
Les coopératives en Palestine : des racines profondes et des perspectives prometteuses à l'occasion de la Journée mondiale des coopératives
Le 5 juillet de chaque année, le monde célèbre la Journée mondiale des coopératives. Cette année, nous célébrons sous le thème "Les coopératives construisent un avenir meilleur pour tous", une célébration qui revêt une importance particulière dans le contexte palestinien, où les coopératives ne représentent pas seulement un modèle économique, mais une expression de l'esprit de coopération et de solidarité communautaire ancré dans l'histoire palestinienne depuis des décennies, se manifestant clairement lors de la première intifada et à travers les différentes phases d'occupation.
Des racines historiques profondes
Les racines du mouvement coopératif en Palestine plongent profondément dans l'histoire, les littérature à ce sujet indiquent que l'émergence du modèle de production coopératif dans la Palestine historique remonte aux années 1920. En 1924, la première coopérative enregistrée en Palestine, une coopérative arabe à Acre pour les producteurs de tabac, a été fondée sous le mandat britannique. Ce début n'était pas simplement un hasard, mais une expression d'un besoin réel de coopération et de solidarité face aux défis économiques et politiques. Le mouvement coopératif a connu une croissance remarquable, avec le nombre de coopératives passant à 50 en 1934, atteignant 127 en 1937, pour finalement atteindre 244 coopératives d'ici la fin de 1946. Cette croissance rapide n'était pas aléatoire, mais s'inscrivait dans un cadre légal organisé, avec la promulgation de la première loi régissant le travail coopératif, la loi n° 53 de 1920, modifiée plus tard avec la loi n° 50 de 1933 et le règlement sur les coopératives de 1934, facilitant ainsi la propagation des coopératives et l'organisation de leurs activités.
Les coopératives comme modèle de résistance et de résilience
Ce qui distingue l'expérience coopérative palestinienne des autres, c'est son lien étroit avec la lutte nationale et la résistance. Après la Nakba de 1948 et l'établissement de l'entité sioniste, le mouvement coopératif a été confronté à de nouveaux défis, notamment après l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en 1967, où l'occupation a instauré des obstacles et des entraves au développement du mouvement coopératif, imposant des ordres militaires et des mesures injustes visant à empêcher le développement des coopératives et à restreindre leur activité. Malgré ces défis, les coopératives palestiniennes ont su maintenir leur existence et développer leur rôle, avec 373 coopératives enregistrées en Cisjordanie et 10 en bande de Gaza entre 1970 et 1990. Les coopératives ont joué un rôle crucial dans la résistance aux politiques de l'occupation visant à contrôler l'économie palestinienne et à la lier à l'économie israélienne. Que Dieu ait en sa sainte miséricorde l'ami cher, le défunt Adnan Obeidat, qui a été l'un des pionniers de l'organisation et de la gestion des coopératives en Palestine, originaire de son village natal Kafr Soum en Jordanie.
Le rôle de développement et social
Les coopératives en Palestine représentent un modèle économique et social qui illustre l'état de coopération et de solidarité communautaire, contribuant au processus de production, notamment agricole, et constituant une alternative à la dépendance de l'économie israélienne. Les coopératives aident à briser le cycle de la pauvreté et du chômage, favorisent le progrès vers la souveraineté alimentaire et représentent une base sociale plus large pour l'économie nationale. De plus, la nature coopérative de l'organisation du travail contribue à combler les lacunes de l'apathie communautaire et politique, et à établir des relations à l'échelle sociale, économique et politique entre ses membres.
Selon les statistiques du Département du travail coopératif du ministère du Travail en Palestine, le nombre de coopératives enregistrées en Cisjordanie jusqu'à la fin de 2018 était d'environ 699 coopératives, réparties sur cinq secteurs principaux : 37,6 % dans le secteur agricole, 31,8 % dans le secteur du logement et 24,2 % dans le secteur des services, en plus d'autres secteurs. Malgré ces chiffres, le mouvement coopératif palestinien fait face à d'importants défis, les statistiques indiquant que la participation palestinienne à la production coopérative reste inférieure à 1 % alors que la moyenne mondiale s'élève à environ 12 %. Cette situation reflète le besoin d'efforts supplémentaires pour développer le secteur coopératif et renforcer son rôle dans l'économie palestinienne. Parmi les défis majeurs auxquelles les coopératives palestiniennes sont confrontées aujourd'hui, on trouve le contrôle de l'occupation israélienne sur jusqu'à 76 % des zones classées (C), limitant ainsi la capacité des coopératives à accéder aux terres et aux ressources naturelles.
Opportunités et perspectives d'avenir
Malgré les défis, les coopératives palestiniennes portent un potentiel important pour contribuer au développement économique et social. Elles reviennent au premier plan en tant que modèle de production visant à protéger la terre, et constituent une voie d'émancipation du marché occupé autant que possible, notamment face à l'augmentation des taux de chômage parmi les jeunes suite à la guerre sur Gaza et la nécessité d'affronter le contrôle colonial sur les ressources. Il existe en Palestine une union coopérative générale, en plus de six unions coopératives sectorielles, dont l'Union des coopératives agricoles fondée en 1966 et l'Union des coopératives de logement fondée en 1997, ainsi que d'autres unions spécialisées.
Recommandations et vision future
Pour renforcer le rôle des coopératives en Palestine, un ensemble de mesures et de politiques est nécessaire. Premièrement, il est essentiel de développer le cadre légal et organisationnel des coopératives, surtout après que le Premier ministre a dissous et intégré l'Autorité du travail coopératif au sein du ministère du Travail.
Deuxièmement, il est nécessaire d'accroître la sensibilisation à l'importance du travail coopératif et de promouvoir la culture de la coopération, notamment parmi les jeunes et les diplômés universitaires. Troisièmement, il faut fournir un soutien financier et technique aux coopératives, et développer des programmes de formation et d'aptitude pour le personnel du secteur coopératif.
Quatrièmement, renforcer la coopération entre les coopératives et les institutions civiles et gouvernementales, et cinquièmement, tirer parti des expériences mondiales réussies dans le domaine des coopératives, tout en tenant compte des spécificités palestiniennes et du contexte colonial vécu par la Palestine.
À l'occasion de la Journée mondiale des coopératives, nous nous rappelons que la coopération et les coopératives ne sont pas de simples concepts modernes importés, mais font partie du patrimoine palestinien et de l'identité collective du peuple palestinien. Depuis les années 1920, les coopératives palestiniennes ont prouvé leur capacité à résister et à se développer malgré tous les défis. Aujourd'hui, alors que les Nations Unies ont proclamé 2025 comme l'année internationale des coopératives sous le slogan "Les coopératives bâtissent un monde meilleur", la Palestine se trouve à une opportunité en or de revitaliser et de développer le mouvement coopératif pour en faire un véritable levier pour l'économie palestinienne et un moyen efficace de relever les défis économiques et sociaux.
La philosophie de la coopération et des coopératives n'est pas étrangère aux Palestiniens, elle s'imbrique avec les valeurs et les traditions héritées au sein de la culture palestinienne, et constitue un outil essentiel pour s'ancrer à la terre et faire face aux politiques coloniales. Ce qui est requis aujourd'hui, c'est de redonner sa place au secteur coopératif et de le considérer comme un réseau de protection économique et sociale essentiel, et non pas simplement comme une composante du système de marché libre.
Les coopératives palestiniennes comportent en elles un potentiel énorme pour contribuer à la construction d'une économie nationale indépendante et résiliente, et méritent tout le soutien et l'attention de la société, du gouvernement et des institutions internationales. En effet, les coopératives ne sont pas de simples institutions économiques, mais sont l'expression de l'esprit du peuple palestinien et de sa capacité à coopérer et à se solidariser dans les conditions les plus difficiles.

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