Journée mondiale de la solidarité : mémoire du génocide et boussole de l’avenir
Au moment où le monde entre dans sa troisième année après le génocide à Gaza, la journée mondiale de solidarité avec le peuple palestinien devient un nouvel et explicite test de la conscience humaine ainsi que de sa capacité à résister face aux systèmes de pouvoir. La question ne se limite plus à un exercice de rhétorique morale, ni à une occasion protocolaire pour déclarer des intentions, mais s'est transformée en une plateforme politique examinatrice : le monde sera-t-il solidaire d'une cause juste malgré le poids des rapports de force, ou demeurera-t-il un rituel annuel sans effets ?
Préserver l’ardeur de l’action mondiale vivante et efficace nécessite un passage du simple soutien symbolique et émotionnel à l’établissement d’un agenda mondial clair qui redéfinit l’urgence de mettre fin à l’occupation comme étant le cœur du conflit israélo-palestinien, clé de la fondation de la stabilité régionale, et boussole de l’éthique politique à une époque où les normes s’effondrent.
À l’ordre du jour de cet agenda, trois questions centrales émergent, touchant au cœur véritable du conflit, et formant la base de toute solidarité internationale sérieuse et capable d’engendrer un changement significatif.
Premièrement : Reconnaître le génocide comme une nécessité morale et juridique
Aucune solidarité ne peut avoir de sens si elle ne nomme pas l’acte par son nom réel, à savoir le génocide. L’hésitation internationale à adopter cette description a été l’une des causes de la poursuite de la machine de mort. La solidarité, ici, n'est pas une courtoisie politique mais une exigence claire d'activer les mécanismes du droit international pour garantir l'arrêt immédiat et complet de la guerre, protéger les civils, ouvrir des voies pour l'aide et la reconstruction, et assurer la responsabilité pour les crimes de guerre.
Il est devenu tout à fait clair que la priorité sur laquelle doit s’appuyer le mouvement populaire mondial est de mettre fin à l’occupation, et de permettre au peuple palestinien de décider de son destin, car c'est la seule porte pour prévenir la répétition du génocide.
Après deux ans, ce jour est devenu un espace de responsabilité historique ; une responsabilité pour le monde : comment peut-on commettre un génocide en direct sans intervention ? Et une responsabilité pour les grandes puissances : pourquoi les lois sont-elles suspendues lorsqu'il s'agit d'Israël ? Et aussi une responsabilité pour les Palestiniens eux-mêmes : comment transformer la sympathie mondiale déclenchée par le génocide en une énergie politique libératrice qui ne s’estompe pas ? Le terme Génocide est devenu l’un des vocables les plus courants dans la presse académique, dans les déclarations des universités, et dans les campagnes juridiques. Pour le monde, la Palestine n’est plus une question de "conflit politique", mais une question de génocide d’un peuple sous occupation, tandis que le génocide a déclenché le plus grand mouvement de solidarité populaire du XXIe siècle. Cette solidarité n’a pas été seulement émotionnelle, mais également politique et radicale, présentant au monde des modèles exemplaires, parmi lesquels les sit-in universitaires aux États-Unis (2024-2025) où les étudiants ont nommé les choses par leurs noms : "Stop the Genocide". Ils ont redéfini le campus universitaire comme un lieu de résistance morale, réussissant à imposer des restrictions sur les investissements des universités liés au génocide, et mettant en lumière le rôle de l'Afrique du Sud devant la Cour Internationale de Justice, formant ainsi un modèle de confrontation au génocide par la responsabilité éthique et juridique. Cela a créé un précédent historique dans la responsabilité envers Israël, ainsi que le mouvement latino en Chili, Colombie et Bolivie, où les peuples ont rappelé leur propre expérience avec les dictatures pour s’opposer au génocide en Palestine, reliant la mémoire collective des crimes aux crimes en cours aujourd'hui. Cela s'ajoute aux campagnes de boycott qui, après le génocide, ont transformé en unepuissance mondiale de pression, contraignant des entreprises technologiques et militaires à reconsidérer leur implication. Ces modèles disent une chose : les peuples du monde ont rejeté le génocide lorsque les gouvernements se sont tus à ce sujet. Et que les peuples sont capables de formuler leurs priorités, ce qui s'applique d'abord au peuple palestinien.
Deuxièmement : Rétablir la vérité du conflit
La chose la plus dangereuse produite par les décennies passées est la transformation de la question palestinienne en un dossier humanitaire, traité comme une crise d'assistance plutôt que comme une question de libération nationale. Israël, soutenu par des grandes puissances, a pu vider le débat de son contenu politique en faveur de solutions techniques : des facilités, des aides, l’amélioration des conditions de vie… tandis que l'occupation demeure sourde et enracinée. Par conséquent, le cœur de la solidarité internationale doit se fonder sur la redéfinition de la boussole qui est de mettre fin à l'occupation, y compris toute colonisation, blocus, et apartheid, et pas simplement d'alléger ses effets. Cela ramène la question à sa place naturelle dans le droit international comme étant la question d'un peuple qui aspire à la liberté, ouvrant ainsi la voie à un mouvement international significatif dans trois trajectoires complémentaires :
1. Sanctions et boycotts en tant qu'instruments légitimes utilisés contre toute pouvoir qui viole le droit international.
2. Dénoncer la légitimité du système colonial en s’appuyant sur des discours culturels, académiques et médiatiques mondiaux.
3. Internationaliser le conflit et le transformer d'un dossier américain-israélien clos en une grande question politique et éthique.
Troisièmement : Soutenir les Palestiniens dans la lutte pour renouveler et reconstruire une représentation politique unifiée.
Le monde ne peut pas défendre la cause d'un peuple sans une direction politique capable de porter son projet national. Par conséquent, l'un des piliers de la véritable solidarité est de se tenir aux côtés des Palestiniens dans leur lutte pour unifier leurs institutions politiques et renouveler leur légitimité, sur la base d'une vision claire et unifiée pour mettre fin à l'occupation d'abord. La solidarité internationale, ici, n'est pas une ingérence dans les affaires internes, mais une reconnaissance que la libération des peuples dépend de leur capacité à produire une représentation unifiée reflétant leur volonté et dirigeant leur projet libérateur. Parmi les exemples inspirants figurent les expériences soutien des mouvements de libération africains dans les années soixante, lorsque le monde a joué un rôle décisif dans le soutien intérieur renforçant la capacité des peuples à faire face aux systèmes coloniaux. Dans le cas palestinien, soutenir le processus de fin de la division sur la base du partenariat dans l’assumer des responsabilités, et soutenir la société dans toutes ses composantes, notamment celles affectées par les conséquences de la division, constitue les éléments essentiels pour protéger le projet national de l’érosion. Le monde ne peut pas continuer à soutenir un peuple vivant sous occupation tout en menant en même temps une lutte interne qui épuise sa capacité de résistance et de résilience. Le retour aux éléments de la Déclaration de Beijing est devenu une nécessité existentielle tant sur le plan intérieur qu'avec le monde, notamment en ce qui concerne la formation immédiate d’un gouvernement de coalition transitoire, unifiant le discours palestinien, répondant aux priorités de notre peuple dans le secteur, y compris une vision nationale de la nature et du concept et des formes de résistance, de sécurité et de gouvernance, ainsi que de renforcer la résilience de notre peuple en Cisjordanie, y compris Jérusalem, et sa capacité à faire face aux plans d’annexion et de liquidation, en vue de tenir des élections générales complètes.
Vers une solidarité qui transforme la sympathie en action politique
Les peuples du monde ont prouvé au cours des deux dernières années que la conscience humaine n'est pas morte. Malgré le silence et la complicité des grandes puissances, des dizaines de millions de personnes sont descendues dans les rues et places des capitales internationales, notamment dans les pays décisionnaires, exigeant l'arrêt du génocide et soutenant le droit palestinien à la liberté. Nous devons comprendre que la durabilité et l'évolution du mouvement populaire nécessitent une boussole internationale garantissant qu’il ne soit pas consommé dans des vagues de colère émotionnelle passagères, et que sa transformation appelle la consolidation de trois vérités :
1. Que le génocide est un crime continuel qui ne se confronte pas au silence ou à une tentative de contournement de ses racines par des solutions superficielles.
2. Que le cœur de la question est politique et se résume à la nécessité de se libérer de la colonisation et de l'apartheid, et non à améliorer les conditions de vie sous occupation.
3. Que le peuple palestinien peut diriger son projet de libération s'il dispose d'un soutien qui protège ses choix et soutient son unité.
Ce ne sont pas des slogans, mais des bases opérationnelles pour une nouvelle étape de solidarité internationale, une solidarité qui reconnaît que la Palestine n'est pas juste une victime d'un projet colonial sioniste, mais aussi la question d'un peuple vivant qui rejette l'occupation et l'injustice, réclame de décider de son destin, et du droit complet à la vie, la liberté et la justice.
Ainsi, la journée mondiale de solidarité avec le peuple palestinien devient non seulement un souvenir, mais un appel ouvert à une action politique et éthique rétablissant la vérité du conflit, et plaçant la fin de l'occupation et le droit à l'autodétermination au cœur de l'agenda mondial, comme étant la seule entrée pour créer une paix juste, et pour mettre fin à une plaie qui est restée saignante depuis sept décennies.
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