
Trump et Netanyahu : Le plan de "paix" qui recycle le plan du siècle
Dans un paysage politique de plus en plus complexe avec la poursuite de la guerre à Gaza, Washington et Tel Aviv reviennent à l'avant-scène des initiatives diplomatiques sous le slogan de "paix" dans une tentative de redessiner le paysage régional en accord avec leur vision commune.
Certains analystes dans les médias proches de l’orientation américaine estiment que le président Trump a surpris le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en lui demandant un cessez-le-feu, comme si cette position reflétait une divergence entre les deux parties. Toutefois, cette argumentation ignore la réalité de la relation organique entre Washington et Tel Aviv, qui repose sur une coordination politique, militaire et de renseignement complète (ils ont une salle d'opération conjointe permanente) rendant toute distinction entre eux plus proche d'une répartition des rôles que d'un véritable conflit d'intérêts ou d'objectifs.
Cependant, les faits sur le terrain et les réalités politiques indiquent l'inverse de l'image que Washington tente de promouvoir. Le "plan de paix" adopté par Trump n'est qu'un projet dont Netanyahu a formulé les grandes lignes à l'écart des Palestiniens avant qu'il ne soit adopté par la Maison Blanche avec un soutien européen. Ce plan confère à Israël d'importants gains stratégiques sous le couvert de la reconnaissance symbolique d'un État palestinien sur le papier, sans aucune intention réelle d'atteindre un règlement juste. De nombreux analystes occidentaux et arabes s'accordent à dire que la soumission de ce plan à ce moment précis, après les massacres à Gaza, vise à redorer l'image d'Israël sur la scène internationale et à le réintégrer dans le paysage politique après les larges accusations de crimes de guerre. Ces mouvements coïncident avec une intensification des appels au sein des institutions internationales pour tenir responsables les dirigeants israéliens, en particulier Netanyahu, pour les graves violations qu'ils ont commises sur les terres palestiniennes.
Après qu'Israël ait achevé la plupart de ses objectifs militaires à Gaza, Washington s'efforce de la protéger politiquement et de sauver Netanyahu des poursuites juridiques devant les tribunaux internationaux, tout en empêchant les Palestiniens et leurs alliés de poursuivre des actions en justice contre lui. Dans cette optique, on fait la promotion de ce que l’on appelle la "nouvelle plan politique", qui n'est en réalité qu'un recyclage du plan du siècle, mais avec une façade diplomatique plus douce, enveloppée d'un discours de "paix juste" pour convaincre les Européens et obtenir un soutien international lui conférant une légitimité formelle, tout en donnant à Netanyahu le temps nécessaire pour échapper à la responsabilité et réorganiser sa position politique.
Ce plan va au-delà de la question d'un règlement palestinien ; il vise à imposer des solutions unilatérales et à soumettre la région à la vision américano-israélienne en annulant les reconnaissances internationales obtenues pour l'État de Palestine et en contenant le mouvement populaire mondial solidaire de sa cause. Même le discours sur un "cessez-le-feu" semble se rapprocher d'une trêve temporaire dont l'objectif est d’alléger la pression intérieure sur Netanyahu et de libérer les prisonniers vivant avant que la poursuite des opérations militaires ne se transforme en un fardeau politique interne, tuant ses soldats et menaçant son avenir politique.
Avec la réalisation par Netanyahu de la plupart de ses objectifs sur le terrain et en politique à Gaza, il semble se préparer à une nouvelle phase de ses projets régionaux qui incluent le Liban, l'Iran et le Yémen, s'appuyant sur un soutien américain renouvelé et un consensus interne temporaire. Il n'est pas exclu qu'il utilise cet élan pour appeler à des élections anticipées qui lui permettraient de consolider son emprise politique pour les années à venir.
Le lien entre ce qui se passe à Gaza et ce qui se déroule sur d'autres fronts régionaux n'est pas une coïncidence. Israël considère ces fronts comme des extensions interconnectées de son conflit avec ses adversaires régionaux. Toutefois, toute expansion dans cette direction ne sera possible sans un soutien politique et militaire américain, ce que l'administration Trump tente d'assurer à travers ce qu'elle appelle la "nouvelle plan de paix", présentée au monde comme une initiative de règlement alors qu'elle représente en réalité un projet de réhabilitation politique et militaire d'Israël après la guerre de Gaza.
En fin de compte, ce qui est présenté aujourd'hui comme un "règlement politique" n'est rien d'autre qu'un repositionnement réfléchi d'Israël avec un soutien américain direct, Trump cherchant à réaliser des gains internes et externes en apparaissant comme le "faiseur de paix", tandis que Netanyahu exploite le soutien international pour restaurer son image et achever ses projets régionaux. Entre ces deux objectifs, la question palestinienne est, une fois de plus, réduite à un outil dans le jeu des intérêts internationaux, sans cesse reformulée et présentée sous un nouveau nom à chaque fois.

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