État de Palestine : la dernière chance
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État de Palestine : la dernière chance

Après environ deux ans de guerre d'extermination à Gaza, et après un silence honteux de la part de la communauté internationale, en particulier des pays occidentaux, le monde commence à agir pour mettre fin à la guerre et trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien, qui est devenu sanguinaire de manière inédite. Peut-être que les images des massacres horrifiants, diffusées sur les réseaux sociaux, y compris celles de personnes affamées à mort, qui ont dominé tous les autres récits comme un crime majeur que l'esprit humain ne peut comprendre au XXIe siècle, sont le moteur derrière l'augmentation du désir international de voir une fin à cette tragédie. Il est important de souligner le rôle central de l'Arabie Saoudite, notamment le prince héritier Mohammed Ben Salmane, sur les plans régional et international, ainsi que le rôle français joué par le président Emmanuel Macron pour faire avancer la solution à deux États, à partir de l'arrêt de la guerre à Gaza. Cela se manifestera clairement par la reconnaissance officielle de l'État de Palestine le mois prochain aux Nations Unies par la France et dix autres pays importants en Europe et au-delà, la Grande-Bretagne étant peut-être l'un d'eux.

Il y a en réalité deux conditions nécessaires pour réaliser un élan politique et sur le terrain pour promouvoir le projet de solution à deux États, basé sur la déclaration de la conférence sur la solution à deux États qui s'est tenue aux Nations Unies les 28 et 29 du mois dernier. Ce sont en fait des conditions qui répondent à l'intérêt palestinien et ne lui sont pas contraires. La première concerne ce qui est requis de « Hamas » : mettre fin à la détention des Israéliens dans le cadre d'un accord qui met fin à la guerre et ouvre la voie à la reconstruction de Gaza, sous une gestion palestinienne dont « Hamas » ne fait pas partie, et également remettre les armes de « Hamas », de sorte qu'elle ne redevienne plus une organisation armée avec une milice à Gaza. La deuxième condition est de procéder à une véritable et profonde réforme des institutions de l'autorité, qui commence par des élections générales, parlementaires et présidentielles, qui ne sont pas nécessairement simultanées, mais dans un cadre temporel accepté au niveau international.

Ce qui est requis de « Hamas » est nécessaire pour sauver le sang des Palestiniens et mettre fin à ce massacre perpétré par Israël. En l'absence de réponse de « Hamas » à ces conditions, la guerre ne s'arrêtera pas, Gaza ne sera pas reconstruite, et il n'y aura pas d'unification des deux parties de la patrie ni de création de l'État palestinien, même si sa reconnaissance est totale et complète. Il existe une opportunité pour le mouvement « Hamas » de montrer sa flexibilité et sa réponse aux exigences internationales dans le cadre de l'avancement du processus de création de l'État palestinien, et non en réponse aux conditions israéliennes. L'annonce de « Hamas » en réponse aux déclarations de Steve Vitkoff, l'envoyé américain, concernant le fait que « Hamas » avait accepté de désarmer, montre que le mouvement renoncera à ses armes dans le cadre de la création d'un État palestinien. Nous sommes maintenant dans un processus sérieux dans ce sens, et toutes les parties doivent y contribuer. La réponse de « Hamas » sera sans aucun doute une grande contribution. Le peuple palestinien et le monde comprendront que « Hamas » fait des concessions pour le bien supérieur du peuple et non pour une autre prétention, même si Israël considérera cela comme une victoire pour elle. La réalisation d'une percée internationale réelle en faveur de la création de l'État de Palestine serait une amère défaite politique pour Israël, en particulier pour le gouvernement raciste et fasciste dirigé par Benjamin Netanyahu.

Quant à la réforme de l'autorité nationale, elle est une exigence palestinienne qui fait l'unanimité du peuple avant d'être une condition internationale, et elle doit se faire dans le cadre d'un choix national, et parmi les priorités de la création des institutions de l'État palestinien, comprenant un processus électoral pour le conseil législatif et des élections présidentielles, la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, et la restauration de la confiance du peuple d'abord dans ses institutions et de la confiance du monde quant à notre capacité à établir un État démocratique en voie de croissance et de progrès, répondant aux aspirations de notre peuple. Le message que le président Abou Mazen a envoyé au président Macron constitue une base appropriée pour commencer le processus de réforme, où il s'est engagé à organiser des élections générales dans l'année. En réalité, l'annonce d'élections pour le conseil national avant la fin de l'année n'a pas lieu d'être tant qu'elle n'est pas liée aux élections du conseil législatif, étant donné que la majorité des membres intérieurs sont des membres du conseil législatif élu.

Ces deux conditions pour donner un élan au processus de solution à deux États soutenu par la communauté internationale, dont l'annonce est attendue le mois prochain, ne sont pas optionnelles, mais en sont les fondations. Il ne s'agit pas de ce qui est souhaitable, mais de ce qui est obligatoire, entraînant le succès ou l'échec. Si nous agissons, nous serons sur la voie du succès et de la véritable victoire politique. Si nous échouons, cela pourrait être notre dernière chance de réaliser l'État. Le monde ne nous attendra pas, mais sautera sur le sujet, l'ignorera et l'oubliera, surtout dans le contexte d'une politique israélienne frénétique visant à effacer l'idée de l'État palestinien et à couper la route à sa création, la transformant en une solution impossible à réaliser. Le temps qui nous reste n'est pas long. Nous devons soit saisir l'opportunité, soit la laisser passer. L'Histoire nous tiendra pour responsables de toute perte de ce qui pourrait être notre dernière chance. Sommes-nous à la hauteur de cette responsabilité et capables de l'assumer, ou parlerons-nous d'une grande catastrophe dans les jours à venir ?

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.