Faim sans justice !!
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Faim sans justice !!

J'ai reçu un message de Gaza.

Ce n'est pas un rapport de presse, ni une déclaration politique, ni une plainte via un moyen de communication. C'est un cri humanitaire, écrit avec le pouls d'un affamé, et une voix meurtrie, avec des lettres où la souffrance s'entrelace à la dignité. Je vous le présente tel qu'il m'est parvenu, non pas pour émouvoir vos cœurs, mais pour porter la voix de son auteur... Un appel de l'intérieur de Gaza, de ceux qui refusent de commercer avec la douleur, et de ceux qui restent fidèles à la ville qui saigne chaque jour dans le silence et la dignité. Il m'écrit en disant :
"Mon frère, ça suffit !

Ce qui se passe à Gaza est devenu intolérable... rester silencieux n'est plus possible. Nous vivons à une époque où la farine se vend sur le marché noir, et où les aides qui devraient être un droit pour les gens sont devenues un butin pour ceux qui détiennent du pouvoir ou un tampon ou un camion. Le kilo de farine se vend à 130 shekels, l'huile à 120, les pâtes à 90, et les lentilles à 70. Les gens font la queue pendant des jours en espérant obtenir un sac ou une boîte, tandis que les cargaisons se vendent derrière des portes à ceux qui paient le plus."

Ce n'est pas une scène exceptionnelle ou rare, mais la réalité quotidienne vécue par les habitants de Gaza dans des tentes de fortune, des quartiers dévastés et des centres d'accueil délabrés. Ce qui exacerbe la blessure, c'est que ceux qui volent les aides ne sont pas des étrangers... mais des institutions locales, des entrepreneurs, des commerçants, des personnalités associées à "la charité", mais qui sont plongées dans le commerce de la mort. Il ajoute dans son message que les aides qui arrivent sont vendues avec le sang et la dignité de nos gens, et la meilleure preuve de cela est l'institution humanitaire de Gaza (aides américaines) qui ne distribue pas équitablement, même ceux qui prétendent à la démocratie tuent des jeunes, des enfants et des femmes aux points de distribution, une bouchée trempée de sang.

Et il poursuit dans son message :

"Le problème n'est pas seulement dans l'occupation, mais en nous... en nous. Ceux qui ont vendu des cargaisons de farine aux restaurants et aux boulangeries, ceux qui vendent du diesel des hôpitaux sur le marché noir, ceux qui augmentent les commissions de liquidités, ceux qui classent les gens en fonction de qui mérite et qui ne mérite pas, selon les connexions et l'appartenance. Même les malades, leur voyage pour se soigner n'est plus en fonction de leur état... mais selon le paiement et les connaissances !"

Y a-t-il une souffrance plus grande que de transformer les soins en commerce ? Y a-t-il une injustice plus terrible que de rendre la bouchée d'un enfant affamé soumise à des enchères ? Est-il possible que les camions d’aides passent sans atteindre les nécessiteux, tandis que les blessés sont enterrés sans anesthésie ? À Gaza, tout est à découvert, et personne ne peut cacher la vérité. Tout le monde sait qui vend, qui bénéficie, qui se tait, qui détourne le regard. Mais ce qui est plus inquiétant que tout cela, c'est que la faim devienne un outil de contrôle, et que le don devienne une porte d'entrée au pouvoir.

"Notre problème n'est pas seulement l'ennemi qui nous bombarde... le problème est en nous et ceux qui profitent de notre famine, ceux qui transforment la catastrophe en opportunité et qui investissent dans la tragédie. Gaza n'a plus besoin de pitié, Gaza a besoin de justice. Elle a besoin de surveillance. Elle a besoin que l'aide parvienne aux gens et non aux commerçants."

L'auteur du message a clos son appel par une seule phrase qui m'a bouleversé :

"Si la dignité du Palestinien affamé ne triomphe pas... il n'y aura plus de dignité pour quiconque."

Cette phrase ne se suspend pas aux murs, ni ne se dit dans un discours, mais elle s'incruste dans le cœur. Ce n'est pas un appel en colère, mais la voix d'un peuple dont les souffrances ont été pillées, et dont la dignité a été profanée. Gaza ne demande pas l'impossible, mais demande un droit humain simple : manger avec dignité, être soigné avec dignité, vivre avec dignité, et mourir avec dignité. Son message est un dépôt, qui ne doit pas être jeté dans des tiroirs ou étouffé dans l'obscurité. Je la transmets telle qu'elle m'est parvenue, et je la mets devant chaque responsable et chaque personne de conscience :

Soit vous êtes avec Gaza... soit vous êtes avec ceux qui la dévorent en son nom.

Ce que nous revendiquons aujourd'hui n'est pas un luxe, mais un droit fondamental et essentiel : que le vol des aides censées sauver des vies cesse, et que ces aides atteignent pleinement et dignement chaque personne affamée dans le besoin, sans discrimination ni corruption. Nous avons besoin d'une surveillance stricte et transparente qui mette un terme à tous ceux qui exploitent la douleur de Gaza pour s'enrichir aux dépens du sang de ses enfants. Il n'y a plus de place aujourd'hui pour le chaos et le vol qui tuent l'espoir et anéantissent la dignité du peuple palestinien. Si nous ne nous levons pas tous fermement pour faire face à ces crimes, alors nous ne serons pas seulement témoins d'une tragédie continuelle, mais complices. La dignité n'est pas un luxe dont on peut se passer, mais une ligne rouge qu'il ne faut pas franchir, et toute aide qui ne la respecte pas n'est rien d'autre qu'une partie du crime lui-même. Gaza attend plus que des mots de notre part, elle attend une véritable volonté de changer une réalité intolérable.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.