Où sont passés les 180 millions de dollars volés dans les banques de la bande de Gaza ?

Les dépôts des clients à Gaza ont augmenté de 204 % au cours de deux ans de guerre

Exclusif SadaNews - Depuis le déclenchement de la guerre contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza, les violations ne se sont pas limitées aux vies humaines et aux biens, mais ont également touché les institutions financières qui représentent une artère essentielle de l'économie nationale. Les banques opérant dans la région ont été victimes de pillages organisés menés par des groupes armés et des forces d'occupation, dans une tentative de frapper l'un des principaux piliers de la stabilité économique.

Dans des déclarations répétées, l'Autorité monétaire palestinienne a précisé que le montant des fonds volés dans les coffres des banques de Gaza s'élevait à environ (180) millions de dollars, un chiffre qui met en lumière la gravité de ces agressions et soulève des questions fondamentales sur le destin de ces fonds et les répercussions potentielles sur l'avenir de l'économie palestinienne.

Le vice-gouverneur de l'Autorité monétaire palestinienne, Mohamed Monasra, a confirmé à "SadaNews" que le dossier des fonds volés dans les banques de la bande de Gaza avait été retiré du suivi de l'Autorité monétaire et était devenu un dossier suivi par le gouvernement.

Il a ajouté : "Ce dossier, pour nous, a été reflété dans les chiffres bancaires par la demande faite aux banques de prévoir des allocations financières pour compenser ces pertes de fonds volés", précisant que ces fonds avaient effectivement été déduits des bénéfices des banques enregistrés l'année dernière.

Selon des données émises par l'Association des banques en Palestine, les données financières ont montré que les banques avaient enregistré à la fin de l'année 2024 les niveaux les plus bas de bénéfices, avec un total de bénéfices enregistrés pour cette année de seulement 43,5 millions de dollars, en baisse par rapport à 168,1 millions de dollars en 2023. Le pourcentage le plus élevé de bénéfices enregistré par les banques remonte à l'année 2022, avec 227,9 millions de dollars.

Monasra avait précédemment déclaré que les fonds disponibles dans les coffres des banques de la bande de Gaza avant la guerre s'élevaient à environ (290) millions de dollars, précisant qu'environ (180) millions de dollars avaient été volés.

Le journal Le Monde a rapporté l'année dernière que des groupes armés avaient volé jusqu'à (66) millions d'euros en avril dans une des succursales d'une banque opérant dans la bande de Gaza.

Le journal a déclaré s'être entretenu d'un document envoyé par la banque "à des partenaires internationaux", décrivant des opérations de braquage sophistiquées ayant touché l'une de ses agences principales à Gaza City.

Le gouverneur de l'Autorité monétaire, Yahya Al-Shanar, a indiqué lors d'une rencontre avec des journalistes que le secteur bancaire n'avait pas repris ses opérations bancaires habituelles dans la bande de Gaza, incluant l'injection de liquidités sur le marché pour trois raisons : la première étant la destruction des coffres des banques et des distributeurs automatiques en raison de la guerre, la deuxième étant le refus de la part israélienne d'autoriser l'entrée de liquidités, et la troisième étant l'absence de sécurité stable dans la bande de Gaza, ce qui a entraîné, pendant la guerre, le vol de (180) millions de dollars des coffres des banques.

Il a confirmé que la reprise des opérations bancaires habituelles nécessitait la reconstruction de nombreux bâtiments bancaires, de distributeurs automatiques et de coffres bancaires, soulignant l'importance d'assurer les garanties sécuritaires nécessaires pour éviter des pillages supplémentaires dans les banques.

L'Autorité monétaire palestinienne avait instruit, à la mi-octobre dernier, les banques opérant dans la bande de Gaza de commencer à fournir des services financiers et bancaires au public, en fonction de leur préparation technique et opérationnelle.

Elle a assuré que "le processus de réouverture des agences bancaires se fera de manière progressive et par étapes, avec dans un premier temps l'ouverture d'un nombre limité d'agences selon leur préparation, et des annonces seront faites successivement concernant les autres agences qui entreront en service selon les plans de réhabilitation".

Elle a appelé le public à "continuer à s'appuyer sur des moyens de paiement électroniques disponibles, tels que les cartes de paiement, les portefeuilles électroniques et les applications bancaires sur smartphones, en raison de la facilité, de la sécurité et de la rapidité qu'ils offrent pour réaliser des transactions, afin d'assurer la satisfaction de leurs besoins sans avoir à se bousculer dans les agences".

Néanmoins, des observateurs estiment que la reprise des opérations de certaines banques dans la bande de Gaza est restée en grande partie formelle, en raison de leur incapacité à réaliser des dépôts et des retraits de liquidités.

Des chiffres récents publiés par l'Autorité monétaire ont montré que le montant des dépôts des clients dans la bande de Gaza avait atteint, à la fin de l'année dernière, près de 4,91 milliards de dollars, par rapport à 1,61 dollar à la même période en 2023, ce qui représente une augmentation de 3,26 milliards de dollars, soit 204 %.

Les experts attribuent cette forte augmentation à la destruction des différents secteurs économiques dans la bande de Gaza en raison de la guerre, ce qui a poussé les propriétaires d'entreprises à placer leur argent dans les banques sous forme de dépôts.

La Banque mondiale avait déclaré antérieurement que l'agression contre la bande de Gaza avait conduit à la destruction d'environ 93 % des agences bancaires opérant dans la région.

Le rapport a indiqué que la guerre israélienne avait également détruit 88 % des institutions de financement de microcrédit et la plupart des bureaux de change, ainsi que 88 % des compagnies d'assurance.

Aujourd'hui, seules 3 sur 94 distributeurs automatiques fonctionnent dans l'ensemble de la bande de Gaza, selon des données concordantes de la Banque mondiale et de l'Autorité monétaire.

Il y avait (10) banques opérant dans la bande de Gaza sur un total de (13) banques locales et étrangères sur le marché palestinien.