux qui ont embrassé ses mains, sont devenus aujourd'hui des générations portant le message de la Palestine dans leurs profondeurs, se tenant sur la terre que le rêve a libérée, poursuivant le chemin de la lutte pour bâtir le futur qu’a rêvé Abou Amar.

La Palestine qu'il aimait n'est pas morte, elle poursuit sa lutte en son nom et éclaire son chemin par son souvenir, comme s’il disait encore de l'autre côté de l'absence :

"Ô mes enfants, gardez le fusil et ne laissez pas tomber la branche verte... et ne laissez pas le rêve seul."

Et Abou Amar a terminé sa vie et son combat par ses mots immortels qui sont devenus un testament pour toutes les générations :

"Ils me veulent soit prisonnier, soit banni, soit tué... et je leur dis : Martyr, martyr, martyr... et Dieu l’a choisi et l’a élevé comme martyr, comme il le souhaitait."

Abou Amar reste un symbole de la résistance palestinienne et un emblème de la liberté dans le monde, et le jour où il est monté martyr nous rappelle que la cause ne meurt pas et que le courage et la foi en la justice bâtissent des générations et sèment l’espoir dans chaque cœur palestinien, arabe et mondial.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.