«Émirat d'Hébron»: Nouveau projet de fragmentation sous le couvert du tribalisme
Les étapes du projet sioniste en territoire palestinien s'accélèrent avec des plans dont l'apparence est «administration locale» et le fond «fragmentation et déplacement». Ce qui est appelé l'«émirat d'Hébron» est l'un de ces projets dangereux qui ont émergé à travers des médias israéliens et par la voix de personnalités palestiniennes associées à l'État hébreu ainsi qu'Israéliennes telles qu'Eddy Cohen. Le projet vise à créer une administration locale dirigée par des tribus ou des maires qui seraient en façade comme un «gouvernement autonome», tandis qu'ils seraient exploités comme outils pour attiser des conflits internes avant d'être abandonnés et liquidés par la suite.
Démantèlement de la structure nationale au profit du contrôle colonial
L'idée de l'«émirat d'Hébron» n'est qu'un masque attrayant pour une politique coloniale ancienne qui se renouvelle avec de nouveaux outils. En effet, le gouvernement israélien extrémiste mise sur le démantèlement de l'identité nationale palestinienne à travers la fragmentation du tissu social et sa transformation en composants tribaux ou régionaux qui s'affrontent entre eux. Cela permet à l'occupation de s'étendre à travers les colonies, de contrôler les terres et de modifier les traits géographiques et démographiques de la Cisjordanie sans faire face à une résistance réelle, en raison de l'occupation des Palestiniens par leurs propres affaires.
Exploitation de la division et approfondissement du chaos
Israël joue sur la carte de la division palestinienne pour approfondir son projet. D'une part, il assiège la bande de Gaza et l'assujettit à une guerre d'extermination ouverte, et d'autre part, il continue ses politiques d'exécution sur le terrain, d'arrestations quotidiennes et d'incursions à Jénine, Tulkarem, Naplouse et Hébron. Parallèlement, il s'efforce de présenter des projets formels d'autonomie dans les grandes villes, en s'appuyant sur les directions traditionnelles qui peuvent être contrôlées ou éliminées plus tard. Tout cela se déroule dans un contexte de faiblesse du front palestinien officiel et de dispersion politique.
Pourquoi Hébron?
La ville d'Hébron est d'une grande importance stratégique en Cisjordanie en termes de poids démographique, de présence tribale et de sa signification religieuse et commerciale. Son ciblage par un projet de fragmentation fait partie d'un plan plus large visant à couper des morceaux de la Cisjordanie sous prétextes d'«administration civile» ou de «sécurité locale» afin qu'ils soient ensuite remis au contrôle des colonies.
Les expériences précédentes nous avertissent: Liens des villages et projet de partage fonctionnel
L'expérience historique nous dit que ce n'est pas la première fois que l'occupation cherche à implanter des entités alternatives dépourvues de légitimité nationale. Ces politiques ont déjà été expérimentées auparavant avec l'expérience des «liens des villages» que Israël a tenté d'imposer dans les années 1970 et 1980 pour imposer des leaders locaux agissant comme substituts à l'Organisation de libération de la Palestine afin de créer une séparation entre le peuple et son leadership légitime. Cependant, le projet a échoué à cause de la conscience nationale populaire et de la position palestinienne réfractaire. Cela enseigne clairement que la fragmentation du leadership et de la société ne passe pas si une conscience et une résistance populaire existent.
Les «liens des villages» n'étaient pas seuls dans ce contexte, mais étaient précédés et suivis par de nombreuses tentatives de consacrer une réalité alternative à la direction nationale, dont la plus significative est le projet de «partage fonctionnel» qui visait à transformer la direction palestinienne en un organe uniquement «de services» sans réelle souveraineté, tandis qu'Israël reste le seul décisionnaire en matière de sécurité et de politique. Ce projet a également échoué car il était en contradiction avec les ambitions du peuple palestinien pour la liberté et la dignité nationale et a révélé le mensonge de l'expression de «paix économique» ou de «gouvernance locale sous occupation».
Recommandations: Que faut-il vraiment?
1. Formation d'un front unifié pour contrer le projet:
Tous les partis palestiniens doivent se hâter de former un front unifié pour faire face à ce projet et le considérer comme une ligne rouge.
2. Réactiver les institutions de l'OLP sur des bases nationales:
Activer et moderniser les institutions de l'Organisation de libération de la Palestine pour qu'elles soient un chapeau rassembleur avec un programme politique commun pour tous les partis, mettant fin à la fragmentation et au sabotage systématique.
3. Lancer une campagne médiatique et de sensibilisation populaire:
Renforcer la conscience populaire des dangers du projet de «l'émirat d'Hébron» et de ses semblables, et intensifier les campagnes médiatiques à l'intérieur et dans la diaspora pour dévoiler les plans de l'occupation.
4. Mettre fin immédiatement à la division:
On ne peut pas faire face aux projets d'occupation et de déplacement sans mettre fin à la division politique et former un gouvernement de consensus ou un gouvernement d'unité nationale avec un programme de résistance clair.
5. Organiser des élections législatives et présidentielles générales:
L'un des principaux facteurs permettant à l'occupation de faire passer ses projets de fragmentation est la poursuite de l'absence de participation populaire large dans la prise de décision palestinienne. Par conséquent, la tenue d'élections présidentielles et législatives honnêtes et transparentes est une nécessité nationale pressante pour renouveler les légitimés et stopper la monopolisation de la décision par une poignée de personnes étroites et renforcer le front intérieur. La poursuite de la situation actuelle et l'accentuation des manifestations de corruption administrative et financière dans certaines institutions gouvernementales créent un environnement propice à l'infiltration de l'occupation et à la mise en œuvre du projet des «émirats» en Cisjordanie.
6. Mouvement arabe et international coordonné:
Appel à la Ligue arabe, à l'Organisation de la coopération islamique et à tous les pays amis du peuple palestinien pour rejeter ce projet et s'y opposer par la voie diplomatique et juridique.
7. Activation de la résistance populaire:
Soutenir la résistance populaire à Hébron et dans ses environs comme première ligne de défense contre tout projet qui pourrait commencer à s'infiltrer sous le nom de «gouvernance tribale» ou de «stabilité locale».
8. Dévoiler les symboles de la normalisation et de l'incitation:
Révéler les noms et les personnalités qui promeuvent ce projet à partir du territoire palestinien ou de l'extérieur et dénoncer leurs liens avec des entités sionistes.
«L'émirat d'Hébron» n'est pas qu'une simple idée passagère, mais l'extension d'un plan sioniste profond visant à frapper tous les fondements de l'unité palestinienne. Le silence sur ce projet équivaut à une acceptation du projet de «cantons» qui pourrait toucher chaque ville et village en Cisjordanie. Le conflit avec l'occupation n'est plus seulement sur la terre, mais aussi sur l'identité et la conscience.
D'ici, le refus doit se transformer en une action politique et populaire organisée et un plan national global qui redonne de la valeur au projet de libération palestinien face à la fragmentation. Aujourd'hui, il ne suffit pas de dire non, mais d'agir. Chaque Palestinien doit devenir le gardien de son unité, et chaque institution doit être une arme face au démantèlement, car l'histoire nous enseigne que les projets sionistes échouent quand le peuple se lève uni.
Les «liens des villages» sont tombés, le «partage fonctionnel» a échoué, et le projet de «l'émirat d'Hébron» tombera également, à condition que nous nous levions unis.
Gaza ou deux Gaza
Les forces internationales à Gaza : entre protection de l'occupation et atteinte à la souv...
Arafat, Abbas.. entre le leader et le président ?!
Mouvement Fatah entre pouvoir, État et résistance armée
Récupération des relations entre le protecteur et le client
Gouvernance des institutions et lutte contre la corruption en Palestine : entre devoir nat...
Vers une vision nationale qui transforme le "cessez-le-feu" en fin de l'occupation