
Deux experts : Washington va regretter ce qu'Israël a fait au Moyen-Orient
SadaNews - Deux experts de Chatham House indiquent que les pays du Moyen-Orient considèrent, de plus en plus, Israël comme une nouvelle menace commune et que le soutien indéfectible de Washington à ce pays compromet sa position dans la région et a déjà poussé certains pays arabes à réévaluer leurs alliances et stratégies de sécurité.
Les experts, Ghaleb Dalay, membre senior de Chatham House et coordinateur du programme Turquie contemporaine à l'Université d'Oxford, et Sname Fakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord dans la même institution, estiment dans un article publié dans le magazine Foreign Affairs que la guerre continue d'Israël contre Gaza et sa doctrine militaire expansionniste ont provoqué un bouleversement radical du paysage géopolitique au Moyen-Orient.
Ils notent qu'Israël, qui était considéré par certains pays arabes comme un partenaire de sécurité potentiel contre l'Iran, est de plus en plus perçu comme une force déstabilisante. Au lieu d'isoler l'Iran et ses agents - comme le vise la politique israélienne et américaine - le comportement d'Israël a eu pour effet d'aliéner des pays arabes clés, y compris ceux du Golfe qui étaient auparavant ouverts à la normalisation en vertu des accords d'Abraham.
Les experts ont observé que le nouveau plan de paix annoncé par le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu manque de soutien régional et est considéré comme impraticable tant qu'Israël poursuit ses actions agressives et refuse de répondre aux demandes palestiniennes.
Ils ont conclu que la normalisation avec Israël est devenue politiquement toxique dans le monde arabe, puisque des sondages récents montrent une forte baisse du soutien populaire aux relations avec Israël. Ils prennent l'exemple de la diminution du soutien marocain pour ces relations, passant de 31 % en 2022 à seulement 13 % après le début de la guerre à Gaza en 2023.
Quant à l'Égypte, ancien partenaire de paix d'Israël, elle a considérablement réduit le niveau de ses relations avec Israël à la suite de la campagne militaire à Gaza, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi allant jusqu'à qualifier Israël d'"ennemi", ce qui marque un départ après des décennies de prudence diplomatique. Le Caire a également renforcé sa coopération avec la Turquie, anciennement perçue comme un adversaire, ce qui indique une tendance vers un réarrangement régional plus large, selon les experts.
Concernant les pays du Golfe, les experts avertissent qu'ils réévaluent également leurs relations avec Israël. L'Arabie Saoudite, qui était auparavant sous pression américaine pour normaliser ses relations avec Israël, s'éloigne de plus en plus d'une telle mesure, non seulement pour des raisons internes, mais aussi à cause des actions agressives israéliennes ces dernières années. Les Émirats Arabes Unis, qui étaient précédemment leur plus proche allié dans le Golfe, font face à des critiques cinglantes pour avoir maintenu leurs relations avec Tel Aviv pendant l'attaque israélienne sur Gaza, tandis que le Qatar, Oman et le Koweït se distancient de Tel Aviv.
Le Qatar est devenu le principal critique arabe de la politique d'Israël à Gaza, tandis que le Koweït et Oman restent isolés et prudents face à tout engagement avec Israël, selon Dalay et Fakil.
La position de la Turquie se renforce, puisque, malgré une amélioration des relations avec Israël ces dernières années, la guerre à Gaza, les incursions israéliennes en Syrie, et les tensions concernant l'afflux de réfugiés, ont poussé Ankara à suspendre le commerce avec Tel Aviv et à fermer son espace aérien à ses avions. La Turquie, selon les experts, considère désormais Israël comme une menace sécuritaire directe, notamment en raison de son sape des efforts de stabilisation en Syrie.
Dalay et Fakil avertissent que ces évolutions poussent vers une militarisation régionale et une diversification des alliances sécuritaires. Des pays comme l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et la Turquie s'efforcent de développer des industries de défense locales, se tournant vers des partenaires comme la Chine, la Corée du Sud, le Pakistan et l'Europe pour coopérer en matière d'armement et de militarisation, ce qui indique une tendance à se détourner de la dépendance au soutien militaire américain.
Ils soulignent également l'impasse des initiatives telles que les accords d'Abraham, le corridor économique entre l'Inde, le Moyen-Orient et l'Europe, et le sommet du Néguev, qui visaient tous à intégrer Israël dans le système régional, mais la position agressive d'Israël a rendu ce rapprochement un fardeau pour les gouvernements arabes.
Les auteurs soutiennent que si Washington continue d'ignorer la forte réaction régionale contre l'agression israélienne et la centralité de la question palestinienne, il risque de perdre son influence et sa crédibilité.
Ainsi, Dalay et Fakil estiment que les États-Unis doivent réévaluer leur position en soutenant une désescalade, une intégration économique, et parvenir à une solution juste pour la question palestinienne. Sinon, Washington pourrait se retrouver complice du démantèlement de la structure stratégique même qu'il a un jour cherché à établir au Moyen-Orient, disent-ils.
Source : Foreign Policy

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