Sur Netanyahu et ses messages continus
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Sur Netanyahu et ses messages continus

"Israël ne se trompe pas, et si elle se trompe, c'est son droit..." C'est ce qu'a déclaré l'ancien président américain Joe Biden lors d'une de ses rencontres en décembre 2023, deux mois après le début de la guerre d'extermination à Gaza. La déclaration de Biden est le principe fixe et permanent de l'Amérique concernant Israël, peu importe ce que ce dernier fait, y compris son audace à bombarder un pays arabe – du Golfe, qui abrite la plus grande base militaire américaine, comme le Qatar.

Dans son discours récent depuis l'ambassade américaine à Jérusalem, et un jour après que les avions de chasse israéliens ont tenté d'éliminer les dirigeants du Hamas au Qatar, Benjamin Netanyahu a comparé son acte à celui des États-Unis après l'attaque du 11 septembre 2001, rappelant aux États-Unis les guerres de représailles qu'ils avaient menées en Afghanistan et en Irak, puis l'élimination du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, au Pakistan. Les États-Unis n'avaient pas l'intention de cibler le Pakistan lorsqu'ils ont visé le leader d'Al-Qaïda sur son sol, affirme Netanyahu, et de même Israël n'avait pas l'intention de cibler le Qatar et sa souveraineté quand elle a visé les dirigeants du Hamas dans sa capitale. Il n'est pas anodin que le discours justificatif de Netanyahu coïncide avec l'anniversaire de l'événement du 11 septembre 2001, dans un message rappelant à l'Amérique ses propres citoyens.

Lorsque le gouvernement de Netanyahu a considéré que l'attaque du 7 octobre 2023 était une version moyen-orientale du 11 septembre 2001, ce dernier ayant conduit les Américains à effacer toutes les lignes rouges tracées dans les relations internationales, afin de justifier leur guerre contre Al-Qaïda et le "terrorisme", ou sous prétexte de le combattre, Israël n'a plus vu après le 7 octobre aucune ligne rouge dans ses efforts pour éliminer le Hamas et ses dirigeants où qu'ils soient. Les Arabes et les pays de la région doivent tracer eux-mêmes leurs propres lignes rouges et non celles d'Israël, affirme le message de cette dernière.

Le bombardement de Doha est un tournant dans la guerre d'Israël contre Gaza et la région, c'est vrai, surtout si l'on prend en compte la décision de Netanyahu de cibler des dirigeants d'un côté qui négocie avec lui, lors de leur réunion connectée au processus de négociation sur un sol d'un pays médiateur dans le dossier des négociations depuis le premier jour de la guerre, de la taille du Qatar. Mais c'est une attaque en cours dans le contexte d'une guerre qui devient de plus en plus sauvage jour après jour sans frein, car quelques semaines auparavant, l'armée de l'air de l'occupation avait ciblé un conseil ministériel entier au Yémen, tuant le chef du gouvernement des Houthis et neuf de ses ministres, ce qui devait être compris comme une préparation à la cible du conseil des dirigeants du Hamas quelques jours plus tard à Doha, et cette agressivité à l'égard des dirigeants et des politiciens pourrait s'étendre à Liban et au-delà à l'avenir.

L'opération visant à cibler les dirigeants du Hamas à Doha n'a pas réussi, mais selon les critères des messages de Netanyahu et de son gouvernement dans la recherche de profit même dans la perte, le message à Hamas de l'opération de Doha est clair, à savoir que tout mouvement dans les négociations et la récupération des otages – des Israéliens enlevés à Gaza, reste un dossier annexe à la guerre et à ses objectifs, et non l'inverse. Selon ce que rapportent des médias israéliens ce samedi sur ce qu'ils décrivent comme des "données nouvelles" liées à l'opération de Doha, qui, malgré son échec, sont suffisantes pour faire entendre des voix au sein du Hamas indiquer qu'il considère Israël comme "un ennemi imprévisible", selon un responsable de la sécurité israélienne.

Quant à Doha, qui est perçue comme une blessure sur son territoire, elle a longtemps joué le rôle de médiateur dans le dossier des négociations pour mettre fin à la guerre. Qatar, le pays qui possède des atouts pour agir et mobiliser contre Israël en violation de sa souveraineté sur les plans arabes et internationaux, diplomatiquement au moins. Cependant, Netanyahu et son gouvernement ont la vision que Doha peut absorber l'opération sur son sol tant qu'elle a déjà absorbé l'attaque de l'Iran contre la base américaine sur son territoire! En gros, "nous ne vous visons pas, tout comme l'Iran ne vous visait pas", envoie Netanyahu à Doha. La solidarité arabe et en particulier du Golfe, ainsi que celle du Qatar, pourraient mener à un parcours qui se tient avec elle pour la libérer de son rôle, sans chercher à dissuader Israël ou à le contenir.

Netanyahu et son gouvernement, ainsi que son armée d'occupation, s'orientent vers l'exécution de Gaza et son effacement de la carte, sans aucun horizon pour arrêter la guerre contre elle ni frein à l'excès à l'égard de tous les pays de la région dans ce cadre, dans des messages clairs et bien pensés que les Arabes ne veulent pas saisir la gravité de leurs conséquences à court et long terme sur eux et sur la région. Cela continue de donner à Netanyahu et à son gouvernement un billet aller dans leurs efforts pour davantage d'isolement. Ce que cette guerre a accompli après deux ans pour Israël est le succès de ce dernier à renforcer son isolement à l'égard de chaque partie, séparément.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.