La décision du Fonds souverain norvégien de se retirer d'Israël provoque des tensions avec Washington
Économie internationale

La décision du Fonds souverain norvégien de se retirer d'Israël provoque des tensions avec Washington

SadaNews - La décision du Fonds souverain norvégien, le plus grand au monde avec des actifs dépassant les deux trillions de dollars, a suscité un large débat en Europe et aux États-Unis après l'annonce de son retrait d'investissements dans 29 entreprises liées à Israël, dont la société américaine "Caterpillar".

Le quotidien Bloomberg a précisé que cette mesure est survenue à la suite d'une révision gouvernementale ordonnée par le ministre des Finances Jens Stoltenberg, qui a justifié la décision par "des raisons humanitaires", en soulignant que l'utilisation des bulldozers "Caterpillar" pour démolir des biens palestiniens à Gaza et en Cisjordanie était un facteur décisif ayant conduit à l'adoption de cette position controversée.

Une équation de neutralité

Selon Bloomberg, le fonds a été créé il y a 35 ans dans un objectif unique : maximiser les rendements financiers au bénéfice des générations norvégiennes futures, loin de la politique. Cependant, les développements mondiaux rapides ont poussé cet organisme, qui gère l'argent du pétrole et du gaz, à bouleverser l'équation de la neutralité.

Son investissement dans des entreprises liées à l'armée israélienne s'est transformé en un sujet électoral brûlant en Norvège, coïncidant avec l'approche des élections prévues lundi prochain, faisant de la question des investissements un sujet de débat populaire et politique aussi important que des questions de la vie quotidienne comme le logement et la hausse des prix alimentaires.

Colère américaine

La décision d'Oslo a suscité des réactions de colère à Washington. Le sénateur républicain Lindsey Graham, proche allié du président Donald Trump, a écrit sur la plateforme X : "Votre décision irresponsable ne passera pas sans réponse".

Selon ce qu'a rapporté Bloomberg, Graham a ajouté qu'il travaillait à imposer des restrictions sur les visas des employés du fonds, considérant que "le comportement du fonds souverain norvégien est honteux".

Le journal a également indiqué que la Norvège n'avait pas encore signé d'accord commercial avec les États-Unis, qui ont déjà imposé des droits de douane de 15 % sur ses produits, ce qui pourrait ouvrir la voie à une intensification du conflit commercial.

Conséquences financières et diplomatiques

La décision norvégienne ne s'est pas limitée à un retrait d'investissements de "Caterpillar", mais a inclus 29 autres entreprises, ce qui suscite des questions sur ses impacts sur les relations de la Norvège avec les entreprises mondiales et les marchés américains.

En revanche, les partisans de la décision en Norvège estiment que le retrait reflète un "engagement moral" en adéquation avec les positions humanitaires demandées par l'opinion publique, notamment après le martyr de plus de 63 000 victimes à Gaza depuis octobre 2023, selon le ministère palestinien de la santé.

Un paysage flou avant les élections

Le rapport de Bloomberg conclut que la Norvège se trouve devant une équation délicate. D'une part, elle cherche à maintenir la réputation de son fonds comme un instrument financier neutre qui favorise le bien-être des générations futures, et d'autre part, elle fait face à une pression croissante tant intérieure qu'extérieure pour justifier ses décisions d'investissement à dimension politique.

Alors que les électeurs norvégiens se préparent à voter, il est clair que la question du fonds souverain s'est transformée d'un sujet purement financier en une carte politique sensible, menaçant d'enflammer des différends diplomatiques et économiques de grande envergure avec les alliés d'Oslo à travers l'Atlantique.

Source : Bloomberg