L'économie américaine perd 15 milliards de dollars par semaine en raison de la fermeture du gouvernement

SadaNews - Alors que la fermeture du gouvernement américain entre dans sa sixième semaine, ses conséquences dépassent le cadre de l'arrêt administratif pour se transformer en une crise économique et politique sans précédent dans l'histoire des États-Unis.

Alors que les pertes quotidiennes s'aggravent et que les programmes de soutien social vitaux sont interrompus, le président Donald Trump a vivement critiqué son parti républicain, en tenant la fermeture responsable des pertes lors des récentes élections locales, tandis que Bloomberg a averti des effets financiers profonds qui pourraient affaiblir la croissance et laisser "des cicatrices permanentes" dans l'économie américaine.

Avec la montée de la colère populaire et l'érosion de la confiance dans les institutions, Washington semble enlisée dans une impasse politique qui menace de saper la position de la plus grande économie du monde.

"La fermeture a nui à tout le monde et a affaibli les républicains"

Trump a déclaré lors d'un petit-déjeuner avec des sénateurs républicains à la Maison Blanche, selon le journal Politico, que "la fermeture a été un facteur négatif important pour les républicains", ajoutant : "C'était une nuit passionnante, et nous avons beaucoup appris, mais il est clair que cela n'a été bon pour aucun des partis".

Le président américain a reconnu que la défaite de son parti lors des élections des gouverneurs des États de Virginie et du New Jersey, ainsi que lors de la course à la mairie de New York, était en partie due à "une mobilisation faible de sa base électorale", selon les résultats des sondages auxquels il a fait référence lors de la réunion.

Trump a ajouté : "Les sondages disent que mon absence sur le bulletin de vote a eu un impact négatif sur la participation, je ne sais pas dans quelle mesure c'est vrai, mais je considère cela comme un hommage de dire cela".

Appel à l'annulation de la règle d'interruption

Trump a profité de la réunion pour renouveler son appel à l'annulation de la règle d'interruption qui empêche l'adoption de décisions au Sénat sans une majorité de 60 voix, en disant : "Si nous ne l'annulons pas maintenant, les démocrates le feront lorsqu'ils reviendront au pouvoir. Ce serait une grave erreur".

Cependant, son appel a été accueilli avec froideur par la majorité des républicains au Sénat, qui estiment que la procédure pourrait saper l'équilibre législatif et créer un précédent politique dangereux.

Conséquences économiques catastrophiques de la fermeture

Alors que la crise politique à Washington se poursuit, Bloomberg a révélé que la fermeture actuelle du gouvernement est devenue la plus longue de l'histoire des États-Unis, dépassant le record de 35 jours établi en 2019.

L'agence a indiqué que la fermeture a coûté à l'économie américaine entre 10 et 30 milliards de dollars par semaine, selon diverses estimations, précisant que les pertes "se stabilisent en moyenne autour de 15 milliards de dollars par semaine".

La perte de confiance dans les institutions publiques est devenue l'une des conséquences les plus graves de cette fermeture prolongée en Amérique sans perspective claire (Anadolu)

Bloomberg a expliqué que l'économie américaine "n'est plus capable d'absorber de tels chocs aussi facilement qu'auparavant", en raison de la faiblesse du marché du travail, de l'augmentation de l'inquiétude populaire face à l'inflation, et de la baisse de la confiance des consommateurs.

Elle a cité l'économiste de Barclays, Jonathan Millar, qui a déclaré : "Historiquement, les fermetures gouvernementales n'ont pas causé de catastrophes économiques, mais cette fois, c'est différent".

Pertes directes pour les ménages et les entreprises

L'agence budgétaire du Congrès estime que la prolongation de la fermeture jusqu'à la fin novembre réduira le taux de croissance au quatrième trimestre d'environ deux points de pourcentage, et que pas moins de 14 milliards de dollars du PIB ne seront pas récupérés même après la réouverture du gouvernement.

D'un point de vue social, Bloomberg indique qu'environ 42 millions d'Américains ont perdu ou perdront l'accès complet à l'aide alimentaire dans le cadre du programme de soutien connu sous le nom de "SNAP".

L'administration Trump a annoncé - en réponse à une décision judiciaire - qu'elle utiliserait 4,65 milliards de dollars du fonds d'urgence pour couvrir seulement la moitié des aides mensuelles, suscitant une large inquiétude parmi les familles à faible revenu.

Melissa Lewis, une mère au foyer de l'État du Tennessee, a déclaré : "Je n'ai jamais ressenti un tel manque pour nourrir mes enfants. Le gouvernement se dispute et c'est nous qui avons faim".

Répercussions sur le marché du travail et le secteur privé

Selon Bloomberg, près de 650 000 employés fédéraux ont été licenciés temporairement sans salaire, ce qui pourrait faire grimper le chômage à 4,7 % contre 4,3 % auparavant.

Dans le secteur privé, environ 24 milliards de dollars de contrats fédéraux ont été gelés, et 4800 petites entreprises ont cessé de recevoir des prêts d'une valeur de 2,5 milliards de dollars, destinés à l'expansion de leurs activités par l'intermédiaire de l'agence des petites entreprises.

Neil Bradley, vice-président de la Chambre de commerce américaine, a déclaré que "les entreprises commençaient à subir des pertes accumulées qui affectent leur capacité à s'étendre et à embaucher".

Pression sur les démocrates et les républicains ensemble

Politico a rapporté que les résultats des dernières élections ont permis de donner de l'élan aux démocrates au Sénat, qui refusent d'adopter un nouveau budget sans prolongation du soutien à la loi sur la santé.

Le journal a cité le conseiller démocrate Jared Leopold qui a déclaré : "Ces résultats doivent envoyer un message choquant aux républicains : ils ne peuvent pas ignorer la colère populaire après que la fermeture ait causé une douleur économique réelle pour les Américains".

En revanche, des conseillers républicains estiment que les démocrates utilisent la crise pour renforcer leur position politique, Liam Donovan, un stratège républicain chevronné, a déclaré à Politico : "Les résultats donnent aux démocrates l'occasion de déclarer la victoire et de mettre fin à la crise selon leurs conditions, mais réussir à cela rendra toute solution plus politiquement complexe".

Crise de confiance menaçant les marchés

Bloomberg a averti que si la fermeture se prolonge jusqu'à la saison des achats de décembre prochain, cela pourrait "aggraver la baisse de la confiance des consommateurs et affecter les dépenses pendant la saison des fêtes", ce qui a été confirmé par le chef économiste de Moody's, Mark Zandi, qui a déclaré : "Chaque semaine supplémentaire de fermeture augmente les probabilités de récession et nuit à la croissance en 2026".

Alors que la paralysie entre le Congrès et la Maison Blanche se poursuit, la crise gouvernementale américaine dépasse les frontières de la politique pour se transformer en une menace directe pour la stabilité de l'économie américaine, selon la description de Bloomberg, qui a conclu que l'impact cette fois "ne sera pas temporaire comme auparavant, mais laissera des cicatrices permanentes dans la confiance des investisseurs ainsi que dans les budgets des ménages et des entreprises".

Un désordre total

Sur fond de fermeture du gouvernement, les aéroports connaissent une situation de stagnation, où le manque de contrôleurs aériens entraîne des retards et des annulations de vols, selon l'agence de presse française.

Le secrétaire américain aux Transports, Sean Davy, a déclaré lors d'une conférence de presse à Philadelphie : "Si vous prolongez (la crise) d'une semaine à partir d'aujourd'hui, chers démocrates, vous verrez un désordre total… et de nombreux retards dans les vols".