Loi sur le commerce électronique : L'équilibre entre l'intérêt économique et les droits des consommateurs
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Loi sur le commerce électronique : L'équilibre entre l'intérêt économique et les droits des consommateurs

Dans le contexte de la transformation radicale que connaît le monde vers le numérique et l'électronique, et l'augmentation de la dépendance au commerce électronique comme moyen principal d'échange commercial, il est devenu essentiel d'établir un cadre juridique solide garantissant la sécurité et la sûreté des transactions numériques, tout en tenant compte de l'équilibre entre l'intérêt économique et les droits des consommateurs. Avec la prolifération de la fraude qui menace la crédibilité du secteur, le besoin urgent de législations garantissant la transparence et l'équité se fait ressentir, tout en protégeant les fondements du système économique. De nombreux pays ont pris l'initiative d'émettre des lois régissant ce domaine, soit à travers des lois générales régissant les transactions numériques dans un cadre global, soit via des lois spécifiques organisant le commerce électronique, comme c'est le cas avec la législation émiratie relative au commerce via des moyens technologiques modernes. La Palestine n'a pas été une exception, puisque elle a pris une mesure importante en adoptant une loi spécifique régissant le commerce électronique de manière autonome, dans un effort de construire un avenir numérique avancé garantissant les droits de tous et soutenant la croissance économique durable.

Objectifs et vision

Dans ce contexte, la version palestinienne de la loi sur le commerce électronique a été élaborée, définissant ses objectifs à travers trois groupes principaux : le premier concerne la protection des consommateurs contre les pratiques frauduleuses, le second vise à soutenir l’investissement et l’innovation dans le secteur privé, et le troisième cherche à renforcer le rôle de l’État dans la réalisation d’un développement économique durable.

Registre du commerce électronique

Le projet de loi susmentionné repose sur la création d'un registre électronique servant de colonne vertébrale pour la conservation des données et des garanties nécessaires pour organiser l'espace commercial numérique, où il est exigé que les opérateurs de commerce électronique (fournisseur électronique) s'y inscrivent, avec des exceptions pour certaines catégories nécessitant des démarches particulières, telles que la vente et l'achat de biens immobiliers, qui sont considérées comme une exception à l'application générale. En vertu de l'ébauche actuelle de la loi, des règles impératives sont imposées, exigeant l'enregistrement officiel avant le début de toute activité commerciale électronique, tout en définissant des normes précises, dont la nécessité de disposer d'une adresse fiable pour le magasin électronique et d'adopter une politique claire validée par le ministère de l'économie, couvrant les politiques de tarification, de garantie, d'entretien, ainsi que les politiques de protection des données personnelles des clients, où le fournisseur électronique est légalement tenu de garantir la sécurité des informations et des droits des individus, et assume la responsabilité de la protection des données et d'obtenir les consentements nécessaires lors de leur collecte, conformément au projet de loi sur la protection des données personnelles. Le ministère de l'économie sera responsable de la collecte des frais liés aux opérations d'enregistrement, cependant, l'absence de règlements détaillés concernant le montant de ces frais entrave actuellement l'évaluation de l'efficacité du système et de sa capacité à encourager l'enregistrement, ou à créer un risque d'hostilité à son égard.

Vente électronique, publicité et contrat

Le projet de loi aborde l'organisation du contrat électronique, cherchant à définir les données essentielles devant être disponibles pour garantir la sécurité et la transparence des transactions, parmi lesquelles le nom du magasin, le détail du produit, ses prix, les conditions de paiement, et d'autres exigences nécessaires pour garantir les droits de toutes les parties. Il a également accordé une grande importance à la réglementation des publicités électroniques, soulignant la nécessité de leur clarté et de la mise en évidence du nom du magasin et de son numéro d'enregistrement, tout en fournissant une explication complète et claire des produits ou services offerts, en plus de la détermination des prix et de la durée de validité, afin de garantir l'intégrité et la crédibilité des informations. Le législateur s'est efforcé de s'assurer que les contrats et les publicités soient exempts de tromperie ou de désinformation, en accord avec les principes de protection des consommateurs, où l'usage de marques commerciales contrefaites ou non autorisées dans les publicités a été interdit, tout en interdisant la vente ou la promotion de produits violant les droits de propriété intellectuelle ou industrielle, dans une démarche reflétant le souci de la législation de promouvoir les principes de protection des droits de propriété intellectuelle, de renforcer la confiance, et de protéger les droits des détenteurs de marques et des investisseurs, ainsi que ceux des consommateurs.

Justice fiscale

La question de la justice fiscale dans le cadre du projet de loi soulève des interrogations fondamentales concernant le principe de "l'égalité entre le commerce traditionnel et le commerce électronique", sachant que l'absence d'un cadre légal clair régissant le commerce électronique antérieurement a jeté une ombre d'ambiguïté sur les responsabilités fiscales imposées sur les transactions numériques. Ainsi, le projet de loi impose au fournisseur électronique de délivrer des factures fiscales pour toutes les opérations de vente et d'achat, qu'il s'agisse de produits, de services ou de frais de transport, soumettant le commerce électronique aux mêmes normes fiscales appliquées aux entreprises commerciales traditionnelles.

Cependant, cette mesure soulève un vif débat juridique et économique, est-il juste d'imposer des factures fiscales sur toutes les opérations de vente et d'achat en ligne ? L'objectif est-il d'atteindre l'égalité entre le commerce traditionnel et le commerce électronique ? L'égalité est-elle ainsi respectée ? Est-il possible d'exempter le commerce électronique simple des taxes ? Ou d'y appliquer des taxes réduites ? Comment peut-on, en fait, définir ce qu'est un commerce électronique simple ? Quels sont les critères ? Quel est l'impact de l'imposition fiscale sur les propriétaires de magasins électroniques ? Y a-t-il un risque que les propriétaires de commerce électronique évitent de s'inscrire pour échapper aux impôts ? Et inversement, est-il juste de demander aux propriétaires de commerce traditionnel d'assumer un fardeau fiscal plus lourd tout en exonérant les propriétaires de commerce électronique ? En fin de compte, comment cela impacte-t-il l'intérêt supérieur qui consiste à atteindre une croissance économique durable.

Plaintes et sanctions

Le projet de loi a compris la désignation d'un canal de communication pour recevoir les plaintes afin de renforcer les mécanismes de contrôle de l'application de ses dispositions, prévoyant trois types de sanctions, commençant par la fermeture immédiate des magasins électroniques, une mesure qui devrait normalement nécessiter une coordination préalable avec le ministère de la Technologie de l'Information et de la Communication, bien que la loi ait utilisé le terme "autorités compétentes" pour indiquer l'autorité d'imposer cette mesure, ce qui soulève des questions concernant la clarté et la mise en œuvre de cette décision. La seconde sanction est une peine de prison allant jusqu'à trois ans, tandis que les troisièmes sanctions concernent l'imposition d'amendes pouvant atteindre quatre mille dinars, reflétant la rigueur et la seriousness des mesures pour garantir le respect des dispositions de la loi.

Défis de l'application de la loi

En plus du débat légitime sur la justice fiscale évoqué dans cet article, il est à noter que la loi se limite à son application au commerce électronique à l'intérieur des frontières de l'État, ce qui représente un traitement incomplet de la réalité du commerce électronique. Il existe de nombreuses activités électroniques se déroulant en dehors des frontières de l'État mais pratiquées sur son territoire, plaçant un fardeau inéquitable sur les citoyens et les investisseurs nationaux, incitant ainsi les parties prenantes à contourner la loi en hébergeant leurs sites sur des serveurs extérieurs pour éviter les obligations. D'autres législations ont abordé ce problème en imposant l'application de la loi à quiconque exerçant une activité commerciale par des moyens techniques, qu'il soit à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, incluant les moyens de paiement et les services logistiques liés au commerce électronique. Par conséquent, il est impératif d'élargir le champ des législations pour inclure toutes les activités de commerce électronique, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, et d'établir un cadre juridique global répondant aux exigences technologiques, garantissant l'équité et la transparence, protégeant les intérêts nationaux et des investisseurs, et renforçant l'environnement commercial numérique contre la manipulation et les violations.

Enfin, il est essentiel d'aborder les défis liés à l'application du projet de loi et à la rectification des situations. Le système doit établir une méthode pratique pour l'application de la loi et mettre en place des plans d'action pour son exécution, plutôt que d'accabler le commerçant et le consommateur avec des systèmes bureaucratiques restreignant l'activité commerciale.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.