
Ziad est mort... et le chômeur est resté sans mélodie
Depuis la première fois où j'ai entendu le nom de Ziad Rahbani, j'étais un garçon essayant de comprendre la vie à travers la vitre de la radio, et la chanson "Je ne suis pas infidèle" criait en face de moi et ouvrait dans ma tête une porte qui ne se fermait jamais. La voix de Ziad n'était pas familière, il n'était pas un chanteur traditionnel, ni même un écrivain ou un compositeur éphémère. C'était un état de pensée, psychologique, social, une voix pour ceux qui n'ont pas de voix, et un miroir fissuré qui nous reflète, avec nos faiblesses, nos défaites et notre sarcasme envers tout.
Depuis ce moment, mon voyage avec Ziad a commencé, je ne me suis pas contenté de l'écouter. J'ai cherché chaque pièce de théâtre, chaque enregistrement, chaque interview. "Et pour demain, quoi ?", "Un film américain long", "La descente de la joie", étaient mes arrêts pour découvrir le Liban autre, le Liban des gens, pas le Liban du pouvoir et des cartes de partis. J'ai découvert à travers lui que l'art peut être plus qu'une beauté... il peut être une douleur belle.
Ziad est parti ? Non, il s'est en effet retiré de la lumière comme il le faisait toujours. Un homme qui aime les ombres et ne fait pas beaucoup confiance aux caméras. Pourtant, il est indéniable que le Liban, et nous avec lui, avons perdu une grande ombre.
Ziad n'était pas seulement le fils de Fairouz et Assi; même si cette naissance lui a donné une base artistique exceptionnelle. Il a cependant défié même cette sacralité, transformant sa mère d'une icône de pureté en une femme qui chante "Qu'est-ce que cet amour qui me tombe dessus ?", et "Arrête de souffler de la fumée à ma figure". Il a brisé le moule, a tiré Fairouz de sa tour d'ivoire, et l'a installée dans une maison saturée de fumée, de cigarettes, de café et de soupirs... La maison des gens.
Ziad aimait les pauvres, non pas par fierté, mais par similarité. Il n'était pas pauvre au sens économique, mais pauvre en confiance, en estime, en amour, tout comme il y a des "chômeurs" dans chaque rue arabe. Il a donné aux pauvres un rire, il leur a donné un théâtre, il leur a offert Joseph Sakr, cette voix brisée comme un instrument défectueux, mais tantôt sincère que tu peux le croire même s'il te dit que le ciel est vert.
Artistiquement, Ziad n'est pas juste un compositeur. C'est un système de pensée. Il ne reproduisait pas les Rahbani, mais a créé un courant particulier, capable de mélanger le jazz, le théâtre politique, le monologue et la critique, le tout avec un accent beyrouthin qui ne se soucie pas beaucoup de ce qu'on dit à son sujet. Dans "La descente de la joie", il nous a fait rire et pleurer en même temps, en transformant la révolution en un choix entre une "chanson" ou "la mort". Dans "Un film américain long", il voyait le Liban d’en haut, d'un endroit que les politiciens ne peuvent pas voir.
Et en amour ? Je ne connais pas d'artiste qui ait transformé ses relations personnelles en bombes émotionnelles sarcastiques comme l'a fait Ziad. La chanson "Je suis reconnaissant à ta mère" n'est pas seulement un hymne pour les hommes rejetés, mais un document de l'échec de l'amour quand il s'emmêle avec l'oppression et les privilèges de classe. Quant à Carmen Labbess, elle nous a transmis un véritable chapitre de son livre de vie, la chanson "Ça a beaucoup chauffé" était le dernier vestige de la chaleur de cet amour qui n'a pas abouti.
Ziad n'était pas un chanteur, ni un compositeur, ni seulement un homme de théâtre. Il était un système de vérité, et c'est pourquoi les institutions, ni le pouvoir, ni même le public du spectacle ne pouvaient le supporter.
Sa critique de la politique était plus douce que sa critique des gens. Il ne méprisait pas le peuple, il avait peur pour lui. C'est pourquoi il n'a jamais fait tomber l'espoir de ses équations, même lorsqu'il déclare qu'il "n'est pas infidèle", ou quand il nous dit avec fatigue : "J'arrive avec le pauvre peuple". Il ne nous promettait pas la victoire, mais il nous a promis le miroir... et c'est ce qu'un artiste peut offrir de plus sincère.
Ziad est parti ? Non, il s'est retiré d'une scène qui ne lui convenait plus, tout comme il s'est retiré d'une chanson, d'un dialogue, d'un concert, d'un amour. Mais il sera toujours ici, dans les ruelles du théâtre de la ville, dans la voix de Joseph, dans notre embarras en écoutant "Comment ça va ?".
Et pendant que j'écris ces mots, je ne pleure pas seulement Ziad Rahbani, mais une étape en nous, celle qui croyait que le théâtre pouvait changer le monde, que la chanson pouvait guérir, et que la seule vérité suffisait pour que l'homme demeure.
Au revoir Ziad, toi qui nous as appris que le silence est parfois plus éloquant que les applaudissements, et que le "chômeur" n'est pas un état social, mais c'est nous.
Au revoir... Et quel pleur est-ce qui ne ressemble pas à ton rire sarcastique ?

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