Cette médaille en diamant
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Cette médaille en diamant

Le premier jour du Championnat annuel de Palestine est terminé... mais je me sens encore comme si ma respiration était suspendue dans l'air de la piscine, avec les cœurs des gens autour de moi qui battent dans ma poitrine.

Mes victoires dans toutes mes courses n'ont pas été la plus belle chose qui soit arrivée - le plus beau, c'est que j'ai découvert une nouvelle signification de la natation ici, chez moi, entre des visages que je connais et qui me connaissent.
Cette fois, la victoire n'était pas ce qui m'occupait
C'était le sentiment... la patrie... les petits yeux qui me suivaient... et le message que je porte.

Dans cet endroit précis, lorsque l'appel retentit et que tout le monde se tient sous le même drapeau, je sens que je ne nage pas seule - je sens que la patrie nage avec moi. 

Dans les compétitions à l'étranger, je représente la Palestine pour faire flotter le drapeau de mon pays, pour faire entendre notre cause au monde, et pour prouver notre existence..

Mais ici... je nage pour les visages qui me ressemblent, pour les filles qui font leurs premiers pas sur le carrelage de la piscine, pour chaque petit rêve qui cherche quelqu'un qui y croit.

Et pour leur dire "vous pouvez... et que le chemin qui semble difficile peut être franchi." Et que je ferai mon chemin jusqu'à mon dernier souffle.

Chaque mot "héroïne" et "fierté" "merci pour votre effort" n'a pas été qu'un simple soutien...

C'était me tenir la main sans que je ne la voie pour éteindre une fatigue, et allumer une nouvelle responsabilité.

Et pour dire: "rêve plus... car nous te voyons."

Je n'ai jamais vu autant d'amour que ici, sur notre terre.

Des petites filles courent vers moi comme si elles couraient vers une petite Palestine dans ma poitrine.

Elles me demandent des choses sur la vitesse et les courses, sur la première fois où j'ai vu une piscine olympique, et sur la plateforme de plongeon, si elle est haute et effrayante, et sur notre équipe dans la diaspora et comment elle s'entraîne.

Elles me disent: "quelles chanceux... ils ont tout!"

Alors je leur réponds: "mais eux aussi veulent venir en Palestine pour vous voir et nager avec vous." Mais ce qu'elles demandent vraiment c'est:

"Notre rêve est-il possible dans cette patrie?"
Et je leur réponds:

"C'est possible... et même plus."

Et à des parents qui me disent que leur fille veut être "la prochaine Maya".

Et des entraîneurs et des juges de tous les clubs qui voient dans mes pas une avancée pour chacune d'elles.

Et ma mère vient... qui ne manque pas une occasion de me rappeler ce qui est plus important que les médailles:

"Maman, il y a des filles qui ont peur... parle-leur et encourage-les."

"Il y a cette petite fille qui est triste parce qu'elle n'a pas eu de médaille... va lui parler."

Elle enroulait tous les petits détails, comme si elle me montrait ce que signifie être un modèle avant d'être une héroïne.

Cela me fait mal de voir des camarades qui ont arrêté de nager à cause de la difficulté de se déplacer et du manque de moyens, mais en même temps, ce grand nombre de nageurs participant cette année me donne un grand espoir que ce sport continue de progresser.

Les moments les plus difficiles de ce championnat ont été d'y parvenir, pas d'y participer.
Des chemins fermés... le temps qui file... et l'essai d'arriver avant l'échauffement.
Mais nous ne sommes pas arrivés.
Et pourtant, nous avons nagé - comme nous en avons l'habitude - sans échauffement, sans podium, sans piscines olympiques. Mais nous avons nagé avec un cœur de fer et au nom de la Palestine et cela nous suffit!

Et malgré tout... ou peut-être à cause de tout... je sens ici que je ne suis pas seulement une nageuse.

Je fais partie d'une grande famille appelée Palestine.

De cette piscine, mes rêves ont grandi, et c'est ici que des filles ont fait leur chemin vers l'histoire, et c'est ici que je continuerai mon chemin... peu importe la lourdeur des conditions et l'intensité des barrières.

Et si mon destin est d'inspirer une seule nageuse,

d'ouvrir une fenêtre de rêve dans les yeux d'une seule petite fille palestinienne...

Alors c'est la victoire qui n'est pas faite d'or, mais de quelque chose de plus précieux...

C'est ma médaille en diamant.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.