Huit angles et une seule identité : vers la reconfiguration du fonds palestinien
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Huit angles et une seule identité : vers la reconfiguration du fonds palestinien

Pensons à l'intérieur de la boîte... avant de penser en dehors.

Nous courons souvent après la rupture de la boîte / "sortir de la boîte", imaginant que la solution réside dans une rébellion contre la forme comme un saut vers la créativité, et non dans une révision du contenu, mais la boîte n'est pas unilatérale; au contraire, elle est un cadre susceptible d'être reconfiguré. Avant de la détruire, nous devons réarranger l'intérieur : nos idées, nos comportements, nos perceptions de nous-mêmes et des autres.

Dans le contexte palestinien, la boîte n'est pas seulement une métaphore, mais une réalité complexe composée de politique, de comportement, d'identité, d'histoire et de pressions. Géographiquement assiégés, soumis à un discours mondial stéréotypé, nous sommes parfois repliés sur des récits répétés qui ne font rien avancer. Savons-nous vraiment qui nous sommes ? Comment souhaitons-nous être perçus par les autres ? Quelle image voulons-nous représenter ? Quels comportements avons-nous hérités sous pression, et de quoi devons-nous nous libérer pour redéfinir notre identité ? Cela nous amène à construire une nouvelle boîte qui nous représente et à redéfinir nos angles.

Réarrangement intérieur – la question de soi avant de faire face au monde.

Avant de confronter le récit israélien dans les forums internationaux, ou de briser le pouvoir du veto, ou de demander au monde de changer sa perception, nous devons nous poser les questions suivantes :

Qui sommes-nous vraiment ?
Quelle est l'essence de notre identité sous tous ces décombres ?
Comment agissons-nous dans notre quotidien, sous pression, dans un contexte de division, en période de crise ?
Quels sont les valeurs que nous voulons préserver, et quels comportements devons-nous abandonner ?
Réarranger notre intérieur ne signifie pas se replier sur soi, mais établir une vision claire de soi qui servira de point de départ vers l'extérieur.

Angle de vision – quelle image voulons-nous que l'on voit de nous ?.

Pendant des années, le discours palestinien semblait soit prisonnier de l'injustice, soit éparpillé entre les priorités. Mais le monde voit-il vraiment qui nous sommes, ou comment nous nous montrons ? L'image n'est pas seulement le résultat de la réalité, mais le résultat de ce que nous racontons, de nos actions et de la manière dont nous nous encadrons.

C'est à partir de là qu'il est nécessaire de changer notre angle de vue : nous ne devons pas nous contenter d'être compris, mais être entendus dans des cadres clairs que nous produisons, et non imposés par autrui.

Construire le nouveau fonds.

Le "fonds" que nous aspirons à créer n'est pas un moule qui limite notre liberté, mais un cadre par lequel nous réorganisons notre relation avec nous-mêmes et le monde.

A au lieu de fuir le "vieux fonds", battons-nous pour construire un nouveau fonds qui nous représente, en tant qu'individus et groupes, en tant qu'identité et voix, en tant que communauté cherchant à renouveler ses outils et non à céder sur ses revendications.

Sortir de la boîte n'est pas un acte de rébellion momentané, mais un processus de transformation qui nécessite un aménagement interne, de redécouvrir notre essence, de formuler notre vision de nous-mêmes, de répartir nos rôles et de connaître notre destination. Le nouveau fonds doit d'abord être construit, établi et encadré par notre propre vision, et non par celle d'autrui.

Visages du fonds – huit angles pour la représentation et la transformation.

Ce fonds n'aura pas un visage unique, mais plusieurs visages, reflétant notre diversité et la force de notre discours, chaque visage représentant un angle de notre personnalité collective :

Un visage qui reflète notre mémoire collective, représente notre histoire, nos souffrances, nos luttes et nos rêves hérités.
Un visage pour notre discours politique, que disons-nous au monde ? Avec quel langage ? Et quels outils avons-nous pour influencer ?
Un visage pour notre quotidien, comment vivons-nous notre palestinité ? Comment incarnons-nous les valeurs dans la réalité ?
Un visage pour notre économie résistante, comment produisons-nous des alternatives ? Comment protégeons-nous nos ressources et redéfinissons-nous le développement ?
Un visage pour notre justice sociale, défendons-nous les catégories marginalisées ? Comment reconstruisons-nous le contrat social ?
Un visage pour notre identité culturelle, comment racontons-nous notre histoire ? Avec quel accent ? Et quelle narration ?
Un visage pour nos alliances extérieures, qui sont vraiment nos partenaires ? Sur quoi reposent les partenariats ?
Que laissons-nous aux générations futures ? Une vision ou des cendres ?
Dans le nouveau fonds, chaque visage des huit a un rôle et une signification.

De la reconstruction à la possession de l'angle.

Quand nous reconnaissons nos multiples visages, que nous réorganisons notre intérieur et que nous bâtissons le fonds qui nous reflète, nous avons franchi le pas de la réaction à l'action, de la défense à l'initiative. Ce n'est qu'à ce moment-là que nous pouvons changer l'angle sous lequel nous sommes perçus, non par la supplication ou le besoin, mais par notre présence claire, par notre position ferme, et par une identité complexe et cohérente.

Notre fonds... c'est nous qui le créons.

Notre fonds n'est pas une contrainte si nous le façonnons en toute conscience, et ses angles ne sont pas aigus si nous les remplissons de contenus humains, politiques et moraux.

Initier sa construction signifie que nous devenons des acteurs. Ce n'est pas seulement un "fonds", mais un projet national de construction individuelle et collective, qui redéfinit le palestinien non seulement en tant que victime, mais en tant qu'acteur, initiateur, créateur d'une nouvelle image de lui-même à l'intérieur et capable de changer l'angle sous lequel il est vu de l'extérieur.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.