
La levée des restrictions américaines ouvre une fenêtre aux exportations syriennes et à la reprise économique
SadaNews - Dans une démarche qualifiée de tournant stratégique concernant la Syrie, l'administration américaine a annoncé en juin dernier l'annulation de la plupart des sanctions économiques imposées à Damas, et le ministère du Commerce américain a rapidement emboîté le pas en annonçant un assouplissement des restrictions à l'exportation de biens civils, allant des équipements techniques avancés aux logiciels à usage non militaire.
Ces décisions ouvrent la porte aux entreprises américaines pour traiter avec la Syrie sans avoir besoin de licences exceptionnelles. Ces biens comprennent des appareils de communication et des pièces pour l'aviation civile, ce qui indique clairement l'intention de Washington de préparer le terrain pour une intégration économique progressive.
La décision a été accueillie officiellement à Damas, considérée comme le début d'une nouvelle phase d'ouverture. Dans une déclaration exclusive à "Sharq", le gouverneur de la Banque centrale syrienne, Abdul Qadir al-Hasriya, a déclaré que cette étape représente "un événement historique qui reconnecte la Syrie à la toile du système financier mondial, après une interruption de près d'un demi-siècle".
Al-Hasriya a précisé que l'ouverture des canaux de communication bancaire internationaux, notamment à travers le retour à la connexion avec le réseau SWIFT, "permettra de réduire les coûts élevés qui ont pesé lourdement sur l'économie syrienne pendant les années d'embargo, et ouvre la voie à la récupération des fonds syriens gelés à l'étranger, ainsi qu'à la création de nouveaux instruments financiers pour financer le budget public".
La décision américaine ouvre des opportunités pour la relance de secteurs clés et importants de l'économie syrienne, allant de l'agriculture au textile, à la pharmacie, jusqu'à l'énergie, le transport et l'aviation.
L'agriculture : espoir de sortie et de lutte contre la sécheresse
Les experts qualifient la décision américaine de "bouée de sauvetage" pour le secteur agricole, qui a été épuisé par des années de guerre et le manque de ressources, car la levée des sanctions ouvre la voie à l'importation d'engrais avancés, d'équipements d'irrigation modernes, et de machines et outils agricoles, permettant ainsi de faire face à la sécheresse chronique et de réaliser un bond productif.
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Le ministère syrien de l'Agriculture et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont confirmé que la disponibilité de moyens modernes "permettra de multiplier l'efficacité des systèmes d'irrigation, ce qui signifie des récoltes plus compétitives à coût réduit".
Cette ouverture pourrait donner à la Syrie la chance de récupérer ses marchés agricoles dans les pays voisins et du Golfe, qui dépendent largement des importations pour répondre à leurs besoins en grains, légumes et fruits.
Mazhen Aloush, directeur des relations à l'Autorité générale syrienne pour les ports terrestres et maritimes, estime que la décision américaine "représente un tournant majeur dans la trajectoire de la reprise économique, et reflète le début d'un changement dans les politiques économiques envers la Syrie".
Aloush a confirmé dans des déclarations exclusives à "Sharq" que l'importance de la décision réside dans le fait qu'elle "ouvre la porte à l'afflux direct de marchandises et de matières premières ainsi que d'équipements techniques, sans passer par des États intermédiaires ou des coûts supplémentaires, ce qui aura un impact positif sur l'abondance de biens sur les marchés et la réduction des coûts de transport et de production".
Le textile : une industrie cherchant à retrouver sa gloire
Le secteur du textile a longtemps été l'un des piliers de l'économie syrienne, contribuant à hauteur d'environ 40 % du produit intérieur brut avant la guerre, avec environ 60 % de la main-d'œuvre industrielle employée dans ce secteur.
La levée des sanctions ravive l'espoir de voir ce secteur revenir sur la carte mondiale, par l'importation de fils et de tissus modernes, ainsi que l'introduction d'équipements de production avancés.
Des sources industrielles ont déclaré que la facilitation de l'importation d'équipements d'impression et de textile, associée à un prix local compétitif de l'énergie, pourrait redonner au secteur son "élan confiant" et sa position historique. La Syrian Textile and Spinning Company et la Syrian Cotton Institution semblent être à l'avant-garde des bénéficiaires, s'efforçant de récupérer leurs parts sur les marchés arabes et étrangers après une période d'isolement de plus d'une décennie.
Les médicaments : vers l'autosuffisance
Le secteur pharmaceutique, qui couvrait avant la crise - selon les données du ministère de la Santé de l'époque - près de 93 % des besoins du marché local avec environ 8000 types de médicaments produits dans environ 70 usines, attend maintenant de nouvelles opportunités. Des noms comme (Pharma - Hama/Homs, Shifa Pharmaceuticals - Alep, et Biomed Pharma - Damas) avaient émergé en tant que leaders dans ce domaine à cette époque, mais ils ont été gravement endommagés par les restrictions imposées à l'importation des matières premières.
La décision américaine permet aujourd'hui un retour légal et régulier de ces matières, ce qui réduit la dépendance à des canaux d'importation informels coûteux, accélérant ainsi le rythme d'approvisionnement des hôpitaux et des centres de santé en médicaments essentiels, en particulier pour les médicaments de haute technologie pour le traitement des maladies chroniques, et promeut une nouvelle étape vers l'atteinte progressive de l'autosuffisance.
L'énergie et les industries lourdes : un chemin pavé pour le pétrole et le gaz
La suppression des sanctions américaines contre le ministère du Pétrole, les raffineries et l'agence des ports pétroliers a ouvert la porte au retour de la Syrie sur la carte énergétique mondiale, avec des entreprises américaines majeures telles que "Baker Hughes", "Hunt Energy" et "Argent LNG" annonçant des plans de partenariat pour établir un schéma global devant permettre la reconstruction du secteur pétrolier et gazier.
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Cette évolution signifie que les exportations de pétrole et de gaz syrien pourraient de nouveau trouver leur chemin vers les marchés internationaux, fournissant ainsi d'énormes liquidités capables de soutenir les autres secteurs de production. Parallèlement, cette décision permettra aux usines syriennes de transformation d'importer des machines de production américaines avancées, renforçant les systèmes de qualité et modernisant les lignes de production, avec une exception claire pour les matériaux à usage militaire.
Le transport et l'aviation : de l'isolement à la modernisation
Le transport et l'expédition ont été parmi les secteurs les plus touchés par les sanctions. Aujourd'hui, la levée des restrictions ouvre la voie à la modernisation des infrastructures des aéroports du pays avec les équipements américains les plus récents.
L'Autorité de l'aviation civile syrienne a indiqué que la décision "représente un tournant fondamental qui permettra à l'autorité de moderniser les aéroports avec des systèmes de navigation, de communication et de pièces de rechange pour les aéronefs civils, dont elle a été privée pendant de nombreuses années".
Cette ouverture ne se limite pas au transport aérien, mais s'étend également au transport routier et maritime, permettant l'importation de technologies logistiques avancées, telles que des systèmes d'emballage et de conditionnement intelligents, ce qui augmente l'efficacité des exportations agricoles et industrielles et renforce leur capacité à accéder rapidement et efficacement aux marchés mondiaux.
Le directeur des relations à l'Autorité générale syrienne pour les ports terrestres et maritimes a prédit que cette décision contribuera à renforcer le mouvement d'importation via les ports syriens directement, "ce qui augmentera l'efficacité des chaînes d'approvisionnement et allégera le fardeau pour les commerçants et industriels, et par conséquent se traduira pour les citoyens par des prix plus stables, tout en constituant un message d'encouragement pour les investisseurs, et ouvrira la voie à des contrats d'approvisionnement plus larges dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie, de l'énergie et des médicaments".
Partenariats du Golfe et européens : le retour de la Syrie sur les cartes du commerce
La décision américaine s'est rapidement répercutée au sein de l'Union européenne, qui a annoncé la levée de la plupart des sanctions économiques imposées à la Syrie, marquant le début de la reprise des échanges commerciaux entre les deux parties. Les premiers fruits de ce changement se sont manifestés par la signature par les ports syriens de contrats d'énormes montants avec l'entreprise "DP World" des Émirats pour le développement du port de Tartous d'une valeur d'environ 800 millions de dollars, ainsi que d'autres avec l'entreprise française (CMA CGM) pour investir 260 millions de dollars dans la modernisation du port de Lattaquié.
L'Arabie Saoudite et le Qatar ont également conclu des accords d'investissement avec la Syrie d'une valeur de plus de 20 milliards de dollars dans les domaines de l'énergie et des infrastructures, allant des centrales électriques aux réseaux de gaz, indiquant un fort élan arabe vers le rétablissement de la Syrie dans l'économie régionale.
Les défis : entre politique et infrastructures délabrées
Malgré cet élan, certains obstacles se profilent à l'horizon, le bureau de contrôle des actifs étrangers des États-Unis indiquant que les licences générales (GL25) pourraient être annulées ou resserrées à l'avenir, tandis que les contrôles sur l'exportation de matériel à double usage et à des fins militaires demeurent sous la réglementation "ITAR/EAR". De plus, la Syrie demeure classée comme "État soutien du terrorisme", ce qui impose des restrictions bancaires continues sur les mouvements de capitaux.
À l'intérieur du pays, le défi n'est pas moins sérieux ; les lois actuelles, telles que la loi sur l'investissement et l'impôt sur le revenu, nécessitent toujours une mise à jour pour s'harmoniser avec les nouvelles dynamiques économiques et commerciales, tandis que les infrastructures détruites par la guerre exigent d'énormes investissements, la production d'électricité ayant chuté à environ 50 % de son niveau antérieur, ce qui entrave le fonctionnement des industries à pleine capacité.
Entre optimisme et prudence : quel avenir pour les exportations syriennes ?
Amer Khreboutli, directeur général de la Chambre de commerce de Damas, a exprimé son grand optimisme quant à la décision, affirmant qu'elle représente le début d'une nouvelle phase rétablissant au secteur privé son rôle central dans la construction de l'économie syrienne.
Il a indiqué dans des déclarations exclusives à "Sharq" que le retour au système "SWIFT" et la levée des restrictions financières "faciliteront l'ouverture de lettres de crédit, réduiront les coûts commerciaux, et encourageront les capitaux à affluer à nouveau vers le marché syrien, ce qui pourrait faire grimper le taux de croissance économique annuel à plus de 7 % par rapport à moins de 1 % pendant 2025".
Alors que l'économiste et conférencier à l'Université de Damas, Adnan Ismail, a déclaré à "Sharq" que certains secteurs économiques cherchaient auparavant à "contourner les sanctions en utilisant plusieurs ports, ce qui augmentait les coûts de production et pesait sur le consommateur", ajoutant : "Aujourd'hui, avec l'entrée de la nouvelle décision en vigueur, le consommateur peut obtenir des produits à des prix raisonnables, ce qui améliore la compétitivité des biens syriens".
Ismail a confirmé que l'une des principales répercussions directes de la décision concerne le dossier des "transferts de fonds", en déclarant qu'ils se feront désormais via des canaux officiels garantis, préservant ainsi la masse monétaire au sein du cycle économique national.
Cependant, il a également averti d'un scénario de "krach des taux de change en raison de l'augmentation de la demande d'importation pendant la phase de reconstruction", qui a été observée dans des pays voisins comme le Liban et l'Irak, considérant que la solution réside dans la construction de partenariats économiques avec les pays du Golfe arabe afin de "garantir le financement des projets par le biais de partenariats, et éviter de recourir à des emprunts auprès des institutions financières internationales".
Il a souligné que les nouveaux accords dans le domaine de l'approvisionnement en gaz et de la réforme de l'électricité "pourraient constituer une pierre angulaire pour revitaliser l'économie nationale et garantir la durabilité de la reprise à long terme".

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