Les regards se détournent… La Palestine entre tragédie et politiques internationales
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Les regards se détournent… La Palestine entre tragédie et politiques internationales

La question palestinienne ne tolère pas les ambiguïtés et n’a pas besoin de discours répétés pour la clarifier. Elle est tout simplement celle d’un peuple privé de son droit naturel à vivre sur sa terre, et dont les souffrances ont été transformées en matière de marchandages politiques et d’attraits internationaux. Malgré sa clarté morale et juridique, le monde continue de la traiter comme un conflit secondaire pouvant être adapté selon les intérêts ou l’humeur politique, tandis que les souffrances des Palestiniens sur le terrain s’aggravent sous un silence politique international à deux poids, deux mesures.

Aujourd'hui, avec le retour du président Trump à la Maison Blanche, les tentatives de reformulation de la scène palestinienne se renouvellent sous de nouvelles approches anciennes. Au lieu de parler de la fin de l’occupation, on discute de la fin de la résistance. Plutôt que de reconnaître le droit à l’autodétermination des Palestiniens, il est question d'un "paix" conditionnelle et de "stabilité" dépourvue de justice et de "forces internationales" censées remplacer la volonté des peuples.

En réalité, la question palestinienne n’a jamais été une énigme nécessitant des plans complexes ou des marchandages politiques. La solution est claire et simple : la reconnaissance d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Cette reconnaissance seule suffirait à mettre fin à un conflit qui perdure depuis plus de sept décennies et à clore les dossiers de sécurité, d’armement, des programmes éducatifs et des prisonniers, car un État libre n’a pas besoin de résistance, mais de développement et de stabilité.

Cependant, le monde, à travers toutes ses institutions et ses forums, pratique une double moralité flagrante en ce qui concerne la tragédie palestinienne. Quand un nombre limité d’Israéliens est tué ou capturé, les capitales occidentales activent tous leurs dispositifs, organisent des réunions d’urgence, lancent des campagnes de solidarité et ouvrent les passages aux dernières technologies et équipements militaires et humanitaires, à la recherche de moins de dix corps. Des pays et des armées y participent, des fonds sont alloués et des avions équipés de capteurs sophistiqués sont déployés dans un tableau qui illustre comment 'l’humanité' est gérée selon la géographie et l’appartenance, et non selon des valeurs et des principes.

Inversement, lorsque des quartiers entiers à Gaza sont anéantis, que les corps d’enfants et de femmes palestiniens restent sous les décombres, et que les corps des martyrs sont retenus dans des tombes numérotées depuis plus de quatre décennies, le monde se tait comme si de rien n’était. Pas de sauvetage, pas d’équipements de recherche, ni de réunions d’urgence au Conseil de sécurité, juste un lourd silence entrecoupé de déclarations répétées sur la "préoccupation" et "l’appel à un cessez-le-feu", des mots creux qui ne nourrissent ni ne rassasient la justice.
La scène atteint son paroxysme lorsqu’il y a d’énormes efforts internationaux pour récupérer quelques corps israéliens, tandis que des dizaines de milliers de corps palestiniens restent sous les décombres sans que leurs familles aient droit à un dernier adieu. Pendant que les grandes puissances agissent pour une vingtaine de prisonniers israéliens, elles ignorent dix mille prisonniers palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation, souffrant de torture, d’isolement, d’exécutions sommaires et de viols. À ce moment-là, nous comprenons que nous faisons face à un système mondial ayant perdu sa boussole morale et à une humanité mesurée selon le rapport de force, non selon les critères de justice.

Ce qu’avance le président Trump aujourd'hui n’est pas une nouvelle vision de la paix, mais une reformulation du conflit selon le concept israélien : "Sécurité en échange de soumission". Son plan est présenté comme un règlement historique, mais en réalité, c’est un blanchiment politique de l’occupation et un mépris total des droits des Palestiniens, reconnus par la légitimité internationale. Aucune mention du droit au retour, ni d’une véritable souveraineté, ni même de frontières claires pour l'État de Palestine. Tout ce qu’il y a, ce sont des "arrangements" de sécurité temporaires qui reproduisent la même réalité avec de nouveaux outils.

Dans ce contexte, le projet de résolution du Conseil de sécurité international concernant la force de stabilité à Gaza, qui est encore en cours de négociation, stipule la création d’un Conseil de paix, d’organes exécutifs et d’une force internationale temporaire de stabilisation pour gérer les affaires de Gaza, superviser le cessez-le-feu, la reconstruction et la coordination de l'aide humanitaire. Sur le papier, la décision semble être une étape pour mettre fin à la crise humanitaire et renforcer la sécurité, mais elle offre un large contrôle aux pays participants sur la gestion de Gaza et limite le pouvoir de l'Autorité palestinienne, se concentrant sur le désarmement et le contrôle de la résistance sans traiter des racines de l'occupation et des droits des Palestiniens.

Du point de vue palestinien, cette décision représente un danger pour la souveraineté et la capacité de gérer les affaires de la bande de Gaza. Il est donc crucial de négocier des modifications substantielles avant son adoption ou d’utiliser des outils de pression comme le veto de certains pays membres permanents pour garantir la protection des droits palestiniens, tout en veillant à ce que l’aide humanitaire ou le cessez-le-feu ne soient pas suspendus.

Ce projet illustre à nouveau comment la communauté internationale tente parfois de détourner les regards des solutions fondamentales à la question palestinienne, laissant les Palestiniens dans des conditions de vie difficiles, tandis que d’énormes efforts sont déployés pour gérer la crise selon les intérêts des grandes puissances. En fin de compte, la reconnaissance de l'État de Palestine et de sa pleine souveraineté sur ses terres est la véritable solution, et tout ce qui en dessous reste de simples mesures de gestion d'une crise temporaire, sans paix durable ni véritable justice.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.