Gideon Levy : Libérez tous les prisonniers israéliens et palestiniens

SadaNews - L'écrivain israélien Gideon Levy souligne que lorsque Israël maltraîte les prisonniers et les détenus palestiniens de manière humiliante, cela lui ôte tout droit moral de demander la libération de ses otages, car ceux qui violent les droits de l'homme n'ont pas le droit de réclamer qu'ils soient respectés.

Levy a précisé -dans sa colonne dans Haaretz- que l'urgence la plus pressante actuellement, en plus de mettre fin aux massacres à Gaza, est de sauver tous les prisonniers, israéliens et palestiniens, des conditions misérables dans lesquelles ils sont détenus, que ce soit dans les tunnels de Gaza, dans la prison de Megiddo, que ce soit sous le mouvement de résistance islamique (Hamas), ou par le service de sécurité intérieure (Shabak), tout cela est un mal indescriptible.

L'écrivain a exprimé son regret qu'aucun des proches des détenus israéliens n'ait demandé la libération des prisonniers palestiniens, ni même d'alléger leurs conditions de détention, malgré les nombreux rapports sur la mauvaise condition de leur détention en Israël, ce qui aurait dû éveiller une once d'humanité et de compassion, surtout chez ceux qui redoutent profondément pour le sort de leurs proches.

Levy a rappelé qu'il est inutile de comparer le centre de détention de la base militaire israélienne de Sdé Teyman avec les tunnels sous Khan Younis, mais la comparaison juste doit se faire entre ceux qu'il a qualifiés d'agresseurs à Gaza, et un État qui prétend être démocratique, car seul un individu sans conscience peut ne pas être ému par la description de Hagar Shizaf -dans le quotidien Haaretz- des conditions de détention des détenus et des otages palestiniens, notamment des prisonniers administratifs détenus sans procès, qui sont des milliers.

Selon l'écrivain, le rapport d'enquête, rédigé par Luvdai Morris et Soufiane Taha dans le Washington Post la semaine dernière, aurait dû secouer ce pays jusqu'à la moelle, 73 prisonniers et détenus palestiniens étant morts dans les prisons israéliennes, un chiffre choquant, qui n'est aggravé que par l'indifférence avec laquelle il a été accueilli. Où sont passés ces jours où le décès d'un détenu en prison était un scandale ? s'interroge l'écrivain, notant que le nombre de morts parmi les prisonniers de Hamas n'est pas comparable à ce chiffre.

Shizaf a décrit une histoire troublante de torture, de famine, de manque de soins médicaux et de violence, toutes perpétrées par l'État. De quel droit peut-on priver 2800 prisonniers souffrant de la gale, ou d'autres milliers affligés de maladies intestinales dans ces lieux touchés par la famine et les épidémies, de soins médicaux ?

Les images des Palestiniens chétifs et paralysés sortant des prisons israéliennes racontent l'histoire entière et constituent un grave acte d'accusation contre Israël.

Levy a cité le prisonnier Walid Ahmad (17 ans) qui n'a plus aucune graisse ou tissu musculaire dans son corps, qui souffre d'inflammation intestinale et de gale, et qui a été affamé jusqu'à la mort à cause d'une bouteille Molotov et de pierres lancées, tout comme celles lancées par les colons à Kafr Malik, ainsi il a été exécuté par l'administration pénitentiaire israélienne sans procès.

Le Washington Post a discuté avec des détenus sortis de cet enfer, ainsi qu'avec des avocats ayant visité les prisons, et le constat était le même. Ils ont décrit une politique de famine systématique et de privation de soins médicaux, et l'un d'eux a déclaré : "C'est Guantanamo".

L'écrivain a commenté que les images des Palestiniens chétifs et paralysés sortant des prisons israéliennes au cours de l'année et demie écoulée racontent l'histoire entière, et constituent un grave acte d'accusation contre Israël.

Mais le terrible, selon Levy, c'est qu'Israël avait honte des violations et essayait de les cacher, tandis qu'aujourd'hui il est fier de sa cruauté et la montre à tout le monde, faisant de la cruauté envers les Palestiniens une partie de ses relations publiques, et même attirant des voix lors des élections de la Knesset.