Un ancien ambassadeur israélien : l'érosion de l'annexe sécuritaire des accords de Camp David annonce une confrontation avec l'Egypte
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Un ancien ambassadeur israélien : l'érosion de l'annexe sécuritaire des accords de Camp David annonce une confrontation avec l'Egypte

SadaNews - L'ancien ambassadeur israélien en Égypte et au Maroc, David Govrin, a affirmé que l'Égypte "travaille depuis des années à une érosion progressive de l'annexe sécuritaire de l'accord de Camp David, en imposant de nouveaux faits sur le terrain".

Dans un article publié par le quotidien israélien "Yediot Ahronot", il a déclaré que "les derniers développements à Gaza pourraient donner au Caire un prétexte pour renforcer sa présence militaire dans le Sinaï de manière sans précédent", avertissant que ceci "pourrait ouvrir la voie à une confrontation future entre les deux pays".

Govrin considère que l'annexe sécuritaire obtenue après de "longues et épuisantes négociations" dans le cadre de l'accord de Camp David signé le 17 septembre 1978 entre l'Égypte et Israël, a constitué un succès stratégique pour Israël.

Il a ajouté que le conseiller juridique du ministère des Affaires étrangères israélien à l'époque, Meir Rosen, avait insisté sur des arrangements de désarmement comme garantie pour Israël après son retrait du Sinaï et la perte de ce qu'il appelait la profondeur stratégique, soulignant que cette clause est l'un des gains les plus importants qu'Israël a réalisés grâce au traité.

Selon l'ancien ambassadeur israélien, "l'Égypte a continué à considérer ces arrangements comme une "violation de la souveraineté de l'État". Il a noté que les responsables égyptiens qu'il a rencontrés lors de son service au Caire "estimaient qu'il était temps d'annuler les restrictions militaires dans le Sinaï".

Il a également mentionné dans son article que "les Égyptiens utilisaient l'expression de souveraineté diminuée pour décrire les restrictions qui leur étaient imposées, considérant qu'Israël était celui qui avait déterminé le nombre de soldats et les types d'armes autorisés".

Govrin a cité la visite du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à la base "Al-Maliz" en avril 2018, où des vidéos de l'armée égyptienne montraient des avions de chasse F-16 alignés sur les pistes, bien que leur vol soit interdit dans l'espace aérien du Sinaï selon l'annexe sécuritaire. L'auteur a considéré cela comme "un geste symbolique qui était un message clair sur la volonté de l'Égypte de contourner les restrictions en pratique, sous prétexte de la guerre contre le terrorisme".

Govrin a souligné que Le Caire "a demandé à plusieurs reprises à Israël de permettre une augmentation de son contingent militaire dans le Sinaï sous le prétexte de faire face aux groupes armés, ce qui a contribué à un changement progressif de la réalité". Cependant, il n'a pas précisé si l'Égypte avait obtenu une approbation israélienne à cet égard.

L'article aborde également le fait que l'Égypte éprouve une grande inquiétude face à la possibilité d'un afflux de Palestiniens sur son territoire en raison de la poursuite des opérations de déplacement et d'extermination israéliennes dans la bande de Gaza, affirmant que Le Caire considère cela comme une menace directe pour sa sécurité nationale et refuse tout règlement qui se ferait à ses dépens.

Il a également mentionné le refus du président égyptien en début d'année de l'offre faite par le président américain Donald Trump d'accueillir les Palestiniens dans le Sinaï en échange d'un généreux paquet financier, ce qui révèle la sensibilité de ce dossier pour Le Caire.

Confrontation Potentielle

Govrin s'est arrêté sur le discours récent de Sissi lors du sommet arabo-islamique qui s'est tenu récemment au Qatar, où il a décrit Israël comme un "ennemi", une première depuis la signature du traité de paix. Il a considéré que cette description reflète une colère égyptienne accumulée, en raison du génocide à Gaza, ainsi que le gel par Israël de l'approbation d'un énorme contrat de gaz d'une valeur de 35 milliards de dollars.

Selon Govrin, l'escalade israélienne à Gaza et la crainte de l'Égypte d'un afflux de réfugiés ont poussé Le Caire à renforcer sa présence militaire à Rafah, ce qui pourrait se transformer en un point de départ pour un changement durable dans l'équilibre des forces dans le Sinaï. Il a averti que la poursuite de ce processus pourrait offrir à l'Égypte une opportunité d'exploiter les circonstances pour élargir sa présence militaire, tout en maintenant cela même après la fin de la guerre, ce qui ressemble à une érosion progressive de l'annexe sécuritaire.

Pour éviter cette éventualité, il appelle Israël à "exprimer officiellement, publiquement et de manière décisive qu'il n'a pas l'intention de provoquer une migration forcée des Palestiniens de la bande de Gaza, soulignant qu'une telle déclaration d'une source politique de haut niveau et reconnue pourrait atténuer les tensions dans le discours qui a lieu dans les médias entre les deux parties".

Il a également averti que "le scénario le plus dangereux consiste à lier Le Caire le retrait de l'armée israélienne de l'axe Philadelphie, à la préservation de l'accord, ce qui placerait Tel-Aviv dans un véritable dilemme".

Selon Govrin, Israël aura du mal à compter sur la force multinationale dans le Sinaï ou même sur les États-Unis pour obliger l'Égypte à revenir aux restrictions précédentes, ce qui pourrait les laisser face à une nouvelle réalité marquée par une armée égyptienne plus forte et plus déployée à leurs frontières sud.

Il a conclu son article en disant que "l'alternative à la riviera palestinienne à Gaza pourrait être un nouvel affrontement militaire avec l'Égypte", en faisant allusion au fait que la poursuite de l'érosion de l'annexe sécuritaire pourrait raviver les craintes de conflit entre les deux plus grandes armées de la région, sapant l'un des succès les plus importants d'Israël depuis la signature de l'accord de paix il y a plus de 4 décennies."