
L'illusion de la reconstruction...
Gaza aujourd'hui n'est pas seulement une ville blessée, mais un miroir qui reflète l'échec du monde à l'épreuve de l'humanité, et notre échec en tant que Palestiniens à l'épreuve de l'unité. Ses dernières images diffusées par les chaînes arabes et internationales n'ont plus besoin de commentaires ou d'analyses ; le spectacle en soi suffit à résumer un siècle de douleur. Des tours détruites, des rues transformées en ravins, des visages hagards comme s'ils sortaient des cendres des légendes. Là où les enfants couraient vers leurs écoles, la terre est devenue une scène de décombres et de souvenirs résiduels.
Après deux ans d'une guerre dévastatrice qui a tout ravagé, la même question se pose comme à chaque fois : qui reconstruira Gaza ? Mais la question plus profonde - et peut-être la plus douloureuse - est : qui reconstruira l'humain de Gaza ? Qui réparera ces âmes qui ont vécu le siège, la destruction et le déplacement, au point de considérer la vie elle-même comme une exception temporaire ?
Gaza a été épuisée non seulement par les bombes, mais aussi par des promesses répétées. Des conférences des donateurs se tiennent dans des capitales luxueuses, des plans de reconstruction sont tracés sur le papier, et des déclarations de solidarité sont écrites dans un langage orné... Mais quand les caméras se taisent, Gaza reste seule face à une réalité politique divisée, un spectacle international impuissant, et une occupation qui continue de l'étouffer.
La reconstruction n'est pas un acte d'ingénierie comme le pensent certains, mais une décision politique d'abord et avant tout. Comment peut-on construire une ville sans garantie qu'elle ne sera pas de nouveau détruite ? Comment les hommes d'affaires peuvent-ils investir dans une terre qui ne sait pas quand les sirènes d'alarme résonneront ? Qui garantit à l'enfant qui a perdu sa maison aujourd'hui qu'il ne perdra pas son école demain ?
Dans les années 1990, l'espoir était grand après la signature des accords d'Oslo. Les investisseurs se sont précipités, des hôtels et des zones industrielles ont été construits, et tout le monde parlait de la "nouvelle Gaza" qui deviendrait la porte de l'État palestinien tant convoité. Mais rapidement, le rêve s'est transformé en lutte pour le pouvoir, et la géographie s'est divisée, la politique s'est fissurée, et Gaza est restée otage entre occupation et division.
Aujourd'hui, le même tableau se reproduit avec de nouveaux visages, mais avec le même discours. Certains parlent de "reconstruction rapide" et de "grande plan international", comme si la ruine n'était qu'un chapitre passager dans un récit optimiste. Pourtant, la vérité est plus complexe : pas de reconstruction sans stabilité, pas de stabilité sans réconciliation réelle, et pas de réconciliation sans une vision politique claire qui mette fin à la phase de conflits internes et mette un terme à l'occupation.
L'auteur américain Henry Luce a écrit dans le New York Times : "Qui investira dans une ville dont on ne garantit pas qu'elle ne plongera pas à nouveau dans la guerre ?" Une question simple, mais qui résume tout le dilemme. Parce que Gaza n'a pas seulement besoin de reconstruire les murs, mais d'un nouveau contrat national qui garantisse que la ville ne devienne pas un théâtre permanent de guerres et d'expérimentations.
Gaza est devenue dans la conscience arabe et internationale un symbole constant de catastrophes, et le discours sur sa reconstruction est devenu un événement récurrent évoqué après chaque guerre, comme s'il s'agissait d'un rituel politique saisonnier. Mais la véritable reconstruction commence lorsque la confiance est rétablie entre les Palestiniens eux-mêmes, avant que le ciment et le fer ne soient réassemblés. Car sans unité politique, tout plan de reconstruction restera exposé à l'effondrement à la première explosion politique ou sécuritaire.
Gaza n'a pas besoin de plus de camions chargés de ciment autant qu'elle a besoin d'une vision qui bâtisse l'homme avant le bâtiment. Elle a besoin d'écoles qui enseignent l'espoir, de projets qui redonnent vie et ne consacrent pas la pauvreté, d'une gestion qui place l'intérêt national au-dessus des calculs factieux. Car, quelle que soit l'évolution des infrastructures, elles ne pourront pas résister face à un esprit destructeur ou à une volonté divisée.
Et sans une solution politique juste, Gaza restera une ville construite sur le papier et détruite sur le terrain. Ses habitants continueront d'attendre une reconstruction qui ne vient pas, une paix qui ne naît pas, et un État qui n'est pas annoncé. Ainsi, la question d’aujourd’hui n’est pas sur la taille de l’aide ou le nombre de pays donateurs, mais sur la capacité de transformer ce drame en un nouveau point de départ, non en un chapitre supplémentaire dans le récit de sang et de décombres.
Quand les villes sont bâties, la vie y est créée, mais quand elles sont construites sans vision, les rêves sont anéantis. Et Gaza, qui est née des feux de la guerre des dizaines de fois, mérite d'être reconstruite cette fois pour vivre, et non pour être détruite à nouveau. Car la stabilité est la pierre angulaire de toute reconstruction, et la paix est le ciment qui lie les pierres de l'avenir. Sans ces deux éléments, toute tentative de construction ne sera qu'une belle illusion sur des sables mouvants.

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