Rétablissement israélien des objectifs essentiels des accords d'Abraham
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Rétablissement israélien des objectifs essentiels des accords d'Abraham

La lecture de la plupart des analyses israéliennes parues à l'occasion du cinquième anniversaire des accords d'Abraham a souligné qu'il s'agissait d'accords de paix et de normalisation entre Israël et les Émirats et Bahreïn (signés en septembre 2020, suivis plus tard du Soudan et du Maroc), ne suscite ni choc ni perplexité. En effet, ce à quoi nous assistons, c'est l'exposition des objectifs israéliens fondamentaux de ces accords, sans aucune intention de refroidir la braise qui doit rester ardente. Bien qu'il existe des doutes quant à la réalisation de ces objectifs sous le poids de l'agression israélienne contre Doha, de la poursuite de la guerre d'extermination, de famine et de destruction dans la bande de Gaza, et d'un durcissement des mesures d'annexion et de contrôle des terres en Cisjordanie, le rétablissement des objectifs pourrait indiquer une voie de non-adaptation à ceux-ci.

Le premier point relevé par l'Institut de recherche sur la sécurité nationale de l'Université de Tel Aviv est que malgré la guerre à Gaza en 2024, la valeur des exportations de sécurité d'Israël a atteint un nouveau sommet : 14,8 milliards de dollars, et la part de ces exportations vers les pays des accords d'Abraham a atteint 12%, contre seulement 3% en 2023. Les données de l'Institut de Stockholm pour la recherche sur la paix indiquent que le Maroc importe d'Israël 11% de l'ensemble de ses importations de sécurité. Pendant ce temps, le Bureau central des statistiques israélien a déclaré que le volume du commerce entre Israël et les Émirats avait augmenté de 200 millions de dollars en 2020 à plus de trois milliards de dollars en 2024. Selon les conclusions de cet institut israélien, malgré l'atmosphère de crise suggérée par la poursuite de la guerre à Gaza, aucun des pays signataires des accords d'Abraham n'a rompu officiellement ses relations avec Israël. Selon lui, cela est dû à plusieurs raisons, la plus importante étant la crainte que de telles étapes ne provoquent une crise dans les relations avec les États-Unis sous l'administration actuelle du président Donald Trump, qui était le principal parrain de ces accords lors de son premier mandat présidentiel il y a cinq ans.

Dans un ordre d'idées connexe, ces analyses semblaient s'accorder sur le fait qu'en regardant en arrière, il avait été question, à l'époque, de ce qui a été décrit comme un "tournant historique indiquant un changement fondamental dans la position du monde arabe sur Israël". Ce tournant est attribué à deux raisons principales. La première est que les accords d'Abraham ont brisé ce qu'un orientaliste israélien a décrit comme "le plafond de verre dans les relations de normalisation israélo-arabes", car l'hypothèse dominante jusqu'à l'année de signature de ces accords était qu'aucun pays arabe n'oserait normaliser ses relations avec Israël avant de trouver une solution au problème palestinien, conformément à ce qui avait été convenu dans le cadre de l'Initiative de paix arabe (vous vous en souvenez ?) en 2002. Mais, comme l'écrit le même orientaliste israélien, un pays arabe après l'autre a commencé à montrer sa disposition, voire même son enthousiasme, à signer des accords de paix avec Israël, dans une démarche qu'Israël ne pouvait interpréter que comme un acte d'ignorance envers les Palestiniens, qui ont désormais été perçus comme une source de désagrément et un obstacle sur la voie des intérêts arabes généraux.

La deuxième raison considérant les accords comme un tournant historique dans la position du monde arabe vis-à-vis d'Israël, découle (dans plus d'une analyse israélienne) de ce que les accords d'Abraham témoignent d'une reconnaissance arabe de l'importance des relations avec Israël, qui est devenue une puissance régionale avec une influence économique et militaire, capable d'aider les pays arabes à développer leurs économies et à se défendre contre le danger iranien. Cela contraste avec le passé, où les pays arabes cherchaient à établir la paix avec Israël uniquement pour récupérer des terres, ou pour se rapprocher du cœur des États-Unis et de leur portefeuille (!).

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.