Ghasan Kanfani... Quand la mémoire est assassinée, même si la plume ne se tait pas
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Ghasan Kanfani... Quand la mémoire est assassinée, même si la plume ne se tait pas

Chaque mois de juillet, l'anniversaire ne passe pas... il ouvre dans le cœur une porte sur une douleur qui ne se ferme pas.

Le 8 juillet n'était pas la date de l'assassinat d'un écrivain, mais un moment choisi par l'occupation pour assassiner la mémoire et faire taire la plume qui résonnait plus que les balles.

À Beyrouth, ils ont assassiné Ghasan Kanfani, et dans le siège passager de sa voiture, les rêves de la petite Lamia, fille de sa soeur, se sont éparpillés, écrivant avec son sang les premiers chapitres de l'enfance égorgée sur l'autel de la Palestine.

Ghasan n'a pas été tué parce qu'il a écrit un roman. Il n'a pas été tué parce qu'il était journaliste, il n'a pas été tué parce qu'il a parlé de la Nakba.

Ghasan Kanfani a été assassiné parce qu'il était la mémoire et qu'il était un feu sous les cendres de la nation, et qu'il enflammait les lettres, permettant à la dignité du lecteur et à la peur de l'ennemi de s'embraser.

De la Nakba de 1948, Ghasan est sorti non pas comme un réfugié seulement, mais comme un ambassadeur portant sur ses épaules les blessures d'une patrie déchirée, transformant l'exil en littérature, la perte en boussoles, et les mots en poudre à canon.

Dans une époque de dérive et de trahison, Kanfani est venu crier du cœur de la destruction : ne vous réconciliez pas, ne vous soumettez pas, n'oubliez pas.

Il n'écrivait pas sur la Palestine, mais il écrivait avec elle, depuis son cœur, avec sa douleur, en son nom.
Sa littérature n'était pas des textes à lire, mais des gifles qui réveillent.

Ghasan fabriquait des barricades avec du papier, des tranchées avec des phrases, et des balles de colère avec des personnages dans ses romans.
Chaque histoire qu'il a écrite était un cri contre l'oubli.

Chaque mot était une pierre dans la face du colonialisme.

Il croyait que seule la plume pouvait redessiner les cartes si elle était portée par une main croyante et une conscience qui ne fait pas de compromis.

Dans "Des hommes dans le soleil", il leur a demandé : pourquoi n'avez-vous pas frappé les murs ?

Mais lui, il les a frappés jusqu'à ce qu'ils se brisent.

Dans "Retour à Haïfa", il n'a pas pleuré la tragédie, mais il l'a dénudée.

Et dans "La terre des oranges tristes", il a écrit : ne meurs pas avant d'être un égal... et il est mort en égal.

Ghasan n'a pas porté de fusil, mais il a porté ce qui est plus dangereux : la parole libre.

C'est pourquoi ils avaient peur de lui.

C'est pourquoi ils l'ont assassiné.

Parce qu'ils savent que la parole écrite depuis le cœur de la Nakba est plus puissante que toutes les armes du monde.

Golda Meir ne le voyait pas seulement comme un écrivain, mais comme un danger existentiel, et elle a tracé son sang sur la table décisionnelle, pensant qu'en l'assassinant, elle éteindrait le feu, mais elle ne savait pas que Ghasan Kanfani se transformerait après son assassinat en idée, en drapeau, en une génération entière qui croit que la parole est une position, et que la trahison commence lorsque la plume se tait.

En souvenir de son martyre, nous ne baissons pas les mots, mais nous les élevons comme il les élevait : acérés, sincères, obstinés.
Nous relisons Ghasan non pas pour nous attrister, mais pour apprendre comment la résistance se forge avec de l'encre, comment la littérature se transforme en vengeance, le roman en bataille, et l'écrivain en martyr.

Ghasan Kanfani n'est pas mort, parce que celui qui écrit la Palestine dans les veines des lettres reste vivant dans chaque ligne lue, et chaque conscience qui n'oublie pas.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.