67 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza : qui construira le rêve ?
Articles

67 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza : qui construira le rêve ?

Lorsque le gouvernement palestinien a annoncé avoir besoin de 67 milliards de dollars pour la reconstruction de Gaza, ce chiffre n'était pas simplement une estimation financière, mais un cri exprimant l'ampleur de la tragédie. Il ne résume pas seulement des pertes matérielles, mais dépeint le tableau d'une ville entière où la lumière s'est éteinte, transformant une plage de vie en décombres de souvenirs.

Derrière chaque milliard de ce chiffre se cache l'histoire d'une maison réduite en poussière, d'une école où la cloche s'est tût, d'un hôpital privé de matériel et de patients, d'une rue autrefois animée devenue silencieuse. Cependant, la question la plus importante reste : qui prendra les rênes de la reconstruction ? Comment garantir que ce qui s'est passé après chaque guerre ne se reproduise pas ?

Le chiffre entre ambition et réalité

Les 67 milliards de dollars représentent environ trois fois le produit intérieur brut palestinien annuel, un chiffre élevé mais qui ne semble pas fantaisiste s'il comprend les logements, les infrastructures, l'énergie et les zones industrielles. Cependant, les expériences passées nous rappellent que le problème n'est pas de savoir "combien nous avons besoin", mais "comment nous dépensons".

Après la guerre de 2014, les donateurs avaient promis 5,4 milliards de dollars, mais moins de la moitié est parvenue, et après la guerre de 2021, Gaza a été promise 1,2 milliard, dont seulement une partie est arrivée. Ainsi, l'histoire se répète : de nombreuses promesses, peu d'argent et des résultats limités, car le mécanisme a fait défaut et la confiance s'est érodée.

Mécanismes internationaux proposés

Aujourd'hui, les idées internationales se bousculent sur qui gérera la reconstruction.

Les Nations Unies et la Banque mondiale proposent un fonds international multilatéral pour garantir la transparence, mais cela soulève des craintes qu'il ne se transforme en une forme de tutelle financière qui marginaliserait la décision palestinienne.

Quant à l'ancien mécanisme trilatéral (Autorité – Nations Unies – Israël) établi après la guerre de 2014, il a prouvé son échec après s'être transformé en un labyrinthe de permis et d'approbations qui a paralysé des milliers de projets, faisant avancer la reconstruction au rythme d'un escargot sur des décombres en constante évolution.

En revanche, le mécanisme arabe régional émerge comme une option plus réaliste, à travers un fonds de reconstruction arabe sous la supervision de l'Égypte, du Qatar, de l'Arabie saoudite et d'autres pays, qui coordonne directement avec les institutions palestiniennes, accordant au processus une dimension arabe et professionnelle plus proche du terrain.

De plus, on parle de plus en plus de l'inclusion du secteur privé palestinien et arabe par le biais de partenariats d'investissement à long terme, afin de transformer la reconstruction en une opportunité productive au lieu de rester un projet humanitaire temporaire.
Avons-nous un mécanisme palestinien prêt ?

La réponse réaliste : pas encore.

Les efforts palestiniens restent dispersés entre divers ministères et fonds, sans qu'il existe une entité centrale capable de recevoir et de gérer un financement de cette ampleur selon des critères de gouvernance internationale.

Le ministère des Travaux publics possède l'expertise technique, et le ministère des Finances a les canaux officiels, mais l'absence d'une autorité nationale indépendante rend le travail fragmenté.

C'est pourquoi nous avons besoin aujourd'hui d'une autorité nationale pour la reconstruction de Gaza, avec une structure légale indépendante et un conseil regroupant le gouvernement, le secteur privé, la société civile et la diaspora, fonctionnant avec une transparence totale et soumise à un audit international périodique. Une autorité ayant la vision et la capacité de transformer le financement en réalisations, l'aide en économie, et les décombres en nouvelles opportunités de vie.

De la décombres à la renaissance

La reconstruction ne signifie pas seulement rebâtir ce qui a été détruit, mais construire un avenir différent.

Chaque école construite peut devenir un centre d'enseignement numérique, chaque station solaire peut réduire le coût de production et soutenir les usines, et chaque maison reconstruite peut restaurer la stabilité et l'espoir d'une famille palestinienne.
Si la reconstruction est gérée avec une vision nationale unifiée, elle sera le début d'une renaissance s'étendant de la plage de Gaza aux montagnes de Naplouse, d'Hébron et de Ramallah.

Conclusion : qui prendra les rênes du rêve ?

Les 67 milliards de dollars ne constituent pas un chiffre astronomique, mais un test national de confiance, de capacité et de gestion.

Gaza n'attend pas l'argent du monde, mais une volonté nationale unifiée qui redonne un sens à la reconstruction et équilibre le pays.
La véritable reconstruction ne commence pas par le ciment et le fer, mais par l'homme, par une gestion transparente et par la croyance que la Palestine peut se relever, peu importe le temps que prendra le débris pour disparaître.

Cet article exprime l'opinion de son auteur et ne reflète pas nécessairement l'opinion de l'Agence de Presse Sada.